Quartier prioritaire de la politique de la ville

Le quartier prioritaire de la politique de la ville (QPPV), quartier de la politique de la ville (QPV) ou quartier prioritaire (QP)[1] est un dispositif de la politique de la ville du gouvernement français, rassemblant les zones urbaines les plus pauvres, nécessitant une intervention des pouvoirs publics, notamment en matière de rénovation urbaine. Cette entité vise à réduire la complexité du maillage des zones socialement défavorisées, en remplaçant deux dispositifs par un seul et en simplifiant les critères de découpage via la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014, qui concentre certains moyens publics sur 1 294 quartiers nationaux jugés prioritaires en raison des difficultés qui les concernent.

Le Mirail à Toulouse.

Le dispositif est entré en vigueur le en remplacement de la zone urbaine sensible (ZUS) et du quartier en contrat urbain de cohésion sociale (CUCS) conformément à une promesse de campagne du président François Hollande. La liste et les contours des QPV, établis en 2015 ont été mis à jour le 1er janvier 2024.

On compte environ 1 500 quartiers prioritaires réunissant près de 5,5 millions d'habitants[Quand ?][réf. souhaitée]. S'il s'agit essentiellement de cités de grands ensembles, on trouve aussi d'anciennes cités minières et industrielles ou des centres anciens dégradés. La vétusté de l'habitat, l'éloignement des bassins d'emplois et des services publics représentent des enjeux récurrents.

Caractéristiques

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Samia Ghali avec de jeunes habitants du quartier marseillais de La Viste.

Il y a près de 1 500 quartiers prioritaires de la politique de la ville (1 300 en métropole et 200 en outre-mer)[2], ceux-ci sont officiellement dévoilés le , contre un peu moins du double dans l’ancien dispositif (2 500 ZUS et CUCS de 1996 à 2014).

Près de 800 zones se trouvant ainsi écartées sont intégrées au nouveau dispositif de « veille active ». La réduction des quartiers a été réalisée dans l’optique de se concentrer sur les territoires où se condense un maximum de dysfonctionnements sociaux[3].

Ces quartiers comptent environ 5,5 millions d’habitants en 2022[4]. L'abstention aux élections y atteint des taux records. Dans ces conditions, selon le quotidien Le Monde, les habitants des quartiers prioritaires servent régulièrement de bouc émissaire à certains politiciens en période électorale, en les réduisant à des délinquants « ensauvagés », des immigrés « envahisseurs » et des musulmans aux pratiques « incompatibles » avec la République, et ignorés par beaucoup d'autres[4].

Le périmètre de ces quartiers

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Quartier Châtillons à Reims.

Il est fixé par deux décrets, les décrets nos  2014-1750 (pour la métropole) et 2014-1751 (pour l’outre-mer) du , rectifiés par un troisième décret, le décret no  2015-1138 du qui entre en application le .

Le principal critère pour le découpage des quartiers a été la concentration en pauvreté définie par l’Insee en comparant, depuis des données issues d’études effectuées sur un carroyage de 200 mètres[5] ou par IRIS[6], le revenu des habitants au revenu médian de référence[7].

Une fois ce premier travail effectué à partir des chiffres sur la pauvreté, les commissions chargées du découpage échangeaient avec les élus locaux sur la cohérence du périmètre pour éventuellement l’ajuster. Les délimitations doivent être revues tous les six ans[7]. Une nouvelle liste des quartiers a été publiée au Journal officiel du 29 décembre 2023 : décret no 2023-1314 du 28 décembre 2023 modifiant la liste des quartiers prioritaires de la politique de la ville dans les départements métropolitains.

Population, vieillissement démographique

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La Villeneuve de Grenoble.

Au total, l’ensemble des quartiers prioritaires de la politique de la ville réunissent plus de cinq millions d’habitants[8] sur 702 communes[2] (147 par exemple pour l’Île-de-France[9]) dont une centaine qui n’était dans aucun périmètre de la politique de la ville dans les dispositifs précédents[9].

En 2017, la population des QPV reste bien plus jeune que la moyenne de France métropolitaine « quatre habitants sur dix ont moins de 25 ans dans les QPV contre trois sur dix en France, QPV inclus », mais depuis les années 1990 la part de personnes âgées y croît significativement[10]. Dans une centaine de quartiers, plus d’un quart des habitants a plus de 60 ans ; c'est une proportion semblable à celle de certains bourgs ruraux classés comme « vieillissants »[11]. De 1990 à 2010, les 60-74 ans y ont augmenté d'un quart (passant de 394 000 à 494 000 habitants) alors que les plus de 75 ans ont augmenté de moitié (passant de 170 000 à 263 000 personnes sur une population totale de 4,73 millions d’habitants des zones urbaines sensibles (ZUS) en 1990 et de 4,88 millions en 2010 dans les QPV)[10].
Ce phénomène de vieillissement questionne les politiques de la ville principalement et historiquement centrées sur les jeunes.

En 2017, le Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) a publié un rapport à ce sujet et annoncé souhaiter mieux identifier ce processus et ses enjeux[10].

En août 2024, le Céreq publie une nouvelle étude[12] montrant que les jeunes des QPV accèdent moins à l'alternance que leurs voisins (23 % vs 33 %). A partir des données de l'enquête statistique Génération 2017[13], cette étude[12] souligne également que l'alternance facilite l'insertion professionnelle pour tous les jeunes, mais que son impact est encore plus marqué pour ceux des QPV. Pendant leurs trois premières années de vie active, seuls 51 %[12] des jeunes des QPV ayant suivi la voie scolaire connaissent des trajectoires dominées par l’emploi. Cette proportion s’élève à 68 %[12] pour les alternants des QPV soit un bond de 17 points contre seulement 8 points d’écart dans les quartiers environnants.

Typologie

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Les quartiers prioritaires de la politique de la ville se situent dans de nombreux types différents de quartiers (banlieues, villes moyennes, centres anciens dégradés, communes périurbaines, anciennes cités minières, quartiers ultra-marins, etc.). Les cités de grands ensembles, généralement bâtis lors des Trente Glorieuses sous la forme de hautes tours et longues barres d'immeubles, représentent une majorité de ces quartiers. Il s'agit alors souvent d'habitat social, mais on y trouve aussi des copropriétés dégradées[7].

Des « conseils citoyens » sont mis en place dans chaque quartier, ces conseils sont composés de volontaires, d’associations et d’habitants tirés au sort et doivent être paritaires femmes-hommes. Les conseils doivent être associés aux projets menés par la ville « en complète indépendance »[7].

Les principaux axes des mesures prises dans ces quartiers sont la cohésion sociale (éducation, insertion et sécurité), le cadre de vie et la rénovation urbaine, le développement économique et l’emploi[14].

Grands quartiers d'intérêt

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Cité des Bosquets à Montfermeil.

Sur les quelque 1 500 quartiers prioritaires français, l'Agence nationale pour la rénovation urbaine en a sélectionné 480 dans le cadre de projets de renouvellement sur la période 2014-2030, destinés à y améliorer les conditions de vie en rénovant l'habitat et améliorant la mixité sociale. Parmi eux, 216 sont classés « d'intérêt national » car concentrant les plus grandes difficultés sociales, dont une cinquantaine compte plus de 10 000 habitants en 2018, présentés dans la liste ci-dessous[15].

Plusieurs de ces quartiers prioritaires, parmi les plus peuplés, regroupent en réalité différents quartiers proches et parfois étalés sur plusieurs villes. Le plus peuplé est « Franc Moisin-Cosmonautes-Cristino Garcia-Landy » avec 126 034 habitants, à cheval entre trois communes de Seine-Saint-Denis. Avec un taux de pauvreté record de 71 %, Pissevin-Valdegour concentre le plus d'exclusions sociales[16]. La plupart sont inclus au sein des 80 zones de sécurité prioritaire.

Dpt Quartier Commune Habitants Pauvreté ZSP
06 Ariane Nice 11 800 46 %   Oui
13 Centre-Canet-Arnavaux-Jaurès Marseille 104 302 51 %   Oui
13 Bon Secours-Rosiers-Marine Bleue
St Barthélémy-St Jérôme
Marseille 23 286 57 %   Oui
13 La Cabucelle Marseille 12 476 56 %   Oui
25 Planoise Besançon 15 378 53 %   Non
30 Pissevin-Valdegour Nîmes 16 389 71 %   Non
31 Mirail Toulouse 32 291 50 %   Oui
34 Centre-ville Béziers 19 472 57 %   Oui
34 Mosson Montpellier 21 817 61 %   Oui
35 Le Blosne Rennes 11 550 49 %   Oui
38 La Villeneuve Grenoble 11 708 44 %   Oui
44 Bellevue Nantes 16 290 40 %   Oui
45 La Source Orléans 11 284 48 %   Non
51 Croix-Rouge Reims 12 005 61 %   Oui
57 Borny Metz 10 660 54 %   Non
59 Lille-Sud Lille 47 011 48 %   Oui
59 Blanc Seau-Croix Bas St Pierre Roubaix-Tourcoing 71 013 51 %   Oui
60 Hauts de Creil Creil 20 396 49 %   Oui
67 Hautepierre Strasbourg 12 772 49 %   Non
67 Neuhof-Meinau Strasbourg 17 645 49 %   Oui
68 Péricentre Mulhouse 32 402 46 %   Non
69 Minguettes-Clochettes Vénissieux 22 294 51 %   Oui
69 Grande-Île Vaulx-en-Velin 20 917 47 %   Oui
69 Ville-Nouvelle Rillieux-la-Pape 15 549 39 %   Non
75 Portes du 20e Paris 19 276 34 %   Oui
76 Hauts de Rouen Rouen 10 454 59 %   Oui
78 Val Fourré Mantes-la-Jolie 19 940 44 %   Oui
78 Merisiers-Plaine de Neauphle Trappes 17 726 31 %   Oui
80 Amiens-Nord Amiens 14 910 53 %   Oui
84 Monclar-Rocade-Oiseaux Avignon 18 006 57 %   Oui
91 Pyramides-Bois Sauvage Évry-Courcouronnes 12 854 37 %   Non
91 Grande Borne-Plateau Grigny-Viry-Châtillon 16 459 41 %   Oui
91 Grigny 2 Grigny 13 337 53 %   Oui
92 Parc Nord Nanterre 12 999 39 %   Non
93 Haut Clichy-Bosquets-Noel Clichy-sous-Bois-Montfermeil 26 350 50 %   Non
93 Plateau-Malassis-La Noue Bagnolet-Montreuil 15 566 40 %   Non
93 Salengro-Roulaud-Centre Bobigny-Drancy 28 905 40 %   Non
93 Abreuvoir-Bondy
Sablière-Secteur Sud
Bondy-Bobigny
Blanc-Mesnil-Noisy-le-Sec
29 817 42 %   Non
93 Quatre Chemins Pantin 11 060 38 %   Oui
93 Franc Moisin-Cosmonautes
Garcia-Landy
Aubervilliers-La Courneuve
Saint-Denis
126 034 44 %   Oui
93 Grand Centre-Sémard Saint-Denis 40 066 37 %   Oui
93 Centre Élargi Stains 18 434 42 %   Non
93 Les Beaudottes Aulnay-sous-Bois-Sevran 45 207 42 %   Oui
93 Secteur Nord-Pont Yblon Le Blanc-Mesnil-Dugny 16 751 41 %   Non
94 Le Bois-l'Abbé Champigny-sur-Marne
Chennevières-sur-Marne
11 914 35 %   Oui
95 Dame Blanche Garges-lès-Gonesse 30 757 42 %   Oui
95 Lochères Sarcelles 36 637 39 %   Oui

Notes et références

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  1. Si le nom officiel est « quartier prioritaire de la politique de la ville », c’est néanmoins le sigle QPV qui est le plus fréquemment utilisé.
  2. a et b 150 questions sur les collectivités territoriales de Margot Verrières, collection « Entretien avec le jury » chez Vuibert, 2015.
  3. Les Politiques de la ville de Claude Chaline, no  3232 de la collection « Que sais-je ? » aux Presses universitaires de France, 2014.
  4. a et b « Election présidentielle 2022 : les quartiers populaires au cœur de la campagne », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  5. Pour les communes de métropole, en Martinique et à La Réunion.
  6. Pour l’outre-mer sauf la Martinique et La Réunion.
  7. a b c et d Les Collectivités territoriales d’Emmanuel Auber et Delphine Cervelle, 3e éd. chez Armand Colin, 2015.
  8. Cinq millions selon Margot Verrières dans 150 questions sur les collectivités territoriales et cinq millions et demi selon la plaquette « La nouvelle politique de la ville > ses mesures, ses outils » du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Emmanuel Auber et Delphine Cervelle dans Les Collectivités territoriales parlent de deux millions d’habitants mais il s’agit probablement des deux millions de personnes situées dans les 400 quartiers prioritaires où a été lancée l’opération Action Logement.
  9. a et b « Voici la nouvelle carte des quartiers prioritaires » sur leparisien.fr en juin 2014.
  10. a b et c Sarah Audras-Marcy et Catherine Pilon (2017) Vieillissement de la population : un processus qui touche aussi les quartiers prioritaires de la politique de la ville|Commissariat général à l’égalité des territoires (2017).
  11. Voir le rapport d’étude CGET : L’action des bourgs face à l’enjeu du vieillissement de la population, d'avril 2017 (téléchargeable sur : www.cget.gouv.fr/etudes )
  12. a b c et d Elsa PERSONNAZ et Arthur Felix W. SAWADOGO, « L'alternance, un plus pour les jeunes des QPV, à condition d'y accéder » [HTML PDF], sur www.cereq.fr, Céreq Bref, (consulté le )
  13. « Génération 2017 : enquête 2020 | Cereq », sur www.cereq.fr (consulté le )
  14. Plaquette de quatre pages « La nouvelle politique de la ville > ses mesures, ses outils » du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.
  15. Le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) sur anru.fr
  16. Liste des QPV d’intérêt national sur legifrance.gouv.fr

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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