Groupe de bombardement Lorraine
Groupe de bombardement Lorraine | |
Insigne du groupe Lorraine - 342 Squadron RAF | |
Création | 1940 |
---|---|
Dissolution | 1953 |
Pays | France |
Allégeance | France libre |
Branche | Armée de l'air |
Type | Bombardement Chasse Reconnaissance |
Fait partie de | Forces aériennes françaises libres |
Devise | "Nous y sommes" |
Équipement | Hawker Hurricane Westland Lysander Bristol Blenheim Douglas A-20 Havoc North American B-25 Mitchell de Havilland DH.98 Mosquito Météor NF11 |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
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Le groupe de bombardement Lorraine est une unité militaire des Forces aériennes françaises libres constituée pendant la Seconde Guerre mondiale. Formé de personnels de l'Armée de l'air s'étant ralliés à la France libre en 1940, le groupe prend part aux combats en Afrique et au Proche-Orient avant de s'illustrer plus particulièrement sur le front occidental, participant notamment à la destruction des rampes de lancement de V1 et au soutien aérien du débarquement de Normandie. Après la guerre, l'unité se spécialise en reconnaissance et en chasse de nuit avant d'être dissoute en 1953.
Création et différentes dénominations
[modifier | modifier le code]- novembre 1940 : Groupe réservé de bombardement n° 1
- : le GRB 1 devient le Groupe de bombardement n° 1 "Lorraine"
- : le GB "Lorraine" est intégré au commandement de la Royal Air Force sous le nom de No.342 Squadron
- 1946 : Groupe de bombardement 1/20 "Lorraine"
- 1946 : groupe de reconnaissance 1/31
- : Groupe mixte de reconnaissance et de chasse de nuit
- : Groupe de chasse de nuit 1/31
Historique
[modifier | modifier le code]Constitution et premiers combats
[modifier | modifier le code]Après l'armistice du 22 juin 1940, de nombreux soldats, sous-officiers et officiers de l'Armée de l'air se rallient à la France libre et commencent à combattre en des lieux et unités divers, notamment en Afrique-Équatoriale française (AEF). En novembre 1940, le général de Larminat, Haut-Commissaire de la France libre pour l'AEF, met sur pied le Groupe réservé de bombardement no 1 (GRB1) et place à sa tête le capitaine Jean Astier de Villatte. Composé de deux escadrilles basées à Fort-Lamy au Tchad et à Maiduguri au Nigéria, le GRB1 assure notamment la couverture aérienne de la colonne Leclerc lors de la bataille de Koufra au début de l'année 1941. Renommée Groupe de bombardement no 1 (GB1) en mars 1941, l'unité participe à la campagne d'Afrique de l'Est en Abyssinie et en Érythrée. Il est ensuite déplacé à Damas en compagnie du Groupe de Bombardement no 2 (GB2)[1],[2],[3].
Le Lorraine
[modifier | modifier le code]Le , sous l'impulsion de Lionel de Marmier, le GB1 et le GB2 fusionnent pour former une nouvelle unité qui prend l’appellation de Groupe de bombardement no 1 Lorraine et est équipé du bombardier Blenheim. En novembre et décembre 1941, le Lorraine opère aux côtés de la Royal Air Force en Libye contre les colonnes de l'Afrikakorps. Puis il retourne en Syrie où ses deux escadrilles Metz et Nancy sont respectivement basées à Rayak et Damas. Le groupe est alors chargé de missions de convoyage et de surveillance sur la côte méditerranéenne. Destiné ensuite à servir sur le front occidental, le groupe Lorraine embarque à Suez en octobre 1942 en direction de l'Angleterre[1],[2],[3].
Au sein de la Royal Air Force
[modifier | modifier le code]Débarqué à Greenock le , le personnel du groupe est envoyé en stage dans diverses écoles d'aviation britanniques. Le , sur la base de West Raynham dans le Norfolk, le groupe est reconstitué et intégré au sein de la Royal Air Force (RAF) sous l’appellation no 342 Squadron RAF mais conservant son appellation Lorraine pour les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Subordonné à la 137e Wing RAF et équipé de Douglas Boston, il réalise des opérations de bombardement sur la France et les Pays-Bas, ciblant notamment les centrales électriques, les gares de triage et les sites de lancement de V1. Le , le Lorraine est transféré sur la base d'Hartford Bridge et opère principalement sur la France. Il détruit entre autres le poste de transformation de Chevilly-Larue qui alimente toute la région parisienne en électricité. Au printemps 1944, le groupe se spécialise en bombardement de nuit[1],[2],[3].
Libération de la France et avancée en Europe
[modifier | modifier le code]Le , le groupe Lorraine fait partie de la composante aérienne du débarquement de Normandie. Tôt dans la matinée, il est chargé de répandre à très basse altitude des écrans de fumée sur les côtes de manière à protéger les troupes aux sol contre les bombardements ennemis. Lors de la bataille de Normandie, il s'attaque aux divisions blindées allemandes et participe à la réduction de la poche de Falaise en août 1944. En octobre 1944, le groupe est transféré en France et s'installe sur l'aérodrome de Vitry-en-Artois. Suivant l'avancée des troupes alliées en Europe, le Lorraine participe à la bataille des Ardennes, à la libération d'Arnhem et au bombardement des ponts sur le Rhin. Nouvellement équipé de B-25 Mitchell, le groupe s'installe aux Pays-Bas le et effectue sa dernière mission de guerre le 2 mai 1945[1],[2],[3].
Le 28 mai 1945, le groupe de bombardement Lorraine reçoit la Croix de la Libération. Au cours du conflit, il a effectué plus de 3 000 sorties, déversant 2 500 tonnes de bombes et perdant 127 hommes. Le 10 juin 1945, il participe à un défilé aérien dans le ciel de Francfort puis, une semaine plus tard, au-dessus des Champs-Élysées en formant une croix de Lorraine avec ses appareils[1],[2],[3].
Après-Guerre
[modifier | modifier le code]Le , le groupe Lorraine quitte le commandement de la RAF pour celui de l'Armée de l'air française. Basé en 1946 sur la base aérienne de Cambrai sous l'appellation de groupe de bombardement 1/20 "Lorraine", il devient ensuite groupe de reconnaissance 1/31 et se spécialise en chasse de nuit sur de Havilland DH.98 Mosquito. Basé au Maroc en octobre 1946, il devient Groupe mixte de reconnaissance et de chasse de nuit le puis, équipé de Météor NF11, Groupe de chasse de nuit 1/31 le . En 1952, il est déplacé sur la base aérienne de Tours et est dissous un an plus tard pour donner naissance à la 30e escadre de chasse qui hérite des traditions du groupe Lorraine[1],[2],[3].
Commandants
[modifier | modifier le code]Chefs de groupe du GB Lorraine
[modifier | modifier le code]- novembre 1940 - septembre 1941 : commandant Jean Astier de Villatte
- septembre 1941- octobre 1941 : capitaine Pierre Tassin de Saint-Péreuse
- octobre 1941 - décembre 1941 : commandant Edouard Corniglion-Molinier
- décembre 1941 : lieutenant-colonel Charles Pijeaud
- décembre 1941 - janvier 1942 : capitaine Pierre Tassin de Saint-Péreuse
- janvier 1942 - avril 1942 : capitaine Joseph Pouliquen
- Mai 1942 - juin 1945 : capitaine Lucien Brierre
- Juillet 1945 - mars 1952 : colonel Pierre Henri Faselblatt
Chefs de groupe du GB Lorraine, No. 342 Squadron
[modifier | modifier le code]- - décembre 1943 : lieutenant-colonel Henry de Rancourt de Mimérand
- décembre 1943 - novembre 1944 : commandant Michel Fourquet
- novembre 1944 - février 1945 : lieutenant-colonel Jacques Soufflet
- février 1945 - juillet 1945 : commandant Gustave Mentré[4]
- 1945 - 1947 : commandant Jean-Louis Garot
Chefs de groupe du Groupe de bombardement 1/20 "Lorraine"
[modifier | modifier le code]- 1945 - 1946 : commandant Jean-Louis Garot
Chefs de groupe du groupe de reconnaissance 1/31
[modifier | modifier le code]- 1946 - 1947 : commandant Jean-Louis Garot
Postérité et hommages
[modifier | modifier le code]- À Brebières, dans le Pas-de-Calais, une avenue a été baptisée en l'honneur du groupe Lorraine[5]. Une stèle est également érigée à l'entrée de cette voie[6].
- Un monument commémoratif en l'honneur du groupe a été érigé sur l'aérodrome de Vitry-en-Artois[7].
- Sur Utah Beach, à Sainte-Marie-du-Mont, le groupe est mentionné sur le monument de la 1st engineer special brigade[8].
- À Arromanches-les-Bains, le groupe a donné son nom à une place sur laquelle figure également une stèle[9],[10].
- Au sein de l'ancienne base aérienne 112 Reims-Champagne était érigé un monument commémoratif au groupe Lorraine[11].
- Des Douglas Boston du groupe Lorraine sont visibles dans le film Le Chemin des étoiles[12]. L'équipe de tournage a en effet réalisé ses enregistrements sur divers aérodromes d'Angleterre dont celui ou était basé le groupe.
- L'écrivain Romain Gary a écrit certaines de ses œuvres alors qu'il était affecté au groupe Lorraine. Certaines, comme La promesse de l'aube, font directement référence à l'unité et a des évènements vécus par l'auteur durant son service..
- Le groupe et ses actions sont évoqués dans le film éponyme tirés du roman de Romain Gary en 1970, ainsi que dans celui de 2017.
-
Monument commémoratif de Vitry-en-Artois.
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Autre vue du monument.
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Troisième vue du monument.
Personnalités ayant servi au Groupe Lorraine
[modifier | modifier le code]Compagnons de la Libération
[modifier | modifier le code]- Émile Allegret (1907-1990), pilote ;
- Jean Astier de Villatte (1900-1985), chef du groupe de novembre 1940 à septembre 1941 ;
- Jacques Ballet (1908-2000), officier observateur ;
- Bernard Barberon (1916-1982), pilote ;
- René Bauden (1918-2011), mitrailleur ;
- Pierre-Louis Bourgoin (1907-1970), chef de l'élément terrestre ;
- Pol Charbonneaux (1909-1954), pilote ;
- Édouard Corniglion-Molinier (1898-1963), chef du groupe d'octobre à décembre 1941 ;
- Robert Cunibil (1915-1999), mécanicien ;
- André Delfau (1920-1948), radio-mitrailleur ;
- Henri Drouilh (1991-1943), pilote ;
- François Dumont (1918-1997), mécanicien puis radio-mitrailleur ;
- Yves Ezanno (1912-1996), pilote ;
- Louis Flury-Hérard (1898-1941), observateur ;
- Michel Fourquet (1914-1992), chef du groupe de décembre 1943 à novembre 1944 ;
- Roger Furst (1912-1972), radiomitrailleur ;
- Jean-Louis Garot (1916-1990), pilote, chef du groupe de 1945 à 1947 ;
- Romain Gary (1914-1980), officier observateur ;
- René Gatissou (1915-2012), chef mécanicien ;
- Alexandre Gins (1911-1973), pilote ;
- Jean de Goujon de Thuisy (1915-1944), pilote ;
- François Goussault (1909-1984), pilote ;
- Georges Goychman (1914-1981), officier observateur et navigateur ;
- Gaston Guigonis (1913-1994), navigateur ;
- Georges Grasset (1910-1998), pilote ;
- Paul Ibos (1919-2015), officier observateur puis navigateur. Dernier survivant des Compagnons de la Libération du groupe.
- Edmond Jean (1919-2003), mécanicien et mitrailleur ;
- Yves Lagatu (1914-1987), radio-mitrailleur puis mitrailleur ;
- Gustave Lager (1913-1995), pilote ;
- Arnaud Langer (1919-1955), pilote ;
- Marcel Langer (1917-1990), pilote ;
- Pierre Louis-Dreyfus (1908-2011), mitrailleur ;
- Yves Lucchesi (1915-1947), pilote ;
- Jean Mahé (1917-1946), pilote ;
- Pierre de Maismont (1911-1944), pilote ;
- Louis Masquelier (1898-1961), mitrailleur ;
- Jean-Bernard Ney (1921-2003), navigateur ;
- Raymond Pétain (1917-1943), navigateur ;
- Charles Félix Pijeaud (1904-1942), chef du groupe en décembre 1941 ;
- Joseph Pouliquen (1897-1988), chef du groupe de janvier à avril 1942 ;
- Henry de Rancourt de Mimérand (1910-1992), chef du groupe d'avril à décembre 1943 ;
- Louis Ricardou (1910-1944), mitrailleur ;
- Henri Romanetti (1909-1944), mitrailleur mécanicien ;
- Raymond Roques (1914-1943), pilote ;
- Antoine Rousselot (1919-1999), pilote ;
- François Rozoy (1918-1987), observateur puis pilote ;
- Xavier de Scitivaux (1910-1978), pilote ;
- François Sommer (1904-1973), navigateur :
- Jacques Soufflet (1912-1990), chef du groupe de novembre 1944 à février 1945 ;
- Henri Soulat (1918-1989), radio-mitrailleur ;
- Jacques de Stadieu (1914-2021), officier observateur ;
- Pierre Tassin de Saint-Péreuse (1910-1995), chef du groupe de décembre 1941 à janvier 1942 ;
Autres personnalités
[modifier | modifier le code]- Jean-Annet d'Astier de La Vigerie (1920-1976) ;
- René Billottet (1925-2020), dernier survivant du groupe[13],[14] ;
- Charles Christienne (1920-1989), navigateur ;
- Pierre Dac (1893-1975), membre honoraire civil[15] ;
- Fernand Devin (1913-1941), radio-mitrailleur ;
- Charles Feuvrier (1915-1997), pilote ;
- Marcel Florein (1914-1973), pilote ;
- Lionel de Marmier (1897-1944), fondateur du groupe ;
- Francis Melville-Lynch (1917-1989), pilote ;
- Pierre Mendès France (1907-1982), navigateur ;
- Jean de Pange (1917-1999), pilote.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : Histoire des Compagnons de la Libération, Éditions Perrin, (ISBN 2-262-01606-2)
- Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, (ISBN 2-356-39033-2)
- Yves Donjon, « Le groupe de bombardement Lorraine », Revue Espoir no 129, (lire en ligne)
- DUCAPHIL, « Groupe "lorraine squadron 342" (pour mon ami chilien) », sur canalblog.com, HALIFAX GROUPES LOURDS FRANCAIS SQUADRONS 346 et 347 R.A.F, (consulté le ).
- « Avenue du Groupe Lorraine - Brebières », sur GoogleMaps
- « Stèle Groupe Lorraine - Brebières », sur Aérostèles.net
- « Monument commémoratif Groupe de Bombardement Lorraine - Vitry-en-Artois », sur Aérostèles.net
- « Monument 1st engineer special brigade - Sainte-Marie-du-Mont », sur Aérostèles.net
- « Place du Groupe Lorraine - Arromanches », sur GoogleMaps
- « Stèle groupe Lorraine - Arromanches », sur Aérostèles.net
- « Monument Groupe Lorraine - Base aérienne 112 Reims », sur Aérostèles.net
- « Le chemin des étoiles », sur AeroMovies (consulté le )
- Laetitia Le Gloanne, « Héros de la guerre, René Billotet habitait la commune », Le Progrès, (lire en ligne)
- Laurent Lagneau, « Dernier survivant du Groupe de bombardement Lorraine, le sergent-chef René Billottet nous a quittés », sur Opex360.com
- Google Books, "Drôle de guerre par Pierre Dac.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Henry Lafont, Aviateurs de la liberté : Mémorial des Forces Aériennes Françaises Libres, SHAA, (ISBN 2-904521-46-1).
- « Les Forces Aériennes Françaises Libres. Juin 1940 : naissance des FAFL au Moyen-Orient », Icare (revue), no 128, .
- Yves Morieult, « Les French Flight des escadrilles françaises au sein de la RAF », Aéro Journal, no 33, .
- Dominique Breffort, « Les Forces Aériennes Françaises Libres et la reconstitution de l'armée de l'air (1940-1945) », Wing Masters, no HS n°3, .
- Yves Donjon, « Le groupe de bombardement Lorraine », Revue Espoir, no 129, (lire en ligne).
- François Marcot, Dictionnaire historique de la résistance, Robert Laffont, (ISBN 2-221-09997-4).
- Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : Histoire des Compagnons de la Libération, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2).
- Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, , 1230 p. (ISBN 2-356-39033-2).
- Mémorial des Compagnons 1940-1945 : Compagnons morts entre le 18 juin 1940 et le 8 mai 1945, Paris, Imprimerie nationale, .
- (en) James Halley, The Squadrons of the Royal Air Force & Commonwealth 1918–1988, Tonbridge, Air Britain, (ISBN 0-85130-164-9).
- (en) C.G Jefford, RAF Squadrons : a Comprehensive record of the Movement and Equipment of all RAF Squadrons and their Antecedents since 1912, Shrewsbury, Airlife Publishing, (ISBN 1-85310-053-6).
- (en) John Rawlings, Fighter Squadrons of the RAF and their Aircraft, Londres, Macdonald and Jane's, (ISBN 0-354-01028-X).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Forces aériennes françaises libres
- Ordre de la Libération
- 30e escadre de chasse
- Escadron de chasse 3/30 Lorraine