Ego
L'ego (ou égo, d'après les rectifications orthographiques de 1990) désigne la représentation et la conscience que l'on a de soi-même. Il est notamment l'objet d'étude de la psychologie.
Différentes définitions de l'ego
modifierC'est un substantif tiré du pronom personnel latin ego signifiant « moi » ou « je ». Dans le langage courant, le terme ego peut être utilisé comme synonyme de « sujet » ou d'« individu ». Le « moi » est aussi apparenté à Freud dans la psychanalyse du XXe siècle.
Le terme ego est essentiellement utilisé en philosophie et est le fondement de la psychologie.
Philosophie
modifierDescartes au XVIIe siècle exprime sa certitude quant à l'existence d'un sujet pensant à travers le Cogito ergo sum. Ce qui laisse entendre que l'ego serait déjà considéré comme une évidence première par les contemporains de Descartes. Néanmoins, la question de l'existence de l'ego dans la pensée occidentale avant Descartes est sujette à débat. Ainsi, selon Vincent Carraud par exemple, « le moi n'est pas une donnée première et intemporelle, mais résulte du doute porté à son point extrême - c'est pourquoi l'Antiquité et le Moyen Âge l'ont ignoré. »[réf. nécessaire]
Husserl emploie le terme ego transcendantal pour désigner le « moi sujet » qui anime la conscience[1]. Mais l'ego peut également être défini comme le moi en tant qu'objet de la conscience ; ainsi selon Sartre, « l'ego n'est pas le propriétaire de la conscience, il en est l'objet »[2].
Psychologie
modifierLa question de la définition et de la constitution de l'ego par l'étude des faits psychiques est l'objet de la psychologie. Il désigne alors la psyché et le fondement de la personnalité ou le caractère.
Religions
modifierBouddhisme
modifierLe bouddhisme perçoit l'ego comme une construction mentale ayant une existence sur un plan conventionnel, mais n'ayant pas d'existence autonome ou intrinsèque. Il n'est ni dans le corps ni dans l'esprit : « Même si nous parlons de l'ego existant comme d'une chose solide qui offre divers aspects, essentiellement il n'y a pas de substance solide. L'ego ne vit effectivement dans le temps que comme un processus continuel de création ; il est perpétuellement en train de mourir et en train de renaître »[3].
L'ego fait référence à l'impression qu'il existe un centre[4]. La voie bouddhiste consiste, entre autres, à libérer l'être humain de cette perception qui le place au centre de tout, et surtout, de le libérer de la souffrance, qui a pour cause notamment la croyance à l'existence du moi. Voir le concept de non-soi.
Christianisme
modifierHindouisme
modifierIslam
modifierL'ego porte le nom arabe de nafs dans l'islam. Il en est l'un des concepts centraux quel qu’en soit le courant de pensée.
Le djihad nafs (communément appelé le combat contre soi-même) est essentiel et central en ce qui concerne la vie du croyant. Il consiste à ne pas céder aux désirs que proposent les « diables » qui sont assignés à chaque homme[réf. souhaitée].
New Age
modifierPour le New Age , l'ego serait une entrave à l'« éveil ». Il ne précise pas ce qui pourrait être le sujet de l'éveil une fois débarrassé de l'ego.
À partir de la seconde moitié du XXe siècle, les courants du New Age désignent l'ego comme la représentation fausse qu'un individu se ferait de lui-même et un obstacle pour l'accès à une autre réalité qui serait moralement supérieure. Dans cette perspective, l'ego ferait écran à la vraie nature de l'homme [réf. souhaitée]. Krishnamurti[5] parle de l'ego comme d'une « fausse personnalité » constituée de souvenirs et d'expériences. La confusion entre l'ego / « fausse personnalité » et sa[Lesquels ?] vraie nature produirait une illusion qui priverait ceux qui en seraient prisonniers d'une vraie liberté et les enchaîneraient à des schémas de souffrance (égocentrisme, orgueil, vanité, amour-propre, perception erronée du monde).
Dans cette doctrine, une personne libérée de son ego connaîtrait un éveil spirituel. Les méthodes pour se libérer de l'emprise de l'ego seraient diverses bien qu'aucune n'ait jamais prouvé la possibilité de se passer d'ego[6],[7].
Dans le champ du New Age et de la psychologie transpersonnelle, l’ego est souvent utilisé en distinction du soi (le moi supérieur).
Pour certains gourou new age[Lesquels ?] les relations humaines s’effectuent par « ego » interposés, l'ego n'ayant pas de réalité et n'étant qu'un « complexe » produit par des constructions mentales ou des dysfonctionnements psychiques[8].
Ces conceptions pourraient notamment provenir d'une interprétation moralisante et erronée de concepts issus de certaines pensées orientales revues et corrigées à l'aune de la morale et des nécessités de l'Occident moderne.
Développement personnel
modifierLe courant du développement personnel identifie l'ego comme la seule réalité digne d'intérêt pour l'individu. A partir de là, il s'agit pour le développement personnel d'optimiser ce qui est présenté comme les qualités de l'ego et de combattre ses entraves. L'influence de la société sur l'individu est considéré par le développement personnel comme secondaire, marginale voire inaccessible à l'individu.[réf. nécessaire]
Notes et références
modifier- France Farago, Frédéric Guillaud et Maël Lemoine, Philosophie, terminales L, ES, S, Éditions Bréal, , 606 p. (ISBN 978-2-7495-0276-2, lire en ligne), p. 25.
- Sartre 2003.
- Chögyam Trungpa, Méditation et action, Arthème Fayard, , p. 132.
- Chögyam Trungpa, La certitude de la voie, Seuil, 2011, (ISBN 978 2021 02826 3), p. 160.
- Krishnamurti (trad. de l'anglais), L'impossible question, Paris, Presses du Châtelet, , 237 p. (ISBN 978-2-84592-310-2)
- (en) « Arnaud Desjardins et Lama Denis Teundroup parlent de l'ego ».
- « Voyage vers Sirius », sur pages.rts.ch
- voir Michel Cazenave, « Revue 3e millénaire no 79 ».
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Jean-Paul Sartre, La transcendance de l'ego et conscience de soi et connaissance de soi, Vrin, , 217 p. (ISBN 978-2-7116-1648-0, lire en ligne)
- Laurent Schmitt, Le Bal des ego, Éditions Odile Jacob, , 208 p. (ISBN 978-2-7381-6918-1, lire en ligne)
- Vincent Carraud, L'invention du moi, Paris, Presses universitaires de France - PUF, , 323 p. (ISBN 978-2-13-057851-2)