1465 : Louis XI perd le pouvoir
p. 101-117
Texte intégral
1En France, au XVe siècle, poètes, chroniqueurs, théoriciens et orateurs politiques exaltent telle une marque singulière le fait pour le royaume d’avoir bénéficié d’une constance exemplaire des sujets. Leur fidélité dynastique, jointe à leur indéfectible obéissance, lui assurent un destin supérieur. Dans ce pays, dévoués à leur "chief", les sujets forment un "corps", le "corps françoys", et un "naturel amour" les unit à leur "naturel seigneur"1.
2Cette manière d’interpréter chez nous, à la fin du Moyen Âge, l’essor conjoint de la foi monarchique et du sentiment communautaire, occulte autant que faire se peut la réalité d’un État et d’une Nation forgés dans la douleur2. Longuement éprouvé par une guerre étrangère doublée d’une guerre civile3, le royaume n’a pas échappé aux fureurs paysannes, aux insurrections urbaines, aux révoltes nobiliaires. Ces manifestations de violence, ces "émotions", ces "dissencions", nombreux sont au demeurant les observateurs qui en stigmatisèrent la gravité politique, les qualifiant de "désobéissances" ou de "rébellions". À certains moments la crainte fut réelle d’un effondrement total de la société d’ordres, à d’autres, l’on eut peur d’une cassure irrémédiable entre "le chief et les membres"4. Le loyalisme des sujets, le sens de l’intérêt communautaire et l’union au roi sont donc des thèmes de la propagande patriotique et monarchique sans cesse contredits par les faits, jusqu’à ce que la réunification du territoire et la paix retrouvée sous Charles VII autorisent leur célébration.
3Reste que, dans la France réconciliée, et si spectaculaire que puisse paraître le redressement du pouvoir central, une mentalité d’opposition continue de traverser bien des catégories sociales. À preuve cette grande coalition féodale, aussitôt désignée sous le nom de "Guerre du Bien public". Sévissant de mai à octobre 1465, portée jusqu’aux murs de Paris, cette véritable guerre franco-française aboutit à la défaite de Louis XI, contraint par les traités de Conflans et de Saint-Maur-les-Fossés d’accorder aux ligueurs à peu près tout ce qu’ils demandaient, ce qui correspondait à un démantèlement du royaume, tant dans le domaine territorial que gouvernemental.
4Charles de France, duc de Berry, frère du roi, obtint en nouvel apanage la Normandie. Le duc de Bretagne, François II, obtint la reconnaissance de ses droits sur les évêchés bretons. Charles de Bourgogne, comte de Charolais, récupéra sans contrepartie les villes de la Somme que Louis XI avait achetées à Philippe le Bon, gagnait quelques prévôtés picardes et d’importants territoires (le comté de Guines, Montdidier, Péronne, Roye). Son ami Louis de Luxembourg, le comte de Saint-Pol, reçut l’épée de connétable. Au duc de Bourbon revint la lieutenance générale de toutes les provinces du centre de la France. Dunois et Antoine de Chabannes récupérèrent tous leurs biens. Seuls, en définitive, Nemours, Armagnac et Albret retournèrent chez eux les mains à peu près vides. Mais on voit que cette guerre a opposé Louis XI à la plus grande coalition de féodaux et princes du sang jamais réalisée. Surgie entre Praguerie (1440) et Guerre Folle (1485- 1488), elle s’en distingue par le nombre des princes et seigneurs révoltés, la puissance des armées en présence, leur campement devant la capitale et bien sûr l’issue on ne peut plus humiliante pour la couronne5.
5Que Louis XI soit parvenu dans les mois et années qui suivirent à un complet et spectaculaire redressement de situation explique pour une bonne part que les principaux historiens de son règne aient considéré cette Guerre de Bien public comme une insurrection féodale parmi d’autres, comme un de ces nombreux soubresauts d’une aristocratie principale victime de l’édification de l’État monarchique, jugée inexorable. Selon Charles Petit-Dutaillis, "elle ne fut qu’un tissu de fourberies, de lâches débandades et de trahisons, et n’eut pour mobile que l’intérêt des meneurs"6. Selon Pierre Champion, "une autre Praguerie"7. Plus récemment, Paul Murray Kendall y a vu l’aventure d’un héritier mécontent, le frère du roi, devenu "l’homme de paille d’une poignée de seigneurs soucieux de leurs seuls intérêts"8. Reconnaissant que le Bien public représenta "un terrible danger", Pierre-Roger Gaussin n’a cependant pas modifié la vision d’ensemble d’une "coalition de féodaux etd’apanagistes jaloux de l’autorité du roi, mais incapables, sauf Dunois, d’aller au-delà d’une limitation du pouvoir royal au seul profit de leurs appétits"9. Tout dernièrement, les chapitres que Jean Favier dans son Louis XI consacre au Bien public et à ses prolongements plaident plus en faveur du génie dirigeant et manœuvrier du roi qu’ils ne réévaluent la gravité de l’événement10
6Peut-être aussi que l’historiographie du XXe siècle aurait eu une approche moins réductrice de cette guerre intérieure si, au siècle précédent, les grands promoteurs de l’histoire politique, Guizot, Augustin Thierry, Michelet et leurs émules avaient eu à cœur de sonder les évènements de 1465 comme ils eurent à cœur de le faire pour la "révolution parisienne" de 1356-1358, ou pour la révolte cabochienne de 1413. Le fait est qu’en 1465, les six mois de rébellion contre l’absolutisme de Louis XI se sont déroulés sans l’intervention des États généraux. Impossible, par conséquent, d’y voir la manifestation d’une nation en révolte, d’un tiers état soucieux de tempérer la monarchie, impossible d’y voir un mouvement annonciateur de la Révolution française... D’où, peut-être, cette tendance persistante à n’apercevoir dans la Guerre du Bien public qu’une insurrection de féodaux sur le retour11
7Une relecture des sources publiées12 permet, nous semble-il, de suggérer :
- que cette Guerre du Bien public fut une rébellion politique au sens plein du terme, non seulement une révolte déclarée contre l’autorité légitime, mais en outre une révolte dotée d’un projet gouvernemental de remplacement.
- Que ce programme politique de substitution, que résumait ce slogan de "Bien public", a recueilli un soutien et même une adhésion très large, bien au-delà des forces et clientèles féodales. En particulier, le ralliement des élites parisiennes à la cause du Bien public pourrait contribuer à expliquer que la royauté ait été obligée de céder devant les princes.
- Qu’enfin les effets de cette rébellion politique sur le gouvernement ultérieur de Louis XI méritent d’être soulignés. Observer ce roi, jusqu’en 1468, tout occupé de reconquérir l’opinion, démontre le fort et toujours vivace attachement aux vastes espoirs de réforme dont les ligueurs avaient promis la réalisation.
I – La rébellion des princes
8Les manœuvres princières ont très tôt été perçues comme la plus grave des rébellions. Dans le manifeste adressé au pays le 16 mars 1465, et dans ses nombreuses lettres à destination des bonnes villes, Louis XI use d’un registre qui est essentiellement le suivant : les princes qui sous prétexte de bien public ont levé des armées s’affichent comme "rebelles et désobéissants", "traîtres et rebelles à nous et à la couronne de France". Ils sont coupables de lèse-majesté. Ça n’est pas le vocabulaire de la criminalité ordinaire qui est employé, celui qu’utilise habituellement le pouvoir pour stigmatiser les protagonistes des révoltes urbaines : voleurs, malfaiteurs, pillards, incendiaires, criminels... Alors que les insurrections populaires, malgré leurs revendications politiques, sont généralement diluées dans le crime ordinaire13, le soulèvement des princes, ici, est clairement désigné comme une entreprise de destruction et d’usurpation de l’honneur du roi14. Quand le roi René, demeuré fidèle à Louis XI, prend officiellement position, lui aussi évoque la fissure que la rébellion crée au royaume de France, avec ces rebelles "chargeant très fort l’honneur du roi [...], parlant estrangement contre son autorité et majesté royale". Il n’y a pas de "plus grande offense" ni de "plus haut crime" que ceux qui sont en train de se commettre par "telle voye de fait et d’hostilité à l’encontre de la personne du roy"15. Les "grans maux", la "grande désolation", les "grandes souffrances" qui peuvent résulter de cette rébellion importent moins que de souligner la monstruosité du crime lui-même. Ce que fera encore Jean Juvénal des Ursins à l’attention des députés réunis en 1468 à Tours. Plusieurs parmi les princes "reputés les membres et les os de la chose publicque [...] se sont séparés du roy qui est le chief, et non mie seulement séparés mais on fait assembler de gents de guerre pour resister à la voulenté du roy leur souverain seigneur, qui est chose deffendue et prohibee et conmettre crisme de leze majesté, sont venus devant la maistresse cité de son royaulme, c’est assavoir Paris, ou il estoit, et le ont contraint a faire certain traictié non tenable"16.
9En 1465, il est clair que les intentions des ligueurs étaient d’obliger Louis XI à abandonner le gouvernement à son frère, que l’on nommerait "régent", et qui dirigerait le royaume avec des princes aux commandes des provinces, de l’armée, des finances, et maîtres de surcroît de la distribution des offices17. Il ne s’agissait pas, comme en 1314- 1315, d’une révolte féodale tournée vers l’obtention de franchises provinciales, et dénuée de sens politique18. En 1357, il est vrai, le fils du roi avait été nommé régent par Etienne Marcel et ses alliés, tandis que bien des fidélités s’étaient portées vers le roi de Navarre. Mais Jean le Bon se trouvait prisonnier des Anglais. La situation est également différente de celle de 1418 lorsque Jean sans Peur se fait attribuer la lieutenance générale du royaume, Charles VI, par sa maladie, étant dans l’incapacité de gouverner. Cette fois, le roi n’est ni absent, ni empêché. La rébellion est on ne peut plus déclarée : elle vise sinon à ôter la couronne au souverain en place, du moins à l’écarter du pouvoir, moins de quatre ans après le sacre.
10Cette rébellion se veut et se proclame légitime. Son cri de ralliement, le "Bien publique du royaume", évoque sa juste cause et indique son programme. On ne peut tenir ce slogan tout comme la propagande s’y rapportant pour "très vagues"19. Le bien public est certes une notion d’origine savante, commune à la philosophie et au droit. Elle n’en avait pas moins pris place au cœur du dialogue politique depuis le XIIIe siècle, quelles qu’en soient les formes, pour expliquer la raison d’être et la finalité du pouvoir, à tout le moins du pouvoir soucieux d’être obéi. Sont-ils nombreux les Français qui ignorent alors que le souci du bien public caractérise le bon roi, et que son mépris signale le tyran ? Si l’argument du bien public n’avait pas possédé toujours une forte charge mobilisatrice, Louis XI n’aurait pas pris la peine de toujours rappeler aux villes que les promesses des princes sont fallacieuses, et que le père de la chose publique, c’est lui20. En outre, si les manifestes des ligueurs sont assez brefs (mais c’est la loi du genre), on est frappé par l’ – homogénéité de leur contenu. Tout se passe comme si l’on s’était entendu pour qu’il n’y manque aucun de ces trois objectifs :
- Chasser les conseillers du roi, des "créatures" en quête de leurs seuls intérêts particuliers.
- "Pourvoir au grand désordre du royaume" : en y restaurant la justice, l’autorité et les franchises de l’Église, les libertés des nobles, et en supprimant la plupart des impôts.
- Convoquer les États généraux.
11"Vagues", ces professions de foi ? Ce serait également oublier qu’elles sont orchestrées par les poètes de cour, amplifiées et diffusées dans les villes et pays par des relais divers. Louis XI, lui-même, enrage contre ces "faulses et dampnées remonstrances", ces "faulces et sédicieuses semonces et publications" qui parlent si mal du roi et de la couronne21. On ne s’étonnera pas enfin que les ligueurs dénoncent comme des évidences "notoires" les "exacions, oppressions, tortz, griefs et autres mais infinis" du règne commençant22 On sait combien le renvoi des anciens serviteurs de Charles VII, la suppression de nombreuses pensions, celle de la Cour des Aides, l’abrogation de la Pragmatique Sanction, pour ne citer que ces mesures autoritaires, avaient causé l’émoi de la noblesse, du clergé, de l’Université et des gens de justice. On sait aussi qu’en 1464 le roi en était revenu aux anciens modes d’imposition après avoir tenté une révision complète du système fiscal. Basochiens et poètes n’avaient d’ailleurs pas attendu le déclenchement du "Bien public" pour interpréter le mécontentement populaire, et même, en idéalisant le règne de Charles VII, ancrer le sentiment d’oppression générale suscité par les décisions brutales et vexatoires de son successeur23.
12Il n’est pas un thème de la propagande princière qui ne brûle d’actualité. Organisée autour de quelques évidents griefs, cette propagande est parfaitement en phase avec les grandes déceptions du moment. Face à un monarque ayant tôt fait de mettre à exécution sa frénésie de changements sur le mode autoritaire, il est facile de l’accuser de gouverner "plus à voulonté que rayson"24, et de ratisser large. Car les objectifs proclamés n’ont rien de catégoriel. Les révoltés insistent même sur le soulagement du peuple, qu’ils sont décidés à procurer "de tout leur pouvoir", ainsi que sur la nécessaire réunion des États généraux, autre gage de leur attachement au relèvement de la chose publique. Il ne s’agit pas là d’un thème secondaire. Les ennemis du roi, observent les ambassadeurs milanais en France, ne cessent "de faire connaître leur intention, qui est que le royaume soit gouverné comme il l’était du temps du feu roi : ils prétendent réunir les trois états à Paris et y citer le roi à comparaître"25.
13Faut-il alors douter de ce programme, le considérer, provenant de la haute noblesse, comme purement démagogique, et tout autant opportuniste ?
14Dans son Histoire de Louis XI, Thomas Basin lui consacre un long et fervent plaidoyer. Il ne faut pas juger cette rébellion à ses résultats finaux, explique-t-il, les princes n’ayant pour la plupart finalement cherché qu’à jouer une carte personnelle. Tous les sujets ressentaient l’évidente et impérieusement nécessité de réformer l’État. On ne saurait soutenir que parmi tant et tant de princes, ils ne s’en soient pas trouvés pour désirer sincèrement faire à la chose publique un destin meilleur26.
15À quoi on peut aujourd’ hui ajouter, en tout état de cause, que ça n’était pas la première fois que la haute noblesse française revendiquait et luttait publiquement pour un changement de structures et de méthodes gouvernementales. Elle l’avait fait en 1356-1357 en s’alliant à la bourgeoisie et au clergé parisiens27. Partie d’entre elle l’avait encore fait sous Charles VI, groupée autour du duc de Bourgogne, partisan proclamé des États généraux et de l’abolition des impôts28
16Au vrai, ce programme, par lequel les Grands se font les champions d’une politique alternative, n’est rien d’autre que la reprise de la sempiternelle et lancinante aspiration à la rejormatio regni, dont R. Cazelles a bien montré qu’elle était devenue une exigence de l’opinion à partir de saint Louis29. C’est cette aspiration, régulièrement déçue, que la conduite despotique de Louis XI réactive soudain. Qu’elle ait servi ou non de prétexte aux chefs rebelles ne change rien à l’affaire. Pourquoi, en 1465, les Français n’auraient pas fait confiance à Berry et ses alliés, comme un grand nombre d’entre eux l’avait fait à Charles de Navarre en 1357-1358, et encore à Jean sans Peur en 1413 et en 1418 ?
17Si les historiens ont toujours douté, avec raison dans la plupart des cas, des convictions réformatrices des princes coalisés, peut-être ont-ils eu tort de négliger la puissance d’attraction de leur programme. Dans les hautes sphères de la capitale et de l’État, en particulier, ils ont été plus d’un à s’y montrer sensibles, et même à s’y rallier.
II – La trahison des notables
18À la mi-août, les armées rebelles ont pris position en divers lieux des environs de Paris. Mise en état de défense et soutenue par une forte armée royale, la capitale tient bon. Mais en octobre, tandis que le temps jouait jusque-là en sa faveur, Louis XI finit par se soumettre aux exigences de la ligue aux traités de Conflans et de Saint-Maur-les Fossés. Il est certain que la perte de Pontoise (21 septembre), suivie de la trahison de Rouen (28 septembre) et de la défection en chaîne des villes de Normandie ont totalement modifié l’équilibre des forces. Partant de là, on a coutume d’expliquer que le Valois, ne voulant pas jouer la couronne sur une difficile bataille, préféra se soumettre en attendant des jours meilleurs : c’est-à-dire avec l’intention ferme, une fois dispersée la coalition adverse, de ne pas appliquer les traités. Commynes est à l’origine de cette façon de voir30. On aurait là une bonne illustration de la capacité supérieure de ce prince à "soy tirer d’un mauvais pas en temps d’adversité"31.
19Vision rétrospective que ce "tour de passe-passe" ?32 Il semble bien. Car, en octobre 1465, rien ne laisse augurer de la réussite ou même de la pertinence d’un tel calcul. Mieux vaut admettre plus simplement que Louis s’est trouvé contraint de signer une paix on ne peut plus préjudiciable à son honneur et à la couronne. Lui-même se défendra souvent par la suite d’avoir été obligé "par force, violence et contrainte [...] de faire et passer ce qu’on demandoit"33. Autant que l’affirmation de l’invalidité des traités, ce type de protestation résonne comme l’aveu d’une cinglante et inédite humiliation royale34. Comment ce monarque aussi jaloux de sa souveraineté a-t-il été amené à s’abaisser à ce point ?
20Ce ne sont pas, en effet, que des concessions territoriales et financières que le roi a dû faire. Après un préambule reconnaissant la légitimité de la révolte, les traités prennent en compte les objectifs proprement politiques du Bien public. Les articles 5 et 6 du traité de Conflans (12 et 13 de celui de Saint-Maur) instaurent une commission de trente-six membres (vite appelés les "réformateurs du bien public")35 chargée de réformer le royaume. Ces articles valent d’être intégralement cités :
21article 5 : "Item. Pour pourveoir aux plaintes et doléances, qui de la part desdits seigneurs, et de plusieurs des subjets du Roy, luy ont esté faites, aucuns desordres et fautes, que on dit estre au fait de l’Eglise, de Justice, et de plusieurs griefs, exactions et vexations indues, à la grand charge du peuple, et bien public du royaume, a esté appointié et traitié que le Roy commettra trente-six notables hommes, lesquels il a commis ; c’est à sçavoir, douze prélats et notables gens d’Eglise ; douze notables chevaliers et escuyers ; douze notables gens de Conseil et de Justice, ausquels le Roy a donné plein pouvoir et autorité, et commission d’eux assembler en la ville de... Et d’eux enquerir et informer des fautes et [des] ordres dessusdits, avecques autres choses touchant le bien public et universel dudit royaume ; et de oyr et recevoir toutes les remonstrances et advertissemens qui touchent ce que dit est, leur seront faites et baillées ; et sur toutes les choses dessusdites et leurs circonstances, adviser, délibérer et conclure les reparations, provisions et remedes convenables au bien public dudit royaume, desdits seigneurs, de ses subjets et de la chose publique du royaume, à la conservation et bon ordre de Justice, des droits et franchises de l’Eglise, des Nobles, autre vassaux et subjets, le soulagement et descharges du peuple et du royaume ; et à ce que doresnavant et sainte Eglise puisse estre reverée, le divin service fait, Justice administrée, et marchandise avoir son cours, et tout le peuple du royaume demeurer en repos, libertés et bonne tranquillité".
22article 6 : "Item. Lesquels advis, deliberations et conclusions, ainsi et par la manière qu’il auroient esté faits, accordez et conclus par lesdites trente-six personnes, ou la plupart d’entre eux, tant par semonce d’ordonnances, édits perpetuels, declarations ou autrement, le Roy veut et ordonne dès à présent, comme pour lors et dès-lors, comme à présent, valoir et sortir leur plein effet, et estre entretenus et gardez selon leurs formes et teneur, comme se luy-mesme en sa personne les avoit faits ; et d’abondant dedans quinze jours après qu’ils seront rapportez au Roy il les autorisera et approuvera, ainsi et par la maniere que par lesdits trente-six aura esté advisé et conclud, et leur en baillera ses lettres, lesquelles seront leues, publiées et enregistrées en la Cour de Parlement, en la Chambre des Comptes, ès bailliages et seneschaussées royaux, et les gardera et fera garder en tous leurs points ; mandera à sadite Cour de Parlement, aux baillifs, seneschaux, et autres justiciers dudit royaume, de les garder et entretenir sans enfreindre, ne jamais aller au contraire ; et dès maintenant veut et ordonne que lesdits seneschaux, baillifs et justiciers jurent et promettent ainsi le faire, et ne seront baillées par le Roy lettres en sa Chancellerie, ne ailleurs, à l’encontre desdits advis faits et accordez, comme dit est ; et esquelles, se elles estoient baillées par le Roy en ladite Chancellerie, ne ailleurs, ne sera en ce cas obéy par lesdits de Parlement, baillifs, seneschaux et autres justiciers ; et pareillement lesdits seigneurs, sans pour ce empescher la voye de justice, ne l’autorité du Roy ès cas, ainsi qu’il appartient, qui n’écouteroient lesdites divisions et differences"36.
23Un conseil de notables est donc mis en place avec prérogative souveraine pour élaborer la reformatio regni. Trente-six notables auxquels le roi a donné "plein pouvoir et autorité". Les termes utilisés n’ont pas échappé à l’ambassadeur milanais qui note que les réformateurs agiront "auctoritate regia” 37. Il ne s’agit cependant pas d’une commission ordinaire. D’abord parce qu’il est manifeste que les membres de ce conseil n’ont pas été désignés librement par le roi38 Ensuite parce que le roi de déclare par avance lié par les décisions prises, "comme si lui-même en sa personne" les avait prises. Enfin parce qu’il s’engage à faire valoir leur plein effet, d’une part en leur donnant forme et force de loi, et d’autre part en ordonnant que quiconque n’y puisse contredire, ni à la Chancellerie, ni dans les grands corps de l’État, ni dans l’administration des bailliages.
24Ajoutés aux autres dispositions du traité déjà si dommageables pour la couronne, ces articles 5 et 6 ne peuvent être considérés comme "un faible geste"39. Ils impliquent au contraire une véritable regalis deminutio 40. Louis continue d’être roi mais, ayant publiquement reconnu les "désordres", "fautes", "exactions et vexations" qu’on lui reprochait, il abandonne à d’autres la tâche vraiment royale et la responsabilité entière "d’adviser, deliberer et conclure les reparations, provisions et remèdes convenables au bien public du royaume". Qu’il n’ait jamais entendu tenir ses promesses ne change rien à l’affaire41.
25On ne peut tout mettre au compte du basculement de la Normandie dans le camp des rebelles. Cette inscription des notables dans le règlement du conflit ne donne-t-elle pas à réfléchir ? Si Louis XI cède à ce point, ne serait-ce, également, parce qu’il s’est senti abandonné, lâché, de l’intérieur de la capitale même ?
26Dans son Journal, Jean Maupoint fait à plusieurs reprises l’éloge du loyalisme et même de "la bonne amour" que les Parisiens auraient tout au long du siège témoignés envers le roi42. De fait, celui-ci avait tout mis en œuvre pour qu’ils n’aient à souffrir ni d’un manque de vivres ni d’une hausse des prix. Le 3 août, il les avait même exempté de toutes tailles et aides. Reste que si la fidélité du populaire paraît bien ne pas avoir faillie, on ne peut en dire autant de toute la bourgeoisie, de tout le clergé et des grands corps de l’État. À bien des indices, en effet, on voit que nombre de notables de la capitale, universitaires, ecclésiastiques, membres du Châtelet, du Parlement, de la Chambre des Comptes et de la municipalité ont tenu pour le parti du Bien public.
27En étudiant l’interrogatoire des deux frères Mériaudeau, convaincus de trahison par les commissaires royaux et châtiés en conséquence, H. Stein a bien mis en lumière l’état d’esprit d’une partie de la population parisienne. Cet interrogatoire "nous indique par quels moyens frauduleux, par quelles complicités, des hommes à la solde des Bretons et des Bourguignons devaient leur livrer la capitale et les faire pénétrer au Palais par une porte dérobée ; il nous apporte la preuve absolue que les partisans des confédérés se recrutaient dans la classe aisée de la société, dans le monde bourgeois et judiciaire, et notamment au Parlement et au Châtelet ; il nous révèle enfin que, grâce à un savant espionnage, mieux conduit encore que celui de ses ennemis, Louis XI sut déjouer leurs desseins et rester maître de la position"43. En tout cas jusqu’au mois de septembre...
28La force de la coalition princière et l’attraction de son programme ont manifestement aussi inspiré l’audace de quelques grands personnages de la capitale. Ainsi l’évêque de Paris, Guillaume Chartier, qui, dès le 20 juillet, avec d’autres "conseillers et gens d’église", profite des difficultés royales pour arracher à Louis XI l’engagement d’adjoindre à son Conseil six bourgeois, six conseillers au Parlement et six universitaires44. Comme si les notables ne faisaient plus confiance au roi seul.
29Mais le roi, de son côté, en qui peut-il avoir confiance ? Le 10 août, l’ambassadeur milanais écrit à son duc qu’il croit, "les larmes aux yeux", devoir l’avertir de la situation fâcheuse où se trouve le Valois : "... il n’a plus de Conseil, car ses conseillers habituels meurent de peur. [...] Il n’a auprès de lui aucun personnage auquel il se puisse fier". Les ennemis ont adressé secrètement aux bourgeois de Paris des lettres qui, interceptées, ont ébranlé la confiance du souverain qui croyait s’être attaché les Parisiens en supprimant certains impôts. [...] Tout cela a fort ébranlé le courage du roi qui, se voyant abandonné et trahi, ne sait où donner de la tête". Son entourage "a l’oreille basse et se montre fort épouvanté45. Dix jours plus tard, lorsque les armées rebelles arrivent sous les murs de Paris, Commynes observe à son tour que "d’aucuns", parmi les couches supérieures de la population de la capitale, "eussent voulu les seigneurs dedans, jugeans à leur advis ceste entreprinse bonne et profitable pour le royaulme"46
30De fait, deux jours plus tard, profitant de l’absence du roi, Guillaume Chartier conduit une délégation parisienne au château de Beauté afin d’y écouter les revendications des princes et d’entamer des pourparlers de paix. Font partie de l’ambassade le grand maître de l’hôtel du roi Charles de Melun, le lieutenant civil de la prévôté Jean Choart, le doyen du chapitre Thomas de Courcelles, le chancelier de l’église de Paris Jean de l’Olive, le second président au Parlement Jean Le Boulanger, le médecin Enguerrand Parentis, le changeur Arnaud Luillier et ses frères Eustache et Jean, l’un avocat au Parlement, l’autre curé de Saint-Germain-l’Auxerrois, François Hallé avocat du roi, en tout quatorze personnes47.
31Aucun de ces notables n’a reçu du roi un quelconque mandat. Cette ambassade indique bien le faible crédit dont la royauté dispose alors parmi les élites de la capitale même. Selon Commynes, plusieurs parmi ces notables auraient accepté en secret de laisser les rebelles pénétrer peu à peu dans Paris. Sans le retour en toute hâte et en "très grande compagnie" de Louis XI, Paris aurait changé de camp et, en suivant son exemple, les autres villes du royaume48. Les élites parisiennes ont donc, pour le moins, commencé de trahir49
32Quand on est évêque, universitaire, ou parlementaire, comment ne pas souscrire au programme des princes qui promet le rétablissement de la Pragmatique Sanction et des libertés ecclésiastiques ? Quand on est haut placé dans la machine de l’État, comment ne pas approuver cette volonté déclarée d’exclure du Conseil du roi les gens de petit état ? Louis XI avait trop froissé de forces vives au royaume pour ne pas s’exposer en retour à un front commun des élites diverses. Pour défaire ce front commun de la noblesse féodale et des privilégiés de la capitale et de l’État, le roi a dû se résigner à traiter avec les princes, autrement dit à s’incliner. Après la perte de la Normandie, comment oser livrer bataille quand on est, vis-à-vis de Paris même, en "grand suspicion et de beaucoup" ?50
III – Reprendre le pouvoir
33En ne se considérant pas lié par les traités de Conflans et de Saint-Maur, et mettant tout en œuvre pour récupérer ce qu’il a été contraint de céder de la couronne, Louis XI se condamne à un renouveau de la lutte avec les féodaux. Mais il n’a plus cette fois que des ennemis dispersés. La façon dont il reprit la Normandie à son frère, et les méthodes dont il usa pour mettre à exécution ses désirs de vengeance sont bien connues51.
34La révolte des princes avait cependant séduit trop de mécontents et trop cristallisé les espoirs de réforme pour que le roi ne se retrouve dans l’urgente obligation de se réconcilier avec toute une frange de l’opinion. Jusqu’aux États généraux de 1468, les seuls réunis durant son règne, et dont la réunion ne peut se comprendre qu’eu égard à la nécessité après 1465 d’avoir pour soi la caution des notables52, Louis XI ne cesse de donner des gages de bonne volonté. On le voit même satisfaire à quelques revendications politiques fondamentales qui avaient fait le succès de la ligue.
35Le roi avait souscrit de très mauvaise grâce à la création d’un conseil de trente-six membres chargés de la réformation du royaume. Dès le 9 novembre, il avait pris acte de la décision du duc de Bretagne d’excepter de son serment l’engagement de se soumettre d’avance aux décisions des trente-six qui pourraient concerner son duché, pour aussitôt faire déclarer au Parlement que lui-même "demeureroit en son entier pour faire telles protestations"53. On le comprend. Parmi les trente-six, figuraient en effet des hommes au service des princes, tout comme des "traîtres" au roi lui-même, ainsi Thomas Basin, Pierre Doriole, Guillaume Chartier ou François Hallé54 Le 18 novembre, aux ambassadeurs milanais qui s’inquiètent des conditions auxquelles il a traité, Louis XI déclare "qu’ayant en droit puissance sur tous autres, il lui avait paru honteux et indigne de lui de se soumettre d’avance aux décisions des trente-six personnages ordonnés pour la réformation du royaume : aussi avait-il convaincu le comte de Charolais et le duc de Bretagne de renoncer à cet article"55.
36Refusant d’appliquer l’article 6 du traité de Conflans, Louis XI ne s’oppose pas cependant à ce que, conformément à l’article 5, une commission de réformateurs se réunisse. Mais il en retarde habilement la réunion. Réduite à vingt-et-un participants, vidée des adversaires, cette commission commença ses travaux le 15 juillet 1466 à Paris, au Palais, les clôturant en septembre à Étampes sans avoir décidé quoi que ce soit pour la réforme56.
37C’est que de son côté le roi s’était empressé de mettre lui-même des réformes en route. Un de ses premiers actes, début novembre, avait été de consulter le Parlement sur la nécessité de rétablir la Pragmatique Sanction de Bourges. Voilà bien une manière de reconnaître publiquement ses erreurs57 et de rassurer le clergé gallican, les universitaires et les hauts magistrats. La réponse des parlementaires, en forme de long plaidoyer en faveur des libertés de l’Église de France (89 articles), marquera durablement la mémoire gallicane58
38Un autre gage donné à l’opinion consista dans le changement du personnel politique. S’il permit à Louis XI de régler quelques comptes59, de spectaculaires retours en grâce60 et surtout le rappel d’anciens conseillers de Charles VII61 répandirent rapidement cette idée qu’une mutation était en train de s’opérer dans la manière de gouverner. Le 30 novembre 1465, voici ce qu’écrit l’ambassadeur Panigarola : "Actuellement, le roi fait tenir son Conseil, ainsi que le faisait feu son père, et aucune mesure n’est prise que ce Conseil n’en ait délibéré. Il s’assemble dans une maison mitoyenne à celle du roi, et ce prince a fait établir un ponceau qui lui permet de se rendre tous les matins à la réunion du Conseil, car il ne veut pas que rien se décide sans lui. Parmi le peuple surtout, on se montre très satisfait, car tout est mûrement discuté, et la plupart des titulaires d’offices du feu roi ont été réintégrés dans leur fonctions. Ce sont des hommes plus expérimentés que leurs prédécesseurs et de bon gouvernement"62
39C’est, au demeurant, au sein de la classe entière des officiers que Louis XI va s’efforcer de restaurer la confiance. La fameuse ordonnance du 21 octobre 1467 n’a pu voir le jour que dans ce contexte d’une royauté absolument tenue après les troubles de recouvrer les bonnes grâces des titulaires d’offices. Au moment où l’armée bretonne vient d’envahir la Normandie et où le Téméraire s’apprête à écraser la révolte des Liégeois, le Valois proclame solennellement la perpétuité des offices royaux. A l’avenir, aucune charge ne sera attribuée si elle n’est libre de titulaire ; il n’y aura de vacance que par la mort, la résignation volontaire ou la forfaiture préalablement jugée63. Par un de ces revirements que la nécessité politique commande, c’est un monarque "remueur d’offices" qui inscrit dans le droit public le principe de l’inamovibilité des fonctionnaires. Louis XI pouvait-il mieux manifester sa volonté royale de rétablir la cohésion entre le "chief" du corps politique et ses "ministres essentiaulx" ?64 Cette garantie de stabilité professionnelle offerte aux agents de l’État couronne la tendance déjà ancienne des officiers à considérer leur charge comme perpétuelle65. Elle condamnera la monarchie française à l’emploi jugé toujours plus abusif de commissaires66. Avec les conséquences que l’on sait. Mais Louis XI, n’ayant que trop éprouvé dans des circonstances gravissimes pour la couronne l’attentisme, voire dans certains cas la trahison des fonctionnaires, a dû s’y résoudre, réalisant que c’était bien là une condition de la stabilité de l’Etat monarchique.
40Comment ne pas rappeler ici deux des Instructions de Louis XI à son fils (21 septembre 1482) ? Elles nous révèlent quinze années plus tard une conscience royale encore traumatisée par le Bien public, et manifestement angoissée à l’idée que l’héritier puisse réitérer les fautes du père :
41"Item. Nous avons aussi expressément commandé, ordonné et enjoint que, quand il plaira à Dieu qu’il parvienne à ladite couronne de France, qu’il maintienne en charges et offices qu’il trouvera pourvus lesdits seigneurs de notre sang et lignage, les autres seigneurs, barons, gouverneurs, chevaliers, écuyers, capitaines et chefs de guerre, et tous ceux ayant la charge, garde et conduite de gens, villes, places et forteresses, et les officiers ayant office, aussi bien en matière de justice qu’en d’autres, quelque soit la conduite et condition desdits officiers et charges, sans les changer, muter, décharger ni destituer d’aucune manière, ni aucun d’eux, sauf toutefois s’il en était qui ne fussent et soient trouvés bons et loyaux, et que cela apparaisse vraiment et dûment, et à condition que juste et due déclaration en fût et soit faite par voie de justice, ainsi qu’il doit être en tel cas.
42Item. Et afin que notre dit fils puisse et veuille mieux réfléchir, avoir à cœur, entretenir et accomplir notre dite ordonnance, injonction et commandement, nous lui avons fait connaître les grands maux, inconvénients et dommages irréparables qui nous advinrent peu de temps après notre avènement à la couronne, qui ont bien longuement duré et qui durent encore sans y avoir de paix, pour n’avoir pas maintenu lesdits seigneurs et officiers de notre dit royaume en leurs états, charges et offices, pour les très grands maux, dommage et destruction de nombre de nos pays et sujets, quoique comme nous avons dit, grâce à Dieu, nous n’avons rien perdu de la couronne, mais l’avons augmentée et accrue de grandes terres et seigneuries, espérant d’ici peu, au plaisir et vouloir de Dieu notre dit créateur, y faire mettre paix, tranquillité et union, et que, quand notre dit fils ferait de même et ne maintiendrait ni continuerait lesdits seigneurs et officiers, il lui en pourrait arriver semblablement de même et pis, et que pour autant qu’il aime le bien, honneur et accroissement de lui et dudit royaume, qu’il y eut bien égard, sans faire le contraire ni y contrevenir, pour quelque raison qu’il advienne"67.
*
* *
43Concluons. En faisant du Bien public sa juste cause et son programme, la rébellion des princes a mobilisé bien au-delà des opinions et des force féodales. C’est pourquoi elle a fait perdre à Louis XI le pouvoir. À tout le moins a-t-il été obligé d’y renoncer un instant, puis, pour conserver la couronne, de donner un coup d’arrêt à son gouvernement autoritaire. Faisant durablement ressentir ses effets, cette rébellion du Bien public incite à réfléchir sur l’amplitude des mouvements contestataires en France, à la fin du Moyen Âge, sur l’aléatoire et fragile fondation d’un État absolutiste.
Notes de bas de page
1 MARTIN (H.), Mentalités médiévales II. Représentations collectives du XIe au XVe siècle, Paris 2001, p. 161-170.
2 BEAUNE (C.), Naissance de la nation France, Paris 1985 ; KRYNEN (J.), L’empire du roi. Idées et croyances politiques en France (XIIIe-XVe siècle), Paris 1993.
3 SCHNERB (B.), Armagnacs et Bourguignons, Paris 1988.
4 GAUVARD (Cl.), La France au Moyen Âge du Ve au XVe siècle, Paris 1996, p. 335-519.
5 Le plus long exposé est celui qu’H. Stein consacre au Bien public dans son Charles de France, frère de Louis XI, Paris 1919. Pour la liste précise des concessions faites par le roi, voir aux pages 124-127.
6 Charles VII, Louis XI et les premières années de Charles VIII (1422-1492), t. IV (2) de l’Histoire de France dirigée par E. LA VISSE, Paris 1902, p. 343.
7 Louis XI, t. II, Le Roi, Paris 1928 (2e éd.), p. 68.
8 Louis XI, Paris 1974, p. 206.
9 Louis XI. Un roi entre deux mondes, Paris 1976, p. 227.
10 Paris 2001.
11 Voir les importantes remarques d’E. LE ROY LADURIE, dans L’État royal, 1460- 1610, Paris 1987, p. 103-109 ; KRYNEN (J.), L’empire du roi, p. 417-419.
12 Ainsi les chroniqueurs, et surtout : COMMYNES (Philippe de), Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, Paris 1924, p. 10-88 ; BASIN (Thomas), Histoire de Louis XI, éd. Ch. Samaran, t. I, Paris 1963, p. 166-229 ; ROYE (Jean de), auteur du Journal connu sous le nom de Chronique scandaleuse, éd. B. de Mandrot, t. II, Paris 1895 ; enfin le Journal de Jean Maupoint, éd. G. Fagniez, Paris 1877 (Mémoires de la Soc. de l’Hist. de Paris et de l’Île-de-France, t. IV, p. 1-114). Indispensables également les abondants Preuves et Mémoires de Philippe de Commynes, dressés par Lenglet du Fresnoy au t. II de l’édition (Godefroy) des Mémoires, 1747. Les Lettres, mémoires et instructions et autres documents relatifs à la Guerre du Bien public en l’année 1465, rassemblés par J. QUICHERAT et publiés par CHAMPOLLION-FIGEAC dans la Coll. des Doc. inédits, t. II, 1843. Bien sûr les Recueils des Dépêches des ambassadeurs milanais en France, publiés par B. de MANDROT et Ch. SAMARAN, S. H. F, t. III et IV, Paris 1946-1923, ainsi que les Lettres de Louis XI, éd. J. VAESEN et E. CHARAVAY, S. H. F, Paris 1883-1909.
13 GAUVARD (Cl.), "Les révoltes du règne de Charles VI : tentative pour expliquer un échec", dans Révolte et société (Actes du IVe colloque d’Histoire au Présent, Paris, mai 1988), t. I, Paris, p. 53-61.
14 LENGLET DU FRESNOY, Preuves, t. II, p. 434-436.
15 Ibid., p. 448-449.
16 Écrits politiques de Jean Juvénal des Ursins, éd. P.S. Lewis, S.H. F, t. II, Paris 1985, p. 438-439.
17 Voir notamment STEIN (H.), Charles de France, p. 18, 50, 60, 88-89, 97, 105 n° 3 ; PETIT-DUTAILLIS (Ch.), ouvrage cité à la note 6, p. 344. Dépêches des ambassadeurs milanais, t. III, p. 75, n° 1 et p. 281-282.
18 ARTONNE (A.), Le mouvement de 1314 et les chartes provinciales de 1315, Paris 1912.
19 PETIT-DUTAILLIS (Ch.), ouvr. cit., p. 344.
20 Lettres, mémoires et instructions, t. II, p. 213-214.
21 Ibid., p. 212-213.
22 "Comme chacun le peut savoir et conoistre", écrit le duc de Bourbon dans sa proclamation du 13 mars. Ibid., p. 196.
23 PETIT-DUTAILLIS (Ch.), ouvr. cit., p. 337 ; STEIN (H.), Charles de France, p. 49-50 ; BEAUNE (C.), "L’historiographie de Charles VII. Un thème de l’opposition à Louis XI", dans La France de la fin du XVe siècle. Renouveau et apogée, B. CHEVALIER et Ph. CONTAMINE éd., Paris 1985, p. 267-269.
24 Lettres, mémoires et instructions, t. II, p. 196.
25 Dépêches des ambassadeurs milanais, t. III, p. 281 et 310.
26 Ouvr. cit., t. I, p. 169-185.
27 CAZELLES (R.), Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et Charles V, Paris 1982, p. 270-272 notamment.
28 AUTRAND (F.), Charles VI, Paris 1986, p. 464-466, 477 et s.
29 "Une exigence de l’opinion depuis saint Louis : la réformation du royaume", dans Annuaire-Bulletin de la S.H. F, années 1962-1963, p. 91-99.
30 Mémoires, t. I, p. 57, 60 et 65.
31 Ibid., p. 67.
32 L’expression est celle de P. MURRAY KENDALL, Louis XI, p. 265.
33 LENGLET DU FRESNOY, Preuves, t. II, p. 567 ; Dépêches des ambassadeurs milanais, t. IV, p. 90.
34 Cf. supra notre introduction. L’augmentation des pensions s’élève à 200 000 livres.
35 Chronique scandaleuse, dans LENGLET DU FRESNOY, Preuves, t. II, p. 58.
36 Lettres patentes (27 octobre) de ratification du traité de Conflans, dans LENGLET DU FRESNOY, Preuves, t. II, p. 514-516.
37 Dépêches des ambassadeurs milanais, t. IV, p. 37 et 60.
38 Il suffit de se reporter à la liste des 36 pour s’en convaincre (LENGLET DU FRESNOY, Preuves, t. II, p. 519). Basin écrit que les 36 furent choisis "communi tam regis quam principum assensu" (ouvr. cit., p. 224). L’article 14 des lettres de ratification prévoit qu’en cas de décès ou d’empêchement d’un de ses membres, "les autres y subrogeront tels qu’ils verront en leur conscience" (LENGLET DU FRESNOY, t. II, p. 516).
39 MURRAY KENDALL (P.), Louis XI, p. 264.
40 On n’en voit pas de précédents dans l’histoire capétienne. En octobre 1356, la fameuse commission des "élus" issue des États généraux avait été imposée à un dauphin et dans le contexte très particulier de la captivité de Jean le bon.
41 Dépêches des ambassadeurs milanais, t. IV, p. 90.
42 Ouvr. cit., notamment p. 54-55, 85, 92-95.
43 Charles de France, p. 104.
44 Chronique scandaleuse, dans LENGLET DU FRESNOY, Preuves, t. II, p. 29-30.
45 Dépêches des ambassadeurs milanais, t. III, p. 283-286.
46 Mémoires, t. I, p. 50.
47 Cf. STEIN (H.), Charles de France, p. 105-106 ; MAUPOINT (Jean), Journal, p. 62-68.
48 "Et croy bien que en secret fut accordé par aucuns que les seigneurs, en leur simple estat, y entreroyent et leurs gens pourroyent passer oultre, se bon leur sembloit, en petit nombre à la fois. Ceste conversation n’eust point seulement esté ville gaignée, mais toute l’emprise ; car ayséement le peuple se fust tourné de leur part, pour plusieurs raisons et, par consequent, toutes celles du royaulme a l’exemple de ceste là" (t. I, p. 56). N’y avait-il plus alors dans le peuple et la bourgeoisie de royalistes suffisamment ardents pour s’opposer au déroulement de ce plan ? Maupoint signale que d’aucuns avaient projeté de tuer les délégués qui s’étaient rendus à Beauté. Il évoque également le rôle décisif du prévôt des marchands, Henri de Livres qui, entre le 22 et le 28 août, manœuvre à deux reprises pour empêcher ces intrigues d’aboutir. Journal, p. 66-68.
49 Parmi les "traîtres", les trois frères Luillier, Jean Choart et François Hallé, tous aussitôt chassés de la capitale sur ordre de Louis XL Également le général conseiller sur le fait de la justice et des aides, Jean Compaing, destitué le 29 août. Quant à Guillaume Chartier, le roi le poursuivra d’une rancune tenace. STEIN (H.), Charles de France, p. 108.
50 COMMYNES, Mémoires, t. I, p. 70-71.
51 STEIN (H.), Charles de France, p. 135 et s. ; GAUSSIN (P.-R.), Louis XI, p. 105 et s. ; PARAVICINI (W.), "Peur, pratiques, intelligences. Formes de l’opposition aristocratique à Louis XI d’après les interrogatoires du connétable de Saint-Pol", dans La France de la fin du XVe siècle, ouvrage cité supra, p. 183-196. En dernier lieu, FAVIER (J.), Louis XI, p. 511-539.
52 BULST (N.), "Louis XI et les États généraux de 1468", dans La France de la fin du XVe siècle, ouvrage cité supra, p. 91-104.
53 LENGLET DU FRESNOY, Preuves, t. II, p. 542.
54 Sur l’attitude de Thomas Basin durant le Bien public il faut lire, en plus de son Histoire de Louis XI (t. I, p. 165-229), son Apologie ou plaidoyer pour moi-même, éd. Ch. SAMARAN et G. de GROËR, Paris 1974, p. 19-49. Sur Pierre d’Oriole, voir STEIN (H.), Charles de France, p. 88-89, 101, 128 notamment ; GAUSSIN (P.-R), "Les conseillers de Louis XI (1461-1483)", dans La France de la fin du XVe siècle, ouvrage cité supra, p. 117.
55 Dépêches des ambassadeurs milanais, t. VI, p. 90.
56 STEIN (H.), Charles de France, p. 200-201.
57 L’abolition de la Pragmatique, dira Louis XI au pape, a été l’une des causes du Bien public. LEWIS (P. S.), La France à la fin du Moyen Âge, Paris 1977, p. 322.
58 KRYNEN (J.), "Le roi très chrétien et le rétablissement de la Pragmatique Sanction", dans Églises et pouvoirs politiques (Actes des Journées internat. d’Histoire du droit d’Angers), Angers 1987, p. 135-149.
59 ROYE (Jean de), Chronique scandaleuse, dans LENGLET DU FRESNOY, Preuves, t. II, p. 51-52.
60 Celui de François Hallé notamment.
61 Guillaume Juvénal des Ursins, Robert d’Estouteville, Pierre d’Oriole, Louis de Beaumont, Georges de laTrémoille etc... Cf. GAUSSIN (P.-R.), article cité supra. MURRAY-KENDALL (P.), Louis XI, p. 288-290 ; FA VIER (J.), Louis XI, p. 528-537.
62 Dépêches des ambassadeurs milanais, t. IV, p. 131.
63 KUBLER (J.), L’origine de la perpétuité des offices royaux, Nancy 1958, p. 171- 185.
64 Ce sont les termes de l’ordonnance de 1467. KUBLER (J.), ouvr. cit., p. 172, n° 4.
65 Ibid., p. 151-157.
66 Et au premier chef Louis XL Cf. la pénétrante étude de BOUDET (J.-P), "Faveur, pouvoir et solidarités sous le règne de Louis XI : Olivier Le Daim et son entourage", dans Journal des Savants, oct.-déc. 1986, p. 219-257.
67 Cité d’après GAUSSIN (P.-R.), Louis XI, p. 442.
Auteur
Professeur à l’Université des sciences sociales de Toulouse
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