Aller au contenu

« Heinz Guderian » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
m suppression des commentaires dans la bibliographie (pas à leur place + commentaires non neutres)
Daniel*D (discuter | contributions)
rétablissement commentaire simplement informatif
Ligne 172 : Ligne 172 :
| isbn = 978-2-7178-5783-2
| isbn = 978-2-7178-5783-2
}}{{plume}}
}}{{plume}}
* {{ouvrage|prénom1= Basil H. |nom1= Liddel Hart |traducteur= Lola Tranec (1948) et Antoine Bourguilleau (2011) |préface= Antoine Bourguilleau (février 2011)|titre= Les généraux allemands parlent |titre original= The Oher Side of the Hill |collection= Collection Tempus |éditeur= [[Éditions Perrin|Perrin]] |année= 2011 | pages totales= 568 |format livre= poche |isbn= 978-2-262-03539-6 }}
* {{ouvrage|prénom1= Basil H. |nom1= Liddel Hart |traducteur= Lola Tranec (1948) et Antoine Bourguilleau (2011) |préface= Antoine Bourguilleau (février 2011)|titre= Les généraux allemands parlent |titre original= The Oher Side of the Hill |collection= Collection Tempus |éditeur= [[Éditions Perrin|Perrin]] |année= 2011 | pages totales= 568 |format livre= poche |isbn= 978-2-262-03539-6 }}


=== Ouvrages de Heinz Guderian ===
=== Ouvrages de Heinz Guderian ===

Version du 8 juin 2015 à 09:16

Heinz Guderian
Heinz Guderian
Heinz Guderian en juillet 1941

Surnom Schneller Heinz (Heinz le rapide)
Naissance
Kulm, Allemagne
Décès (à 65 ans)
Schwangau, Allemagne
Origine Allemand
Allégeance  Empire allemand
 République de Weimar
 Troisième Reich
Arme Deutsches Reichsheer
Reichswehr
Wehrmacht, Heer
Grade Generaloberst
Années de service 19071945
Conflits Première Guerre mondiale,
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Campagne de Pologne
Bataille de France
Opération Barbarossa
Distinctions Croix de fer

Heinz Guderian, né le dans la ville de Kulm, à l'époque située dans l'empire allemand et aujourd'hui en république de Pologne, décédé le à Schwangau en Bavière, est un général allemand (Generaloberst) de la Seconde Guerre mondiale. Surnommé Heinz le Rapide (Schneller Heinz), il est l'un des concepteurs de l'arme blindée allemande. Il appliqua la doctrine de la guerre éclair (Blitzkrieg) avec les chars d’assaut lors de la bataille de France et de l'invasion de l'URSS.

Tombé en disgrâce auprès de Hitler après son échec lors de la bataille de Moscou à la fin 1941, il est rappelé comme inspecteur de l'arme blindée en 1943, puis comme responsable du front de l'Est de juillet 1944 à mars 1945.

Prisonnier de guerre des Américains de 1945 à 1948, il est libéré sans être inculpé de crimes de guerre. Après sa libération, il devient un des conseillers pour la réorganisation des nouvelles forces blindées de la Bundeswehr, l'armée de la nouvelle République fédérale allemande.

Jeunesse

Heinz Guderian est né le à Kulm, en polonais Chełmno[1]. Il est issu d’une vieille famille prussienne. Son père est le général Friedrich Guderian (1858–1914). De 1901 à 1907, le jeune Heinz étudie dans plusieurs écoles militaires, notamment l'École de guerre de Metz, alors première place forte de l'empire allemand[2]. Il en sort avec le grade de sous-lieutenant ; Guderian est affecté, le 27 janvier 1908, au 10e bataillon de chasseurs de Hanovre, en garnison à Bitche, bataillon qui était commandé par son père. Il reste à Bitche jusqu'en octobre 1909, date à laquelle son bataillon regagne sa garnison d'origine à Goslar[3]. En 1911, Guderian est transféré dans le troisième bataillon de télégraphie du même régiment.
En 1913, il épouse Margarete Goerne (1893-1972). De cette union, il naîtra deux fils.

Première Guerre mondiale et Entre-deux-guerres

Pendant la Première Guerre mondiale, il sert comme officier des transmissions puis à l’état-major. Là, il comprend les avantages d’une bonne communication radio sur le champ de bataille. Il entrevoit également les faiblesses de l'Allemagne dans une guerre d'usure.

Après la guerre, il reste incorporé dans la nouvelle force réorganisée de cent mille hommes mise en place par le traité de Versailles, la Reichswehr, où il se spécialise dans la guerre motorisée. Parlant couramment l’anglais et le français, il étudie, influencé par J. F. C. Fuller et dans une moindre mesure par Liddell Hart, qu’il fait traduire. Il théorise l'emploi des blindés dans une armée moderne. Il définit aussi les principes et les caractéristiques des futurs blindés. Après la venue au pouvoir de Hitler, qui approuve sa vision sur l'utilisation des unités motorisées et blindées, Guderian participe à l'élaboration des Panzer I et II, légers et faiblement armés, puis des engins plus lourds de type Panzer III et IV, qui contribueront aux succès des campagnes de Pologne et de France. Dans son livre, Achtung - Panzer !, paru en 1936, Guderian développe ses conceptions d'utilisation de ces chars en unités autonomes et très mobiles, concentrées en un point du front et soutenues par l'aviation, ce qui sera appelé plus tard la guerre éclair ou Blitzkrieg.

Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il sert comme commandant du XIXe corps d’armée dans la campagne de Pologne et de France. Il participe à la mise au point du plan d'attaque de la France d'après une idée initiale de Manstein. Il défend l'idée qu'il faut utiliser le maximum de blindés pour percer les lignes ennemies[4].

Campagne de France

Il commande le XIXe corps d'armée en tête de l’effort principal lors de la percée de Sedan durant la campagne de France (« Fall Gelb ») et à ce titre s'empare, malgré les ordres d'arrêt de ses supérieurs, d'Amiens, de Boulogne-sur-Mer et de Calais. Il est stoppé, sur ordre de Hitler dans sa marche vers Dunkerque. Quelques jours plus tard, il contribue à l'encerclement des unités françaises de la ligne Maginot en menant ses troupes jusqu'à la frontière suisse.

Opération Barbarossa

Réservé sur les chances de succès de l'opération de l'invasion de la Russie, ses notes destinées à l'OKH, le haut commandement allemand, au sujet des effectifs soviétiques (en chars d'assaut, surtout), fondées sur ses missions en URSS en 1934, suscitent au cours de la phase préparatoire de l'opération des réactions amusées de la part de ses supérieurs[5], même si, dès le 4 août 1941, au cours d'une conférence d'État-Major à laquelle il prend part, Hitler lui donne raison[6].

Lors de l'invasion de l'URSS (opération Barbarossa), placé à la tête du Panzergruppe 2 - renommé, à partir du , la seconde armée panzer (2. Panzer-Armee), il est sous les ordres du Feldmarschall Fedor von Bock, commandant le groupe d'armées Centre. Il participe à l'avance vers Minsk et Smolensk dont il complète les encerclements par le sud. Il mène, avec ses divisions, plusieurs encerclements secondaires sur le flanc du groupe d'armées sans pouvoir progresser beaucoup vers l'est, bloqué par la combativité soviétique sur cet axe : ses unités sont bloquées devant Roslavl-Yelna, carrefour routier, pendant quelques semaines, par une résistance soviétique farouche[7]. À la fin de l'été, il défend l'idée d'une attaque directe sur Moscou avant l'arrivée du mauvais temps alors qu'Hitler décide de concentrer ses forces sur Kiev et l'Ukraine, malgré ses objections formulées lors de la réunion le 23 août[8].

Durant le mois de septembre, il participe néanmoins à la conquête de l'Ukraine, décidée par Hitler pour des motifs plus économiques que politiques ; cette offensive est une réussite malgré l'état des routes. Après ce succès éclatant, son groupe d'armées blindées participe à l'offensive contre Moscou, décidée courant septembre. Guderian, avec son groupe blindé, doit prendre la tête de la partie sud de la tenaille. L'offensive débute le 30 septembre et se solde par l'encerclement de Briansk, réduit le 18 octobre par l'infanterie, et la prise par surprise d'Orel, le 9 octobre en pleine journée ; cette brillante offensive s'achève, alors que les défenses de Moscou sont enfoncées, dans la boue générée par les pluies de l'automne russe[9].

Au mois de novembre, ses unités participent au dernier effort pour prendre la ville, lancé le 16 par un temps couvert ; lancées très à l'est de Moscou, bloquées aux environs de Toula, ses unités, décimées par le froid et le manque de ravitaillement, sont victimes de l'offensive soviétique de Joukov, lancée le 6 décembre[10]. Le 20 décembre au quartier-général de Rastenburg, Guderian tente en vain d'expliquer les faits à Hitler en demandant une retraite sur des points déjà fortifiés : face à Hitler, arc-bouté sur son expérience de soldat des tranchées, il défend la retraite sur des lignes plus courtes[11].

Il est limogé le 26 décembre, à la suite d'un rapport de Von Kluge[12] et se retrouve transféré dans la réserve de l’Oberkommando des Heeres.
Durant les premiers mois de cette campagne, il semble d'accord avec son supérieur hiérarchique, le Feldmarshall Fedor von Bock, de ne pas avoir fait appliquer le Kommissarbefehl[13], l'ordre d'exécution systématique des commissaires politiques et des cadres du Parti communiste soviétique, au fur et à mesure de l'avance allemande en URSS.

Inspecteur général des blindés

Guderian vit une période de disgrâce jusqu'à ce qu'il soit nommé, à partir du , au poste sur mesure d'inspecteur général des troupes blindées, poste qui dépend directement de Hitler : il obtient ainsi la haute main sur l'ensemble des unités blindés, qu'elles dépendent de la Wehrmacht ou de la SS, la conception des blindés et leur production, travaillant en lien avec Speer et les responsables des industries d'armement[14]. Il devient l'un des proches conseillers de Hitler en matière de choix d'armements : il encourage la mise en service de canons d'assaut chenillés, chasseurs de chars dotés d'une pièce surpassant en portée celle des véhicules ennemis[15]. À ce titre, il assiste à de nombreuses présentations d'équipements militaires, des blindés et des pièces d'artillerie[16], dont il défend l'engagement massif uniquement lorsqu'ils sont parfaitement au point et manœuvrés par des équipages formés[15]. De plus, officier d'état-major dépendant uniquement de Hitler, il le côtoie au quotidien des conférences et reconnaît les qualités de ce dernier comme commandant en chef[17].

Membre de l'État-Major général, mais sans rôle opérationnel, il aurait émis des réserves sur les chances de succès de l'opération Zitadelle (bataille de Koursk), dès les prémices de sa préparation lors de la conférence de Munich les 3 et 4 mai 1943[18], dont il anticipe l'échec en raison des faiblesses des chars Tigre et Ferdinand[19]. Son point de vue n'a convaincu ni la direction de l'armée ni Erich von Manstein qui commandait la plus puissante des forces chargées de l'attaque. Guderian privilégie la production de canons d'assaut et de chasseurs de chars. Ceux-ci, bien protégés, discrets par leur petite taille, bien armés, agiles et rapides, permettent de mieux combler le déficit en blindés que les chars classiques. Ils sont adaptés à la posture défensive de l'Allemagne de fin de guerre. Ces armes sont toutefois mal adaptées aux opérations offensives ou à la défense élastique, car ils sont dépourvus de tourelle et sont vulnérables s'ils viennent à décheniller. Incorporés dans les divisions d'infanterie motorisées (Panzergrenadiere) et les unités d’infanterie, les canons d'assaut permettent pour une grande part d’éviter la rupture du front à l’est. Ces armes prouvent aussi leur efficacité sur le front occidental. Guderian préconise la production exclusive de Panzer IV à la place de Panzer V Panther, qu'il juge trop long et trop coûteux à produire. Ses recommandations ne sont pas appliquées, même s'il obtient au moins que le Panzer IV, véritable colonne vertébrale de la Panzerwaffe, ne soit pas abandonné.

Ce travail est à la base de la refonte des unités blindées durant l'année 1943 ; la Panzerdivision voit ainsi son organisation modifiée : elle comporte quatre régiments, deux d'infanterie portée, deux de chars, composés pour l'un de quatre compagnies de Panther, pour l'autre de quatre compagnies de Panzer IV, soit 88 chars pour chaque régiment. À ces quatre régiments s'ajoutent un bataillon de chasseurs de chars, doté de 42 canons d'assaut chenillés, un bataillon de génie et un bataillon de transmissions : la nouvelle division compte ainsi 17 000 hommes, 180 chars et 50 canons d'assaut. De plus, ayant autorité sur l'ensemble des divisions blindées, il participe à la refonte des unités blindées SS, leur donnant la même structure que celle de la Wehrmacht, et en encourageant une utilisation dans chaque situation critique[20].

Guderian est cependant un acteur dans la conduite de la guerre, essentiellement à l'Est, là où est déployée la majorité des unités blindées qu'il a contribué à réformer. En effet, dès 1943, il défend l'idée de fortifier le front dans la profondeur, afin de mettre en place plusieurs lignes de défense, permettant de réaliser des économies dans le déploiement des unités. D'accord avec Hitler sur la nécessité de fortifier le front allemand, il diverge avec ce dernier sur l'usage stratégique de ces fortifications : Hitler souhaite utiliser les unités ainsi libérées pour attaquer à nouveau à l'Ouest, tandis que Guderian, appuyé par Speer, souhaite reconstituer une réserve stratégique dans le Reich[21].

Le 21 juillet 1944, le lendemain de l'attentat contre Hitler, Guderian, considéré comme l'un des plus nazis des généraux allemands, devient chef de l’état-major de l’armée de terre (OKH), en remplacement de Kurt Zeitzler[22]. Guderian prend aussi le rôle très politique de responsable du tribunal militaire chargé de purger l'armée à la suite de l'attentat du 20 juillet.

Juillet 1944 - mars 1945 : sur le front de l'Est

Guderian supervise les opérations du front de l'Est à partir de la fin de l'été 1944. Son état-major est situé à Zossen, dans le Brandebourg. Chef de l'OKH à compter de ce moment, il doit composer avec les demandes de l'OKW, responsable du front occidental, défendre le point de vue des commandants d'unités engagées sur le front de l'Est, ravalé dans la perspective de la préparation de l'offensive des Ardennes à une place secondaire dans les approvisionnements ; pour pallier cet état de fait, il propose, à de nombreuses reprises durant l'automne, l'évacuation, sur des positions préparées à l'avance[23], d'un certain nombre de territoires occupés par la Wehrmacht, ce qui aurait pour effet un raccourcissement du front et des lignes de communication. Cependant, ses incessantes demandes de renfort ne sont pas toutes refusées, car il obtient en janvier 1945, le renfort de quatre divisions, en échange d'un affaiblissement du front devant Varsovie, les unités prélevées étant dirigées sur la Hongrie[24].

S'il doit composer avec les demandes du front occidental, les unités qu'il dirige sont encore en mesure d'infliger, peu de temps après sa prise de commandement, un coup d'arrêt devant Varsovie à l'offensive soviétique, avec des unités de Panzer rameutées de Galicie[25]. De plus, à l'automne, il coordonne la défense victorieuse de la Prusse-Orientale, face à une première tentative d'invasion soviétique[26].

Nouveau chef d'état-major, nommé dans le contexte de l'échec de l'attentat du 20 juillet, chargé des opérations sur le front de l'Est, il doit démontrer sa loyauté au régime : ainsi, il s'entoure de collaborateurs non seulement compétents mais aussi fidèles du régime ; dès le 29 juillet, il décrète que l'ensemble des officiers d'état-major doit aussi être officier instructeur national-socialiste. Rapidement, ses relations avec Hitler se tendent, malgré l'assentiment de Goebbels à sa nomination[27].

À l'automne 1944, après avoir reconstitué un réseau militaire en Pologne[28] et coordonné la défense victorieuse de la Prusse orientale[29], il défend, lors de la préparation d'une offensive d'hiver, l'opportunité de déclencher cette offensive sur le front de l'Est, contre l'avis de Hitler, qui voit dans la situation des Alliés occidentaux une occasion pour reprendre l'initiative[30]. Dans le même temps, d'accord avec les commandants du fronts, mais en désaccord avec Hitler il travaille à la réforme de l'organisation du front de l'Est, proposant une refonte de la ligne de front, refusée par Hitler[31]; à chaque demande de retrait préalable d'unités vers l'arrière, le refus essuyé par Guderian est toujours justifié de la même manière : Hitler accuse ses généraux de « toujours regarder vers l'arrière »[32].

Peu de temps avant le déclenchement de l'opération Nordwind en Alsace, informé de l'ampleur de la préparation de l'offensive d'hiver soviétique par les services de Gehlen[33], il demande à Jodl et à Hitler (il se rend à trois reprises au poste de commandement de Hitler entre le 24 décembre 1944 et le 9 janvier 1945[34]) des renforts pour le front de la Vistule, et doit affronter un refus[35]. Lors de sa deuxième visite, il obtient le renfort de quatre divisions blindées, aussitôt dirigées, à la demande de Hitler, vers la Hongrie, et engagées dans les opérations autour de Budapest[33].

Analysant correctement les renseignements mis à sa disposition par Gehlen, le chef du renseignement militaire allemand, il pronostique non seulement le déclenchement de l'offensive d'hiver soviétique, mais aussi ses principaux axes de pénétration à l'intérieur des territoires contrôlés par le Reich[36].

À partir du déclenchement de l'offensive Vistule-Oder, ses relations avec Hitler deviennent houleuses, ce dernier opérant, contre toute raison, des changements de commandement tels que, selon Léon Degrelle, plus personne ne comprend rien à la valse des commandants d'unités, valse que Guderian interprète comme un symptôme d'une méfiance exagérée de Hitler à l'égard du commandement[37]. Ainsi, le 16 janvier 1945, il doit affronter la colère de Hitler au sujet de l'évacuation de Varsovie : L'OKH émet un ordre de retraite le 15 janvier, pensant que le ville est déjà tombée, mais, en fin de journée, lors de la conférence avec Hitler, est annoncé que l'évacuation se poursuit, Hitler ordonne son arrêt, refusé par les officiers en poste sur le front[38]. À l'issue de ces mouvements de troupes, ses collaborateurs et lui-même sont inquiétés : deux de ses proches conseillers sont envoyés sur le front, un troisième en camp de concentration et Guderian lui-même, cardiaque, est interrogé pendant deux jours par la Gestapo[39].

Dès le 14 janvier 1945, durant la phase d'exploitation de cette offensive, il n'est plus dupe sur les capacités des unités allemandes à stopper efficacement les pointes blindées soviétiques, sans l'apport des unités déployées en Hongrie depuis le mois de décembre afin de dégager la capitale hongroise encerclée[40]. Face aux succès soviétique, affolé, il supplie Hitler de lui confier les moyens de défendre le bassin industriel de Haute-Silésie, directement menacé depuis le 15 janvier[41], et réellement mis en défense à partir du 22 janvier.

Pour défendre Berlin, directement menacée, Guderian improvise la concentration de toutes les unités disponibles sur l'Oder, dans le cadre d'un groupe d'armées Vistule confié, contre le souhait du chef de l'OKH, à Himmler, flanqué, après un échange violent avec Hitler, de Walther Wenck[42]. Totalement dépassé par les deux percèes soviétiques autour de Sandomierz et de Varsovie, Guderian se rapproche de Jodl, responsable de l'OKW, pour lui demander des unités de renfort afin de stopper l'avance soviétique[43]. Durand le mois de mars, il suit les consignes de Hitler, ordonne des contre-attaques sur les positions soviétiques de l'Ouest de l'Oder, parfois contre l'avis de ses commandants d'unités, toutes ses actions vouées à l'échec accentuent sa disgrâce, matérialisée par son renvoi définitf le 28 mars 1945, à l'occasion de l'échec de la dernière contre-offensive allemande du secteur, destinée à dégager la ville de Küstrin[44].

Devant l'ampleur de la défaite allemande qui se profile au début 1945, il se rapproche, au début du mois de mars, de Himmler, dont il n'ignore pas les liens avec des diplomates de pays neutres, pour lui suggérer de tenter de parvenir à un accord avec les Américains et les Alliés occidentaux[45]. Goebbels, fin observateur des luttes de pouvoir au sein du Troisième Reich, voit dans ces démarches l'une des causes, sinon la cause principale, de son renvoi[44].

Le 15 mars 1945, d'accord avec Speer, il s'oppose à certaines dispositions contenues dans les ordres de terre brûlée édictés par Hitler : en effet, il soumet les dynamitages des infrastructures de transport à une autorisation spécifique pour chaque destruction[46].

Il s'oppose de plus en plus à Hitler — par exemple sur les opérations en Hongrie —. Au mois de février 1945, il affronte Hitler à de nombreuses reprises et doit littéralement être extirpé de ses confrontations, le 4 février par Göring, lors d'une échange sur la contre-attaque allemande en Poméranie, le même jour par son aide de camps à la suite d'un échange de vue au sujet de l'évacuation de la poche de Courlande[47]. Il est limogé le , après une scène très violente au sujet de l'échec de la contre-offensive contre la tête de pont soviétique autour de Küstrin[48] : début mars, la ville n'est ravitaillée que par un étroit couloir de trois kilomètres de large et est totalement encerclée le 22 mars. Une contre-offensive est rapidement lancée mais débouche sur un échec en dépit des moyens engagés ; Guderian, responsable du front Est, est alors rendu responsable de cet échec[49].

Il est remplacé par le terne général Krebs, compétent mais falot, incapable surtout d'affronter Hitler sur la conduite de la guerre à l'Est et sur les décisions opérationnelles du quotidien du conflit[50].

Après-guerre

Guderian est fait prisonnier par les Américains le et libéré le , malgré les protestations des gouvernements soviétique et polonais. Lors du procès de Nuremberg en 1946, il n'a pas été reconnu coupable de crimes de guerre, ses actions ayant été jugées cohérentes de la part d'un soldat professionnel.

Famille

Son fils Heinz Günther Guderian (23 août 1914 – 25 septembre 2004) fut officier de la Wehrmacht puis après la guerre, officier, major général et inspecteur des troupes blindées de la Bundeswehr et de l'OTAN.

Mémoires

Guderian est le premier des grands chefs militaires allemands à publier ses mémoires, Panzer Leader. Le livre est un succès de librairie et donne une version des campagnes de France et d'URSS qui, combinée avec le texte de Erich von Manstein, Victoires Perdues, marque longtemps l'historiographie de la Seconde Guerre mondiale.

Dans ses mémoires, Guderian s'abstient de tout point de vue autre que militaire et passe sous silence toutes les exactions dont il a pu être témoin, aussi bien sur le front qu'en tant qu'inspecteur des troupes blindées. Il affirme par exemple n'avoir jamais reçu « l'ordre sur les commissaires » (Kommissarbefehl), émis par sa hiérarchie juste avant l'invasion de l'Union soviétique, et qui autorise les troupes à commettre des crimes de guerre. Or, il sera plus tard prouvé que Guderian avait bel et bien reçu cet ordre, et l'avait transmis aux unités sous son commandement[51].

Guderian blâme Hitler pour l'essentiel des erreurs allemandes et ne reconnaît guère s'être trompé. Son texte est l'un des principaux écrits à l'origine du mythe d'une Wehrmacht « propre ».

Décorations

Propriété en Pologne occupée

Après l'invasion de la Pologne, un grande nombre de propriétés furent saisies par le gouvernement allemand. Hitler, pour s'assurer de la loyauté de ses principaux généraux, leur offrit des biens et, au printemps 1942, il suggéra que Guderian s'installe dans le Warthegau, terre de ses ancêtres, en Pologne annexée[54]. Après avoir reçu une liste de plus d'une douzaine de propriétés polonaises et les avoir visitées, il porta son choix sur un très grand domaine qui ne figurait pas sur la liste[54]. Mais devant l'opposition du Gauleiter Arthur Greiser, appuyé par Himmler, compte tenu de la taille de ce domaine (2 800 hectares), Guderian fit le choix dans une seconde liste[54]. En octobre 1943, il se vit accorder une propriété de 974 hectares à Deipenhof[55] (aujourd'hui Głębokie (en), près de Kruszwica). Les occupants furent expulsés et il en fit sa résidence familiale[54]. Après guerre, Guderian a, dans ses mémoires, changé les dates et les circonstances de la situation afin de présenter la prise de contrôle de cette propriété comme un cadeau légitime pour y passer sa retraite[56],[54].

Citations

« Si les chars d’assaut réussissent, alors la victoire suit. »

Notes

  1. Ne pas confondre avec Chełmno nad Nerem, qui a donné son nom au camp d’extermination de Chelmno.
  2. L’Express, no 2937, du 18 au 24 octobre 2007, dossier « Metz en 1900 ».
  3. Le Hannoverisches Jäger-Bataillon Nr. 10, commandé par le Major Guderian a célébré son centenaire à Bitche en décembre 1903. Il quitta Bitche en octobre 1909 Visite de l'Empereur Guillaume II à Bitche le 14 mai 1903.
  4. Karl-Heinz Frieser, Le Mythe de la guerre-éclair – La Campagne de l’Ouest en 1940 [détail des éditions].
  5. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 165.
  6. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 170.
  7. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 169.
  8. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 171.
  9. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 173 à 175.
  10. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 179.
  11. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 181 et 182.
  12. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 183.
  13. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 167.
  14. Philippe Masson, Hitler, chef de guerre, p. 301.
  15. a et b Philippe Masson, Hitler, chef de guerre, p. 303.
  16. d'Almeida, L'Œil du IIIe Reich, p. 103.
  17. Philippe Masson, Hitler, chef de guerre, p. 219.
  18. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 249.
  19. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 252.
  20. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 303.
  21. Jean Lopez, Berlin, p. 47.
  22. Philippe Masson, Hitler, chef de guerre, p. 249.
  23. Jean Lopez, Berlin, p. 48.
  24. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 447 et 448.
  25. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 393.
  26. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 425.
  27. Ian Kershaw, La Fin, p. 75 et 76.
  28. Jean Lopez, Berlin, p. 53.
  29. Ian Kershaw, La Fin, p. 150 à 155.
  30. Ian Kershaw, La Fin, p. 176.
  31. Jean Lopez, Berlin, p. 57.
  32. Jean Lopez, Berlin, p. 58.
  33. a et b Ian Kershaw, La Fin, p. 229.
  34. Ian Kershaw, La Fin, p. 228.
  35. Ian Kershaw, La Fin, p. 221.
  36. Jean Lopez, Berlin, p. 145.
  37. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 449-450.
  38. Jean Lopez, Berlin, p. 206.
  39. Jean Lopez, Berlin, p. 207.
  40. Jean Lopez, Berlin, p. 186.
  41. Jean Lopez, Berlin, p. 187.
  42. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 451-452.
  43. Jean Lopez, Berlin, p. 203.
  44. a et b Jean Lopez, Berlin, p. 320.
  45. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, p. 498.
  46. Ian Kershaw, La Fin, p. 372.
  47. Jean Lopez, Berlin, p. 323.
  48. Philippe Masson, Hitler, chef de guerre, p. 274.
  49. Ian Kershaw, La Fin, p. 328.
  50. Ian Kershaw, La Fin, p. 394.
  51. Bartov, Hitler's Army, p. 88.
  52. Fellgiebel 2000, p. 171.
  53. Fellgiebel 2000, p. 50.
  54. a b c d et e (en) Ronald Smelser et Edward J. Davies II, The Myth of the Eastern Front: The Nazi-Soviet War in American Popular Culture, New York, Cambridge University Press, , 327 p. (ISBN 978-0521833653, lire en ligne), p. 106-107.
  55. (de) Winfried Vogel (de), « … schlechthin unwürdig », sur zeit.de, Die Zeit, (consulté le Date invalide (6 juin2015)), p. 5-6.
  56. (en) Anthony Beevor, Berlin: The Downfall, 2002, p. 13.

Bibliographie

Bibliographie générale

  • Jurgen Thorwald (trad. Raymond Albeck, ill. cartes Henri Jacquinet), La débâcle allemande : De l’agonie de l’Allemagne à la chute de Berlin [« Die grosse flucht : Es began an der Weichsel das ende en der Elbe »], Paris, J’ai lu, coll. « J’ai lu leu aventure » (no A167), , 513 p., poche
  • Antony Beevor (trad. Jean Bourdier, ill. photos divers), La chute de Berlin [« Berlin. The downfall »], Editions de Fallois, , 640 p., poche (ISBN 2-253-10964-9), p. 45-56
  • Ian Kershaw, La Fin : Allemagne, 1944-1945, Paris, Seuil, , 665 p. (ISBN 978-2-02-080301-4)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean Lopez, Berlin : Les offensives géantes de l'Armée Rouge. Vistule - Oder - Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, , 644 p. (ISBN 978-2-7178-5783-2)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Basil H. Liddel Hart (trad. Lola Tranec (1948) et Antoine Bourguilleau (2011), préf. Antoine Bourguilleau (février 2011)), Les généraux allemands parlent [« The Oher Side of the Hill »], Perrin, coll. « Collection Tempus », , 568 p., poche (ISBN 978-2-262-03539-6)
    Deux chapitres sont consacrés à Guderian (chap. 5 et une partie du 7).

Ouvrages de Heinz Guderian

Bibliographie sur Heinz Guderian

Sur les autres projets Wikimedia :

Commandements