MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 11 septembre 2023

Dix ans...comme si c'était hier...

Dans nos coeurs ni notre affection ni nos souvenirs ne faiblissent. 
Florence, François, Suzy 

 


 

 

 

 

 

 

 


 

Jean-Emile avait commencé à composer un recueil de ses poèmes intitulé 

" les chemins chimériques ne mènent nulle part donc...ici "
En voici un extrait : " Vi(d)es "

gare au terminus d'une vie
mise sur les rails
d'un train-train quotidien

la vie reste une cleptomane
incorrigible
dont le grenier ressemble
à une brocante fichtrement
foutraque

le calendrier de la vie s'allonge
mais la mort a le temps
elle qui aura toujours le dernier mot 

où passe la frontière entre un hiver
fait d'hivers
et un lendemain sans ligne de vie

 


 

 

 

 

 

 

 

 

Photo de JEA jeune, restaurée par Florence Andreux

mardi 14 septembre 2021

11 septembre 2013 - 11 septembre 2021

 

"La nuit n'est jamais complète.
Il y a toujours ... au bout du chagrin une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée"
 
Paul Eluard 
 

A l'occasion de ce 8ème anniversaire nous mettons en exergue une citation 
retenue par Jean-Emile, une citation qui dit tellement de lui.
 
Florence, François, Suzy
 
 

"Je n'ai  rien demandé à l'existence d'extraordinaire. Je n'ai demandé qu'une seule chose ...
J'ai lutté pour l'obtenir vraiment. Cette chose, mes semblables l'ont sans la chercher.
Cette chose n'est ni l'argent ... ni la gloire. C'est une place parmi les hommes, une place à moi, une place qu'ils me reconnaîtraient comme mienne sans l'envier puisqu'elle n'aurait rien d'enviable. Elle ne se distinguerait pas de celles qu'ils occupent. Elle serait tout simplement respectable.
"
 
Emmanuel Bove
 
 

 

vendredi 11 septembre 2020

11 septembre 2013 - 11 septembre 2020

 

"Atteindre la sérénité du souvenir exige le lent dépôt du temps. Les arêtes vives des premières douleurs s'émoussent, hébétude et protestations font place à une progressive acceptation de la réalité ... Le chagrin se creuse. Avec des moments de vide, d'absence, de tumulte. Plus tard se répand une tristesse empreinte de douceur"
                                                                                                                                                  Lydia Flem (1)  
 
 
Se souvenir, assurer une transmission permet à l'être aimé de rester vivant, c'est notre volonté en veillant à la pérennité de ce blog.

Pour ce 7ème anniversaire nous avons souhaité rééditer le texte "Un matin sans la plus petite fenêtre" écrit par JEA en février 2012.

Florence, Suzy, François.
 
 
 
 

                                                                                               Droits réservés F. Andreux

 

Un matin sans la plus petite fenêtre...

un matin
sans la plus petite fenêtre
... à l’horizontale
sur une table artificielle
et sous les ampoules métalliques...
le valétudinaire amer
étendu de tout son large
dans un théâtre
aux rideaux et aux miroirs
de neige mélancolique
des acteurs costumés en facteurs
collectionnent les pertes
de mémoire et les plumes
de corbeaux albinos
les arbres se sont débranchés
et ne répondent plus
le chemin s’est arrêté
sur une aire de rien
quel écho jettera-t-il la pierre
aux ombres nouvelles
qui goudronneront le paysage ?
le suivant ira plus loin
mais n’en reviendra pas
le dernier oubliera
jusqu’au visage du premier
et le silence d’un survivant
restera infiniment
déchiré par les tourments
Un matin sans la plus petite fenêtre...
 
                                                                                                            JEA
 
 
 
 
L'accroissement continu des pages lues sur ce blog concrétise le souhait de JEA (qui faisait sien celui d'Amos Oz) : "Enfant j'espérais devenir un livre quand je serai grand.
Pas un écrivain, un livre: les hommes se font tuer comme des fourmis, les écrivains aussi. Mais un livre... il en subsisterait toujours un quelque part, un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue...".


(1) Lydia Flem " Comment j'ai vidé la maison de mes parents".
 

jeudi 27 septembre 2018

septembre 2013 - septembre 2018


Le temps qui s’égrène lisse la peine, lui donne d’autres formes mais n’atténue ni la profondeur de l’absence ni la prégnance du souvenir. 

Noël et Jean-charles, amis fraternels de Jean-Emile n’ont de cesse, chacun à leur manière, de rappeler ou faire connaître les richesses du blog motsaiques, merci à eux.


Florence, Suzy, François


                 Photo : JEA - Quiberville


Jean-Émile, vous connaissiez ? 



Non bien sûr !
Et pourtant vous auriez pu, et pourtant vous pourrez encore aussi longtemps que son blog "Mosaïque" prolongera sa Vie.

"Nobody" était son nom puisque de tous les honneurs c'est celui qu'il revendiquait en premier : n'être personne de plus qu'un Humain parmi ses Frères les Hommes.

S'il ne se souciait ni de son nom et encore moins de son image, artiste et cultivé il se plongeait dans la photographie, la composition, les envolées poétiques, la construction de textes en autant de patrimoines donnés en héritage, les recherches littéraires et cinématographiques, et ... tout, absolument tout puisque rien ne le laissait indifférent, à commencer par la langue française.

Jean-Émile ... une encyclopédie en ébullition. Tellement que l'entendre raconter ses réponses faisait oublier la question et insufflait en cadeau sa folie de vivre. Vivre à tout prix Jean-Émile le payait au prix fort. A la santé balbutiante, de déséquilibre en équilibre toujours trop court, il dépassait avec sa volonté, son enthousiasme et toute son intelligence, les souffrances d'un corps qui ne cessait de le mettre au défi.

Que dire d'autre de ce grand Ami, si ce n'est le plus important : Jean-Émile était un Être agissant et combattant. Combat contre les prêtres de tous bords, les malades de pouvoirs qu'ils usurpent, les dictateurs qui déjà cachent leurs suivants, les manipulateurs, les menteurs effrontés, les subtilisateurs de pièces à conviction, les annihilateurs de mémoire, les réinventeurs de fausses "Histoires" pour asseoir sur les ossements de ceux qu'ils persécutèrent les trônes de tyrans vampires.

Énergie, joie de vivre, goût effarouché des barricades contre l'injustice, amour-passion pour la liberté de conscience, de parole, d'exister, d'être ... amoureux de la Vie, Jean-Émile l'a menée en pilotage manuel jusqu'à son dernier instant et jamais n'aura été à confronté à une mort dont il ne comprenait pas l'utilité.

Jean-Émile nous a quitté, mais nous reste Lumière.
S'il vous venait de mieux comprendre mes propos, en mémoire de ce grand Initié, plongez-vous dans la Mosaïque de son immense mémoire de Vie. Vous n'en sortirez pas indemnes !
 


 Ce texte a été écrit par Jean-charles Verlinden le 11/09/2013 (voir https://www.rayondevie.com/)


                 Photo : JEA - Quiberville

lundi 11 septembre 2017

Entre oubli, négation, retour à la mémoire



« Entre oubli, négation, retour à la mémoire »

 
Ce titre donné par Jean-Emile à la conférence présentée à l’Université Libre de Bruxelles (Ecole de Santé publique/ 9ème journée sur la Médecine du Travail en mars 2007) s’impose en ce jour de souvenir ému ... pour évoquer le Chemin de la mémoire réalisé depuis peu dans la commune de Les Mazures sur base des recherches menées par Jean-Emile de 2002 à 2007 afin de sortir du déni l’unique Judenlager implanté dans les Ardennes françaises (arrondissement de Charleville-Mézieres, au carrefour entre Revin, Renwez et Bourg-fidèle).
  
(Photo Jan Landau DR)

Inauguré il y a quelques mois, ce chemin retrace «l’histoire oubliée du seul camp pour Juifs en Champagne-Ardenne pendant la seconde guerre mondiale. Les Mazures : antichambre de la mort avant Auschwitz. Un rouage ardennais de la Shoah» intitulé du blog de Jean-Emile retraçant ses recherches (236 pages février 2006 à mai 2008).
 
(Photo Y. Reicher DR)

Le Judenlager des Mazures :

 
288 juifs raflés à Anvers descendent d’un train à Revin en juillet 1942 pour rejoindre à pied la commune de Les Mazures où ils sont mis au travail forcé pour produire du charbon de bois jusqu’en 1944.

Des octobre 1942 commence la déportation des premiers travailleurs forcés vers Malines, étape de l’ignoble chemin vers Auschwitz-Birkenau par le convoi XV vers «la solution finale
» mise en œuvre par les nazis.
 

239 morts : 237 en déportation, 2 fusillés après évasion

22 évadés

27 survivants



(Photo Jan Landau DR)
 
 
Le chemin est accessible à tous et aboutit à la pierre du souvenir érigée en 2005 sur le site par l’Association pour la Mémoire du Judenlager des Mazures fondée par Jean-Emile Andreux et présidée par Yaël Reicher (fille d’un évadé du camp) ...


(Photo F. Parizel DR)

«Dans les couches molles de l’oubli, au milieu de ces morts qui n’existent plus ...Rallumer la flamme , la vie ... Frotter entre elles les pierres du silence ...», selon la citation choisie par JEA, (le Monument/Claude Duneton)

   (Photo Jan Landau DR)


Onze ans plus tard la Commune et ses habitants regardent le passé en face et par la réalisation de ce chemin sont à leur tour, selon la citation chère à JEA «le témoin du témoin pour proclamer l'imprescribilité de la mémoire et de son dire» (R. Ertel/Brasier de mots).

    (Photo Jan Landau DR)

 


 

 



 

 

 

(Photo Jan Landau DR)

(Photo Jan Landau DR)