Durag
Le durag, do-rag plus vu chez les hommes afro américains, doo-rag ou du-rag est un couvre-chef, généralement de la forme d'un bonnet serré à l'aide de lacets intégrés. Il est utilisé pour obtenir une coiffure de "waves", ou porté pour protéger les cheveux, les tresses ou les dreadlocks[1]. Considéré pendant des années comme un signe communautaire, il devient ensuite un accessoire de mode des stars du rap et de la pop[2].
Historique
[modifier | modifier le code]Le durag est considéré comme un objet d'oppression à l'époque de l'esclavage[3],[4]. Vogue UK explique que le durag était « une façon de cacher la beauté des femmes noires » et de montrer leur statut de dominées[5], mais surtout il avait le rôle fonctionnel d’éviter que les cheveux longs tombent sur leur visage pendant les heures de travail. Dans les années 1930, lors de la renaissance de Harlem et de la Grande Dépression, le durag est devenu un objet courant dans les foyers afro-américains[6].
Pour le New York Times, il n'y a pas d'inventeur « spécifique » du durag[7]. Ce journal fait état de Darren Dowdy, président de la société pour produit capilaire So Many Waves, qui a vendu des durags pour la première fois en 1979 dans un kit de coiffure[7], pour aider certaines coiffures à tenir[7].
Dans les années 1990 et 2000, le durag est une pièce incontournable du style hip-hop[7]. Il est notamment popularisé par des rappeurs comme Memphis Bleek, Jay-Z, Nelly, Ja Rule, 50 Cent et dans une certaine mesure Eminem[7],[5]. La signification du durag, un objet pour les cheveux, change[5]. Il est perçu comme ayant un côté « criminel », associé à l'allure de certains membres de gang[5]. Le durag est interdit dans de nombreux établissements scolaires aux États-Unis[5]. En 2001 la National Football League puis en 2005 la National Basketball Association interdisent le port du durag[8]. Le durag étant essentiellement porté par les joueurs afro-américains, les motivations de ce choix sont sujettes à débat[9]. Emma Dabiri, auteure du livre en anglais Don't Touch My Hair, explique que les durags « ont été diabolisés, comme de nombreuses formes d'expressions culturelles noires »[5],[10].
Dans les années 2010, l'accessoire passe dans la mode au travers de personnalités comme Rihanna, qui l'introduit à plusieurs reprises, à la fois sur scène et dans sa collection de vêtement Fenty X Puma. De même que Solange Knowles, ou Janelle Monae, sur le tapis rouge du Met Gala en 2018[7],[11],[12]. En , lors des Grammy Awards 2020, le rappeur californien Guapdad 4000 porte un durag de 3 mètres de long créé par Faded NYC[12]. En 2014, Chanel met en vente une pièce bleue mais la marque est accusée d'appropriation culturelle[13],[10].
En 2020, Rihanna pose avec un durag en couverture du Vogue UK[5],[12],[3]. Cette une est qualifiée d'« historique » par plusieurs médias. En 104 ans d'existence du magazine, c'est la première fois qu'une femme est coiffée de cet accessoire[3],[12].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Tom Dalzell, The Routledge Dictionary of Modern American Slang and Unconventional English, Routledge, , 308 p. (ISBN 978-0-415-37182-7, lire en ligne)
- Christelle Murhula, « D’objet de stigmatisation à symbole de fierté, le durag relève la tête », Le Monde, (lire en ligne)
- Nawal Bonnefoy, « Pourquoi la dernière couverture du Vogue britannique avec Rihanna est historique », BFMTV, (lire en ligne)
- (en) Jabari Asim, « The Case Against Do-Rags », Washington Post, (lire en ligne)
- (en) Funmi Fetto, « Rihanna Wears The First Durag On The Cover Of British Vogue », Vogue UK, (lire en ligne [archive du ])
- (en) Claude J. Easy, « Du-rag back: Why staying silky has always been the wave », Kulture Hub, (lire en ligne)
- (en) Sandra E. Garcia, « The Durag, Explained », New York Times,
- (en) Brian Josephs, « Who Criminalized the Durag? », GQ, (lire en ligne)
- (en) « NFL to players... dump the do-rags », Chicago Tribune, (lire en ligne [archive du ])
- Valentin Etancelin, « Le durag de Rihanna en couverture de "Vogue" est tout sauf anodin », Huffington Post France, (lire en ligne)
- (en) Alisha Acquaye, « The Renaissance of the Durag », Allure, (lire en ligne)
- (en) Priya Elan, « Rihanna makes history: 'Did I ever imagine that I would see a durag on the cover of Vogue?' », The Guardian, (lire en ligne)
- (en) Ryan Parker, « Chanel is not making ‘urban tie caps’; model hairpiece draws ire », Los Angeles Times, (lire en ligne [archive du ])