École des jeunes de langues
L’École des jeunes de langues est un établissement français de formation d'interprètes des langues pratiquées dans l'empire ottoman, existant entre 1669 et 1873.
L'école a été créée le 18 novembre 1669 par un arrêt du Conseil du roi pris sur le rapport du contrôleur général des finances, Colbert, relayant une demande de la chambre de commerce de Marseille[1].
L'école reprend un modèle vénitien, la Scuola dei Giovani della Lingua, créé en 1551 à Constantinople et est confiée aux Capucins du couvent Saint-Louis de Péra établis près de l'ambassade. En 1700, les Jésuites du Collège Louis-le-Grand à Paris reçurent la charge de former aux langues occidentales des jeunes provenant de l'empire Ottoman, surnommés "Arméniens" pour qu'ils deviennent ensuite interprètes au service de la France[2]. La tentative fit long feu et en 1721, la classe de Paris devint une classe préparatoire ouverte aux élève français avant qu'ils soient envoyés à Constantinople pour achever leur formation[1].
Ils étaient souvent fils de diplomates ou commerçants français établis dans l’Empire ottoman. La formation est fondée sur l'apprentissage du turc, mais aussi du grec et de l'italien et plus tard de l'arabe et du persan, avec des résultats variés et difficiles à apprécier[1].
L'école, avec ses deux classes, est maintenue sous la Révolution et réorganisée par Talleyrand en 1802[3]. La classe de Constantinople disparait avec l'incendie du quartier de Péra en 1831[3] et en [4], l’École des jeunes de langues est absorbée par l'École spéciale des Langues orientales (fondée en , aujourd'hui Institut national des langues et civilisations orientales[5]).
Exemples de jeunes de langues
[modifier | modifier le code]- Jean-Baptiste Adanson (–)
- Alexandre Deval (–)
- Charles Deval (–)
- Constantin Deval (–)
- Charles Fonton (–)
- Charles Ledoulx (–), consul de France à Jérusalem de à
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Hitzel 2013.
- Dupont-Ferrier 1925, p. 354–356.
- Hitzel 2019.
- Dupont-Ferrier 1925, p. 391–398.
- « Une histoire riche », sur inalco.fr, (version du sur Internet Archive).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Henri Dehérain, « Jeunes de Langue et interprètes français en Orient au XVIIIe siècle » (communication faite à la Section d'histoire de la Société de géographie d'Alger et de l'Afrique du Nord, le ), Bulletin de la Société de géographie d'Alger et de l'Afrique du Nord, no 90, 3e trimestre 1922, p. 574–596 (lire en ligne), repris dans Anatolia moderna. Yeni anadolu, Institut français d'études anatoliennes, vol. 1, no 1, , p. 323–335 DOI 10.3406/anatm.1991.868 [lire en ligne].
- Gustave Dupont-Ferrier, « Les jeunes de langue à Paris et Constantinople (–) » (lecture faite à l'assemblée générale de la Société de l'histoire de France du ), Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France, Édouard Champion, vol. 60, no 1, , p. 113–127 (JSTOR 23411514, lire en ligne).
- Gustave Dupont-Ferrier, « Les jeunes des langues ou “Arméniens” à Louis-le-Grand », Revue des études arméniennes, Imprimerie nationale et Paul Geuthner, IIIe année, t. II, , p. 189–232 (lire en ligne) et IVe année, t. III, , p. 9–46 [lire en ligne].
- Gustave Dupont-Ferrier, « Appendice M : Mémoire justificatif sur les jeunes de langues ou “Arméniens” à Louis-le-Grand, – », dans Du Collège de Clermont au Lycée Louis-le-Grand (–) : La vie quotidienne d'un collège parisien pendant plus de trois cent cinquante ans, t. III : Mémoires justificatifs, appendices, index général, Paris, Éditions de Boccard, , 496 p. (BNF 36055598), p. 347–448.
- Frédéric Hitzel, « Les Jeunes de langue de Péra-lès-Constantinople », Dix-Huitième Siècle, no 28 « L'Orient », , p. 57–70 (DOI 10.3406/dhs.1996.2092, lire en ligne).
- Frédéric Hitzel, « L’école des jeunes de langues d’Istanbul : Un modèle d’apprentissage des langues orientales », dans Gilbert Buti (dir.), Michèle Janin-Thivos (dir.), Olivier Raveux (dir.), avec la collab. de Mathieu Grenet, Langues et langages du commerce en Méditerranée et en Europe à l’époque moderne, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. « Le temps de l’histoire », , 276 p. (ISBN 978-2-85399-863-5 et 979-10-365-6134-4, DOI 10.4000/books.pup.14522, lire en ligne), p. 23–31.
- Frédéric Hitzel, « L'institution des Jeunes de langue de Constantinople au début du XIXe siècle », dans Véronique Schiltz (dir.), De Samarcande à Istanbul : étapes orientales, Paris, CNRS Éditions, , 465 p. (ISBN 978-2-271-08320-3, DOI 10.4000/books.editionscnrs.25344, lire en ligne), p. 259–275.
- Marie de Testa et Antoine Gautier, « De l'établissement des Pères capucins à Constantinople à la fondation de l'École des jeunes de langues (–) », dans Drogmans et diplomates européens auprès de la Porte ottomane, Istanbul, éditions ISIS, coll. « Analecta isisiana » (no 71), , 469 p. (ISBN 975-428-258-7), p. 43–46.