Legio VIII Augusta

La Legio VIII Augusta était une légion romaine créée par Jules César et qui continua son service pour Rome pendant 400 ans, en étant longtemps cantonnée à Argentorate, actuelle Strasbourg.

La légion VIII a été créée par César probablement en 59 av. J.-C., mais peut-être plus tôt selon différentes sources. Entre 58 et 51 av. J.-C. elle s'est battue dans la Guerre des Gaules, notamment lors des célèbres batailles de Gergovie et d'Alésia. Après huit ans de campagnes, la VIII termine glorieusement cette guerre. Elle y gagne son titre de Legio VIII Gallica et l’estime de tous : « César avait avec lui ses légions les plus anciennes, d’un courage incomparable : la VII, la VIII, la IX puis une autre la XI…mais qui pourtant, après huit ans de campagnes, n’avait pas, comparée aux autres, la même réputation de solidité éprouvée^[1] ».

En -49, la Huitième légion a accompagné César lorsqu'il traversa le Rubicon et entra en Italie, c'est elle qui entra dans Rome. Au début de la guerre civile entre César et Pompée, elle connut de lourdes pertes à la bataille de Dyrrachium avant de connaitre plusieurs succès face aux armées de Pompée notamment à la Bataille de Pharsale (Grèce) sous le commandement de Marc Antoine, puis de Thapsus (Tunisie) qui offrit l'Afrique à Jules Cesar en 46 av. J.-C. La légion était aussi présente en Égypte, quand César fit monter Cléopâtre sur le trône.

Marc Antoine ramène les vétérans enfin démobilisés de la légion VIII Gallica en Campanie.

Après l'assassinat de César en 44 av. J.-C., Octave a reconstitué la légion qui l'a aidé à prendre le contrôle de la république, puis à la transformer en empire. La VIII participe ainsi, contre Marc Antoine au siège de Mutina, (actuelle Modène) en avril 43 av. J.-C., défendue par les troupes de Decimus Junius Brutus Albinus (ce qui valut à la legio VIII Gallica le surnom de "Mutinensis")^[2].

Elle a probablement participé à la célèbre bataille d'Actium (Grèce), où la légion VIII se serait rangée au côté d'Auguste, contre les troupes de Cléopâtre et Marc Antoine. Cette fidélité à Auguste victorieux justifie le surnom donné à la légion : Legio VIII Augusta.

Il est difficile de préciser la garnison de la légion aux débuts de l'empire. Elle fut probablement cantonnée au nord de l'Italie^{[réf. nécessaire]}. Lors de la révolte des légions de Pannonie en 14 ap. J.-C., à la mort d'Auguste, la VIII Augusta se trouve alors dans cette province et participe à la révolte, en même temps que les deux autres légions pannoniennes d'alors, la legio IX Hispana et la legio XV Apollinaris^[3]. On a souvent avancé que la Légion VIII Augusta a participé à l'invasion romaine de la Bretagne durant le règne de Claude, mais cette hypothèse n'est plus guère soutenue aujourd'hui. Des témoignages épigraphiques permettent de la placer en Mésie, à Novae, entre 45 et 68-69^[4].

En 69, Année des quatre empereurs après le suicide de Néron, la légion a pris le parti d'Othon, un des empereurs défaits, puis du vainqueur Vespasien. Cette même année, elle a été déplacée sur la frontière gauloise du Rhin. Après le Soulèvement des Bataves réprimé par Petilius Cerialis en 70 auquel ont participé les Lingons^[5]et l'auto-proclamation d'Empereur par le chef lingon Julius Sabinus dont la tentative d'usurpation le conduira à la mort, Vespasien plaça ces derniers sous la surveillance directe de la VIII^e-légion^[6]cantonnée sur l'actuel territoire de la commune de Mirebeau-sur-Bèze^[7], au sud de Langres. Elle y construisit un castrum en pierre d'environ 22 hectares^{[note 1],[note 2]}.

Ce n'est que vers 90 que la VIII Augusta fut déplacée sur le lieu de sa garnison définitive : Strasbourg. Strasbourg et Mirebeau sont les deux grands camps légionnaires permanents situés sur l'actuel territoire français. Ce n'est que très récemment que le site de Mirebeau a été identifié comme un camp légionnaire et que l'on a pu reconstituer correctement l'histoire de la garnison de la Germanie supérieure à la fin du I^er siècle. Le camp de Strasbourg est très mal connu en raison de la continuité de l'occupation urbaine qui recouvre le site.

Sous Commode elle s'illustre lors de la guerre des Déserteurs (vers 185-186)^[8], et gagne le surnoms de Pia fidelis Constans Commoda. En 193, elle prend le parti de Septime Sévère, et lui resta fidèle contre Clodius Albinus. La légion s'est aussi battue en Parthie avec Septime Sévère (qui a régné de 193 jusqu'à 211) et avec son successeur.

L'histoire de la légion est ensuite bien moins connue. Elle semble être restée fidèle à Gallien vers 259, puis a peut-être changé de parti pour soutenir Postume. C'est à tort qu'on a pensé qu'elle avait reçu brièvement le surnom Claudiana sous le règne de l'empereur Claude II le Gothique à l'époque de l'empire des Gaules^[9]. Les sources indiquent qu'elle était toujours active pendant les premières années du IV^e siècle, sous Dioclétien, à la frontière du Rhin. L'inscription d'Aurelius Gaius^[10] nous apprend qu'un certain nombre des soldats de la légion participèrent aux campagnes des Tétrarques, et en particulier à la campagne de Maximien Hercule en Afrique en 298. Cela signifie que l'histoire de la légion couvre plus de 400 ans de service presque continu. En 371 elle était sans doute encore placée à Argentoratum (Strasbourg). C'est à cette légion, évidemment, que l'on doit le développement de la ville, en Germanie Supérieure. Plus tard, le général romain Stilicon, a été contraint de déplacer les légions du Rhin en direction de l'Italie pour défendre Rome contre l'invasion des Wisigoths.

Selon la Notitia dignitatum, autour de 420 une unité Octaviani existait toujours, il est possible que cette unité soit la légion VIII Augusta, mais seulement un reste de celle-ci, qui avait d'abord été intégrée comme une unité comitatensis, et qui aurait été promue au statut d'unité palatine.

Aujourd'hui, des groupes de reconstitution français, anglais, américain, allemand, ... reconstituent cette légion. L’association Légion VIII Augusta d'Autun (Saône-et-Loire) reconstitue la vie du légionnaire à l'époque flavienne, entre 69 et 96 après Jésus-Christ. Cette association est constituée de 130 bénévoles qui continuent près de 2 000 ans plus tard à faire vivre cette légion à travers différentes activités comme des manœuvres, tirs d'artillerie avec des scorpions et des manubalistes, des ingénieurs ainsi que la vie de camp et la cuisine de l'époque^[11].

• 
  La Légion VIII en marche à Marles.
• 
  La Légion VIII en attente.

Inauguré fin septembre 2019 à Mirebeau-sur-Bèze (Côte-d'Or), le Mirabellum est un centre d'interprétation dédié au camp de la VIII^e Légion Auguste établi à proximité de la ville. Ce centre d’interprétation est doté d’outils de médiation qui permettent à tous, en soutien de l’exposition de vestiges archéologiques, de découvrir le camp romain, la vie des légionnaires et le travail des archéologues.

• (en) Nigel Pollard et Joanne Berry, The complete Roman Legions, Thames&Hudson, 2012
• Jacques Gabriel Bulliot, L'enseigne de la huitième légion Augusta, Impr. Dejussieu, Autin, 1887, 7 p.
• J. Lafaurie, « L'empire gaulois », ANRW II, 2, 1975.
• M. Reddé (dir.), L'armée romaine en Gaule, Paris, 1996.
• M. Reddé, « Legio VIII Augusta », in Y. Le Bohec (dir.), Les légions de Rome sous le Haut-Empire, Lyon, 2000, p. 119-126.
• M. Reddé, Réflexions sur l'occupation de Strasbourg et de Mirebeau au I^er siècle, Jahresbericht, Gesellschaft pro Vindonissa, 1997, p. 5-12.Lire en ligne
• Fiction : dans le roman historique "le légionnaire de Lata Petra" de PC Abel, (Le Verger Éditeur) le personnage principal, Lupulus, s'engage dans la VIII^e Légion Augusta et combat en Germanie.

• Légion romaine - Liste des légions romaines

• Notices d'autorité :

  • VIAF
  • GND
• Les dernières découvertes : Le camp de la legio VIII Augusta à Argentorate (fouilles de l'INRAP à Strasbourg en 2008)
• Groupe de reconstitution de la Légion VIII Augusta (fr) Legio VIII Augusta
• (de) VEX LEG VIII AVG, Reconstitution allemande
• (en) Legion VIII Anglaise, Reconstitution anglaise
• (en) Legion VIII Irlandaise, Reconstitution irlandaise
• (en) LEGIO VIII AUGUSTA, Reconstitution des États-Unis
• Corpus des inscriptions grecques et latines sur la Légion VIII Augusta (fr) Corpus de la Legio VIII Augusta
• Le Mirabellum, centre d'interprétation du camp de la VIII^e Légion Auguste, à Mirebeau-sur-Bèze.

v · m Légions romaines
par ordre alphabétique	Legio I Adiutrix Legio I Armeniaca Legio I Flavia Constantia (en) Legio I Flavia Pacis Legio I Germanica Legio I Illyricorum Legio I Iovia Legio I Isaura Sagittaria Legio I Italica Legio I Macriana liberatrix Legio I Martia Legio I Maximiana Legio I Minervia Legio I Parthica Legio II Adiutrix Legio II Armeniaca Legio II Augusta Legio II Brittannica Legio II Flavia Constantia Legio II Flavia Virtutis Legio II Gallica Legio II Herculia Legio II Isaura Legio II Italica Legio II Iulia Alpina Legio II Parthica Legio II Traiana Fortis Legio III Augusta Legio III Cyrenaica Legio III Diocletiana Legio III Flavia Salutis Legio III Gallica Legio III Isaura Legio III Italica Legio III Parthica Legio IIII Flavia Felix Legio IV Italica Legio IIII Macedonica Legio IIII Martia Legio IIII Scythica Legio V Alaudae Legio V Iovia Legio V Macedonica Legio V Parthica (en) Legio VI Ferrata Legio VI Herculia Legio VI Hispana Legio VI Parthica Legio VI Victrix Legio VII Claudia Legio VII Gemina Legio VIII Augusta Legio IX Hispana Legio X Equestris Legio X Fretensis Legio X Gemina Legio XI Claudia Legio XII Fulminata Legio XIII Gemina Legio XIIII Gemina Legio XV Apollinaris Legio XV Primigenia Legio XVI Flavia Firma Legio XVI Gallica Legio XVII Legio XVIII Legio XIX Legio XX Siciliana (en) Legio XX Valeria Victrix Legio XXI Rapax Legio XXII Deiotariana Legio XXII Primigenia Legio XXXe Ulpia Victrix
par ordre chronologique	Ier siècle av. J.-C. Legio II Gallica Legio XX Siciliana (en) César (58-48 av. J.-C.) : Legio VII Claudia Legio VIII Augusta Legio IX Hispana Legio X Equestris Legio X Gemina Legio XI Claudia Legio XII Fulminata Legio XIII Gemina Legio XIIII Gemina Legio V Alaudae Legio VI Ferrata Legio I Germanica Legio III Gallica Legio IIII Macedonica Pansa (43 av. J.-C.) : Legio II Augusta Legio III Augusta Marc Antoine (42-35 av. J.-C.) : Legio III Cyrenaica Legio IIII Scythica Octave (41-40 et 30 av. J.-C.) : Legio V Macedonica Legio VI Victrix Legio X Fretensis Legio XV Apollinaris Legio XVI Gallica Legio XVII Legio XVIII Legio XIX Legio XX Valeria Victrix Legio XXI Rapax Legio XXII Deiotariana Ier siècle Caligula (39) : Legio XV Primigenia Legio XXII Primigenia Néron (66-68) : Legio I Italica Legio I Adiutrix Galba (68) : Legio VII Gemina Legio I Macriana liberatrix Vespasien (70) : Legio II Adiutrix Legio IIII Flavia Felix Legio XVI Flavia Firma Domitien (83) : Legio I Minervia IIe siècle Trajan (105) : Legio II Traiana Fortis Legio XXXe Ulpia Victrix Marc Aurèle (168) : Legio II Italica Legio III Italica Septime Sévère (197) : Legio I Parthica Legio II Parthica Legio III Parthica IIIe siècle Legio IV Italica Legio VI Hispana Legio I Illyricorum Legio IIII Martia Legio I Isaura Sagittaria Legio II Isaura Legio III Isaura Legio I Armeniaca Legio II Armeniaca Legio II Brittannica Dioclétien (284-305) : Legio I Iovia Legio I Martia Legio I Maximiana Legio II Flavia Constantia Legio II Herculia Legio III Diocletiana Legio V Iovia Legio V Parthica (en) Legio VI Herculia Legio VI Parthica IVe siècle Legio I Flavia Constantia (en) Legio XXXe Ulpia Victrix Legio I Flavia Pacis Legio II Flavia Virtutis Legio III Flavia Salutis Legio II Iulia Alpina
Liste des légions romaines Armée romaine

• Portail de l’histoire militaire
• Portail de la Rome antique