Colonie de peuplement
Une colonie de peuplement (en anglais : settler colonialism) est une colonie vers laquelle un État envoie une partie de sa population (hommes, femmes et enfants) l'habiter de manière significative, afin d'y établir une présence pérenne et autonome et d'y bâtir une société semblable ailleurs dans le monde. Cette nouvelle société s'épanouit et se développe en particulier grâce à l'agriculture, à la chasse et au commerce. Elle s'oppose à la colonie-comptoir. La colonisation de peuplement est la forme la plus violente de colonisation, s'accompagnant d'un lot de nettoyages ethniques, surtout lorsque les colons veulent faire disparaître les populations et les cultures autochtones en place[1] , [2].
Définition
[modifier | modifier le code]Une colonie de peuplement est un territoire colonial où s'installent un nombre important de colons[3].
Quelques exemples par zone géographique
[modifier | modifier le code]Europe
[modifier | modifier le code]- L'Islande, colonisée par les Vikings ;
- L'Irlande (1169-), par Normands et Angles ;
- Chypre, colonisée par les Grecs, puis les Turcs venus d'Anatolie ;
- La Thrace, colonisée par les Ottomans ;
- La Bulgarie, colonisée par les Ottomans ;
- Les Pays baltes, occupés par l'Union soviétique, colonisés par des Russes ethniques
Afrique du Nord
[modifier | modifier le code]- L'Algérie, colonisée par la France (1830-1962, Algérie française, pieds-noirs, algérianisme).
Afrique subsaharienne
[modifier | modifier le code]- Le Cap et les Républiques boers, colonisés par les Pays-Bas, puis par le Royaume-Uni ;
- Le Sahara occidental, après la marche verte de 1975, les autorités marocaines ont encouragé l'installation de Marocains dans ce territoire disputé[4].
Proche-Orient / Moyen-Orient
[modifier | modifier le code]- L'Anatolie, colonisée par les Grecs suivis des Turcs venus d'Asie centrale ;
- Les territoires palestiniens occupés par des colonies israéliennes. La population occupante implante sa population civile en violation de la quatrième convention de Genève[5],[6],[7],[8] dans un territoire occupé militairement.
Asie centrale, orientale
[modifier | modifier le code]- La Sibérie, colonisée par des populations russes à partir du XVIe siècle.
Amérique
[modifier | modifier le code]- L'Amérique hispanique, colonisée par l'Espagne ;
- Le Brésil, colonisé par le Portugal ;
- Le Québec, colonisé par la France ;
- Les Treize Colonies, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud, colonisés par le Royaume-Uni ;
- L'Ouest américain, colonisé par les États-Unis.
Océanie
[modifier | modifier le code]- L'Australie (1788), par le Royaume-Uni ;
- La Nouvelle-Zélande (1788), par le Royaume-Uni.
- La Nouvelle Calédonie (1853), par la France[9]
Quelques exemples par époque
[modifier | modifier le code]- Génocide des Héréros et des Namas (1904, Namibie)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jane Carey et Ben Silverstein, « Thinking with and beyond settler colonial studies: new histories after the postcolonial », Postcolonial Studies, vol. 23, no 1, , p. 1–20 (ISSN 1368-8790, DOI 10.1080/13688790.2020.1719569 , hdl 1885/204080 , S2CID 214046615) :
« The key phrases Wolfe coined here – that invasion is a 'structure not an event'; that settler colonial structures have a 'logic of elimination' of Indigenous peoples; that 'settlers come to stay' and that they 'destroy to replace' – have been taken up as the defining precepts of the field and are now cited by countless scholars across numerous disciplines. Les expressions clés inventées par Wolfe ici – que l’invasion est une « structure et non un événement » ; que les structures coloniales de peuplement ont une « logique d’élimination » des peuples autochtones ; que « les colons viennent pour rester » et qu’ils « détruisent pour remplacer » – ont été reprises comme les préceptes déterminants du domaine et sont désormais citées par d’innombrables chercheurs dans de nombreuses disciplines. »
-
(en) Lorenzo Veracini, The Routledge Handbook of the History of Settler Colonialism, Routledge, (ISBN 978-0-415-74216-0), « Introduction: Settler colonialism as a distinct mode of domination », p. 4 :
« Settler colonialism is a relationship. It is related to colonialism but also inherently distinct from it. As a system defined by unequal relationships (like colonialism) where an exogenous collective aims to locally and permanently replace indigenous ones (unlike colonialism), settler colonialism has no geographical, cultural or chronological bounds. It is culturally nonspecific... It can happen at any time, and everyone is a settler if they are part of a collective and sovereign displacement that moves to stay, that moves to establish a permanent homeland by way of displacement. Le colonialisme de peuplement est une relation. Il est lié au colonialisme mais aussi intrinsèquement distinct de celui-ci. En tant que système défini par des relations inégales (comme le colonialisme) où un collectif exogène vise à remplacer localement et de manière permanente les autochtones (contrairement au colonialisme), le colonialisme de peuplement n'a pas de limites géographiques, culturelles ou chronologiques. Il est culturellement non spécifique... Il peut se produire à tout moment, et tout le monde est un colon s'il fait partie d'un déplacement collectif et souverain qui se déplace pour rester, qui se déplace pour établir une patrie permanente par le biais du déplacement. »
- Emmanuel Melmoux, David Mitzinmacker, Lexique d'histoire géographie, Paris, Nathan, , 239 p. (ISBN 9-782091-845364), p. 42
- (en) « The Roots of Conflict: From Settler-Colonialism to Military Occupation in the Western Sahara (Part 1) », (consulté le )
- « Conférence Internationale du Travail - La situation des travailleurs des territoires arabes occupés », Bureau International du Travail, (ISBN 9789222195060), p. 19
- Assemblée parlementaire Documents de séance Session ordinaire 2002 (troisième partie), juin 2002, Volume VI, vol. VI, Conseil de l'Europe, , 259 p. (ISBN 978-92-871-5086-8, ISSN 0252-0656, lire en ligne), p. 218.
- « Résolution 7/18 - Les colonies de peuplement israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé », Conseil des droits de l’homme, (consulté le ).
- « La question de Palestine - Colonies de peuplement israéliennes en territoire palestinien occupé », ONU (consulté le ).
- La circulaire Messmer de 1972, « opération de peuplement outre-mer » "La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est probablement le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants."
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Colonisation, colonialisme
- Transfert de population, migration de peuplement
- Doctrine de la découverte, Terra nullius
- Génocide, génocide culturel, ethnocide
- Assimilationnisme, acculturation, intégration culturelle, transculturation
- Impérialisme culturel
- Peuple autochtone, Droit des peuples autochtones (Déclaration des droits des peuples autochtones)
- Études postcoloniales, Études décoloniales, Guerres de l'histoire
Liens externes
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