Aller au contenu

Berliet ANA

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Berliet ANA
Description de cette image, également commentée ci-après
Berliet ANA en 1922 remorquant une voiture du PLM.
Identification
Type autorail
Motorisation 1 moteur à essence
Composition 1 élément
Construction 1922
Constructeur(s) Berliet
Mise en service -
Effectif 1
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux A1
Écartement standard (1 435 mm)
Carburant essence
Puissance 40 ch
à 1 450 tr/min
Tare 11,2 t
Longueur HT 9,15 m
Empattement 4 m
Places assises 29 pl.
Climatisation non

Le Berliet ANA est un prototype d'autorail léger à essence construit par Berliet en 1922. Il s'agit du premier autorail à voie normale du constructeur. Plusieurs campagnes d'essais sont menées sur le réseau du Chemin de fer de l'Est de Lyon (CFEL) entre les gares de Lyon-Est et d'Aoste - Saint-Genix. De même, l'engin est utilisé par Berliet comme support promotionnel de son savoir-faire auprès des représentants des grandes compagnies ferroviaires et des chemins de fer secondaires.

Par la suite, Berliet livre à la régie départementale des chemins de fer et tramways électriques des Bouches-du-Rhône deux autorails de conception similaire avant de répondre au début des années 1930 à une commande de la compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée pour des engins plus lourds et plus puissants.

Au début des années 1920, Berliet cherche à diversifier ses activités face à la crise qui touche l'industrie automobile au sortir de la Première Guerre mondiale[1],[AdF 1]. L'entreprise décide de réutiliser son savoir-faire dans les domaines de la construction de camions et de bus pour concevoir des locotracteurs à essence et des autorails légers[2].

En 1922, Berliet conçoit des prototypes d'autorails à voie métrique (types A1A et A1D) afin de répondre au besoin des chemins de fer secondaires et locaux de réduire les frais d'exploitation des lignes qu'ils exploitent[AdF 2]. La même année, le type ANA est livré afin de réaliser les premiers essais d'une automotrice Berliet à voie normale[AdF 2],[3].

Les premiers tours de roue de l'autorail sont effectués sur l'embranchement particulier de l'usine Berliet de Vénissieux. À cette occasion, il est attelé à une voiture de troisième classe à portières latérales et à sept compartiments de la compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM).

Plusieurs campagnes d'essais de l’autorail sont mises en place sur le réseau du Chemin de fer de l'Est de Lyon (CFEL) entre Lyon-Est et Aoste - Saint-Genix[AdF 3]. La ligne est gracieusement mise à disposition de Berliet par la compagnie exploitante[4]. Les premiers essais en ligne ont lieu vers mai 1922[AdF 3],[5].

Une marche d'essais est réalisée le sur le parcours entre Lyon et Aoste - Saint-Genix[6]. La ligne présente un profil accidenté avec une rampe maximale de 16 ‰. En tractant une remorque de 12 t, l'autorail atteint 45 km/h en palier, 28 km/h en rampe de 8 ‰ et 21 km/h en rampe de 16[6]. Pour parcourir le trajet aller-retour de 143 km, l'autorail consomme 49 L d'essence soit 34 L aux cent kilomètres[6]. Le lendemain, une présentation de l'autorail est faite au maire de Saint-Galmier accompagné de conseillers généraux du Jura et de l'Ain[7].

Une seconde marche officielle se tient le en présence de plusieurs représentants des grands réseaux métropolitains et nord-africains[4]. André Ménétrier, qui près d'une décennie plus tard participe à la conception du prototype d'autorail Pauline, est présent parmi les invités en sa qualité d'Ingénieur en chef du matériel et de la traction du Midi[4]. Lors de ces essais, l'autorail consomme 33 L aux cent kilomètres en tractant une remorque pesant environ 10,45 t[6].

De nouveaux essais ont lieu le sur les 70 km de la ligne des CFEL[8]. À l'aller, l'autorail est seul pour gravir la rampe de 16[8]. Au retour, l'autorail est attelé à deux remorques mais le profil est moins sévère, la rampe maximale étant de 9,5 . L'autorail atteint 43 km/h à l'aller et consomme environ 20 L d'essence tandis que le convoi de 29 t du retour ne dépasse pas 33 km/h pour 25 L de carburant consommés[8].

Description et caractéristiques

[modifier | modifier le code]

La structure en bois de la caisse de l'autorail est recouverte de tôles en métal[AdF 3]. Elle repose sur un châssis de wagon à deux essieux de 4 m d'empattement[4] et seul l'essieu avant est moteur[AdF 2],[9]. La caisse mesure 8 m de long et 2,7 m de large tandis que la longueur hors tampons de l'autorail est de 9,15 m[9]. À vide, l'autorail pèse 11,2 t[8].

La motorisation fait appel à un moteur Berliet à essence à quatre cylindres de 110 mm d'alésage et de 140 mm de course[8],[9], similaire à celui qui équipe le camion Berliet CBA[4]. Il délivre une puissance de 40 ch à 1 450 tr/min et de 32 ch à 1 200 tr/min[8]. Le moteur est mis en route avec un démarreur électrique remplacé au besoin par un démarrage avec une manivelle[10]. En fonction du sens de marche, le radiateur de refroidissement peut se placer soit à l'avant soit sur le toit de l'autorail[10].

La transmission de l'effort moteur se fait par un embrayage multidisque et par une boîte de vitesses à cinq rapports dont une marche arrière[10]. L'essieu moteur est entraîné par deux chaînes à rouleaux jumelées dont la tension est régulée par un différentiel[6],[10]. Deux types de frein sont installés : un frein à vis et à sabots en fonte agit sur les quatre roues et un levier à main peut actionner un frein appliqué directement sur le mécanisme[9],[10].

L'aménagement intérieur offre vingt-neuf places assises et un unique poste de conduite[6],[10]. Un fourgon et un compartiment postal complètent l'aménagement[AdF 2]. L'éclairage intérieur est électrique et le chauffage du compartiment se fait avec les gaz d'échappement du moteur[9],[10].

Descendance

[modifier | modifier le code]

Le Berliet ANA marque les premiers pas du constructeur dans la fabrication d'autorail à voie normale. En 1924 puis 1929, l'entreprise livre respectivement les types AND et RCMC à la régie départementale des chemins de fer et tramways électriques des Bouches-du-Rhône (BdR)[11]. Les deux engins restent en service jusque dans les années 1960[11]. En parallèle, Berliet construit une vingtaine d'autorails à voie métrique et étroite[AdF 2].

En 1935, le constructeur livre au PLM deux autorails RBD 250 pour voyageurs et quatre engins similaires pour le transport de marchandises[1]. Ces autorails à transmission Diesel-électrique donnant entière satisfaction, une commande de quatorze engins supplémentaires plus puissants de type RBD 300 est passée par la compagnie pour une livraison à partir de 1937[1].

Notes et références

[modifier | modifier le code]

Références

[modifier | modifier le code]
  • Yves Broncard, Yves Machefert-Tassin et Alain Rambaud, Autorails de France, t. II
  1. Broncard 1994, p. 58.
  2. a b c d et e Broncard 1994, p. 62.
  3. a b et c Broncard 1994, p. 59.
  • Autres références
  1. a b et c Olivier Constant, Les archives autorails : SOMUA - Berliet - Lorraine - Charentaises, Betschdorf, Le Train, , 98 p. (ISSN 1296-5537)
  2. Le terme utilisé dans les années 1920 est automotrice.
  3. Clive Lamming, « Berliet : roi du camion, prince de l’autorail et vicomte du locotracteur », sur trainconsultant.com (consulté le ).
  4. a b c d et e « L'automotrice sur nos voies ferrées », Le Salut public,‎ (lire en ligne).
  5. « Usines Berliet », La Journée industrielle,‎ (lire en ligne).
  6. a b c d e et f E. Brillé, « Application du moteur à hydrocarbures à la traction sur voies ferrées », Revue générale des chemins de fer et des tramways,‎ (lire en ligne).
  7. « Saint-Galmier - service d'autobus », Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire,‎ (lire en ligne).
  8. a b c d e et f « Utilisation des automotrices sur rails », Revue générale des chemins de fer et des tramways,‎ (lire en ligne).
  9. a b c d et e « Automotrices Berliet », Tramways, métropolitains et automobiles,‎ (lire en ligne).
  10. a b c d e f et g « L'exploitation des chemins de fer d'intérêt local par automotrices à moteurs à explosion », Le Génie civil,‎ (lire en ligne).
  11. a et b Jean Noël, Le réseau du BDR, de la Cie Michel à la RDT 13, Marseille, Club cartophile marseillais, , 250 p. (ISBN 978-2-9538247-3-5)

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]