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Jean-Pierre Marielle

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Jean-Pierre Marielle
Jean-Pierre Marielle au Salon du livre de Paris en 2011.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Précy-le-Sec (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean-Pierre André MarielleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Conjoint
Agathe Natanson (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions

Jean-Pierre Marielle, né le à Paris 13e et mort le à Saint-Cloud, est un acteur français.

Au début des années 1950, le comédien débutant fait partie de la Bande du Conservatoire. Connu pour sa voix chaude et caverneuse, il a joué dans plus de cent films. Habitué des personnages comiques hauts en couleur (Les Galettes de Pont-Aven, … Comme la lune, La Valise, Le Diable par la queue), il s'est aussi fait remarquer dans les rôles dramatiques (Les mois d'avril sont meurtriers, Tous les matins du monde, Que la fête commence..., La Controverse de Valladolid, Les Âmes grises) ou encore dans des rôles nuancés comme Quelques jours avec moi de Claude Sautet[1].

Lauréat du Molière du comédien en 1994 pour Le Retour d'Harold Pinter, il est nommé sept fois aux César du cinéma.

Jean-Pierre Marielle est le fils de Georges Marielle, industriel qui dirige une entreprise agro-alimentaire, et de Josette Coulbois[2], couturière vivant à Précy-le-Sec, où il a grandi[3].

Ses premières expériences d'acteur remontent au lycée Carnot de Dijon où il monte quelques pièces de Tchekhov avec ses camarades. Il voulait initialement entrer en classe préparatoire littéraire. L’un de ses professeurs l’encourage à devenir plutôt comédien de théâtre. Il part pour Paris, se présente au centre d'art dramatique de la rue Blanche et intègre le Conservatoire national. Il s'y lie d’amitié avec Jean-Paul Belmondo, Jean Rochefort et Bruno Cremer, au sein de la « bande du Conservatoire », et en sort avec le second prix de comédie classique en 1954. Avec ses camarades, il joue au théâtre ainsi qu'au cabaret le soir après les cours.

D'abord stagiaire au Théâtre-Français, il joue ensuite sur de petites scènes de la rive gauche, puis est engagé dans la compagnie Grenier-Hussenot[4].

L'acteur en 1953 (Studio Harcourt).

Ses débuts consistent en quelques rôles sur les planches avec la compagnie Grenier-Hussenot, notamment dans des pièces de Pinter, et en petites apparitions au grand écran à la fin des années 1950, avec sa voix particulière lui donnant les moyens de jouer des personnages plus âgés. Déçu par ses premiers rôles au cinéma, il se tourne un moment vers le cabaret.

Il débute au cinéma en 1957 en tenant des petits rôles, notamment dans des films d'Henri Decoin et Robert Lamoureux. Il donne la réplique à Eddie Constantine, Fernand Raynaud, Daniel Gélin, Jean Bertho ou Michel Simon. Sa carrière cinématographique se développe dans les années 1960. À la suite de l'échec de Climats, en 1962, Jean-Pierre Marielle tente sa chance au cabaret au côté de Guy Bedos[4] avant de retourner au cinéma. Il est cantonné dans des seconds rôles.

Jean-Pierre Marielle obtient des rôles un peu plus consistants dans les années 1960, dans des films tels que Faites sauter la banque ! (1963), aux côtés de Louis de Funès, Week-end à Zuydcoote (1964), Un monsieur de compagnie (1965) et surtout Le Diable par la queue (1969), où le réalisateur Philippe de Broca lui donne l’occasion d’exprimer tout son talent. Sa popularité grandit au cours des années 1970 où il apparait dans beaucoup de comédies notamment dans Sex-shop (1972) de Claude Berri dans lequel il incarne un dentiste vicieux fort en gueule, La Valise (1973) de Georges Lautner où il incarne un espion israélien qui tente de rejoindre la France dans la valise diplomatique à travers des pays arabes, Comment réussir quand on est con et pleurnichard (1974) de Michel Audiard, On aura tout vu (1976) de Georges Lautner où il incarne un savoureux producteur de films pornographiques, Calmos (1976) de Bertrand Blier considéré comme un véritable pamphlet anti-féministe et Cause toujours... tu m'intéresses ! (1979) de Édouard Molinaro où il donne la réplique à son amie de toujours, Annie Girardot.

Révélation

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Ce sont des rôles dramatiques qui lui apportent une grande notoriété dans la profession, notamment dans Que la fête commence... (1974) de Bertrand Tavernier où Jean-Pierre Marielle incarne un Marquis de Pontcallec grandiloquent, Les Galettes de Pont-Aven (1975) de Joël Séria, film devenu culte dans lequel il explose littéralement dans le rôle d'un citoyen banal en quête d'identité et de bonheur, son jeu d'acteur lui vaut une nomination en tant que meilleur acteur à la première cérémonie des César, Un moment d'égarement (1977) de Claude Berri où il incarne le rôle difficile de père de famille tombant amoureux de la fille de son meilleur ami, et enfin Coup de torchon (1981) de Bertrand Tavernier, il y incarne à la fois un proxénète ordurier et son frère militaire, cette double composition lui vaut une seconde nomination aux César, cette fois-ci en tant que second rôle.

Confirmation

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Les années 1980 sont marquées par de multiples comédies où Jean-Pierre Marielle excelle, notamment dans Signes extérieurs de richesse (1983) ou Hold-up (1985). Il prouve une fois de plus son aisance dans le registre dramatique notamment dans Les mois d'avril sont meurtriers (1987) de Laurent Heynemann dans lequel incarne un flic désabusé et suicidaire, sa prestation lui permet d'être récompensé au MystFest. Durant cette décennie, il tourne aussi : Quelques jours avec moi (1988) de Claude Sautet, dans lequel il incarne face à Daniel Auteuil et Sandrine Bonnaire, un personnage qui se révèle d'une profonde humanité, avec à la clé une nouvelle nomination pour le César du meilleur acteur dans un second rôle.

Les années 1990 marquent un tournant dans la carrière de l'acteur, il est considéré par beaucoup comme un mercenaire du cinéma français (c'est son ami Bernard Blier qui le qualifiait ainsi). Il tourne notamment Uranus (1990) de Claude Berri réunissant une distribution de premier choix, à ses côtés Gérard Depardieu, Michel Blanc, Philippe Noiret, Fabrice Luchini, Gérard Desarthe, Daniel Prévost et Michel Galabru, Marielle y incarne un ingénieur hypocrite rongé de remords pour son inaction durant la Seconde Guerre mondiale.

En 1991, il tourne le film le plus important de sa carrière[réf. souhaitée], Tous les matins du monde, réalisé par Alain Corneau, adapté du roman de Pascal Quignard. Il soulève des questions fondamentales sur l'art, la musique, l'émotion et la vie sociale. Jean-Pierre Marielle y incarne Jean de Sainte-Colombe, violiste veuf et janséniste, refusant les honneurs de Versailles et les sollicitations de Louis XIV pour vivre en reclus à la campagne avec ses deux filles avant qu'il n'accepte, malgré lui, de recevoir un élève nommé Marin Marais, interprété à des âges différents par Guillaume et Gérard Depardieu. Le film attire plus de 2 millions de spectateurs en salles et devient le succès inattendu de 1991 avec Delicatessen de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet. Tous les matins du monde est récompensé par le prix Louis-Delluc 1991 et sept Césars en 1992. À la surprise générale, le César du meilleur acteur n'est pas attribué à Marielle, grand favori, mais à Jacques Dutronc pour sa composition de Vincent van Gogh dans le film homonyme réalisé par Maurice Pialat.

Il est une nouvelle fois nommé pour le César du meilleur acteur dans un second rôle en 1993 pour sa prestation dans Max et Jérémie de Claire Devers.

Diversification

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Marielle en tournée en décembre 2006.

En 1996, Jean-Pierre Marielle livre une prestation d'acteur hilarante aux côtés de ses deux amis Jean Rochefort et Philippe Noiret dans la comédie Les Grands Ducs, où il interprète un acteur « has-been » râleur et dézingué. Bien que le film n'ait pas rencontré le succès escompté à l'époque, il devient au fil du temps un film culte[réf. souhaitée].

En 1999, il joue son propre rôle dans le film Les Acteurs de Bertrand Blier dans lequel il donne la réplique à André Dussollier et Jacques Villeret, eux-mêmes dans leur propres rôles.

En 2005, on le retrouve aux côtés de Jacques Villeret et Denis Podalydès dans Les Âmes grises où il interprète un procureur mystérieux et austère mêlé à deux meurtres.

En 2007, il interprète le rôle d'un homme voulant éternellement demeurer jeune et ne pensant qu'à faire « le beau » auprès de femmes bien plus jeunes que lui dans Faut que ça danse !, ce qui lui vaut une nouvelle nomination pour le César du meilleur acteur.

En 2007, il double le cuisinier Auguste Gusteau dans le film Pixar : Ratatouille, renouant ainsi avec l’expérience du doublage qu’il avait déjà pratiqué au début de sa carrière, en doublant le personnage de Ponce Pilate dans Ben-Hur de 1959.

Dernières années

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Jean-Pierre Marielle au festival de Cannes 2006.

Jean-Pierre Marielle a également effectué une brillante carrière sur les planches et a reçu un Molière du meilleur comédien en 1994 pour son interprétation dans Le Retour de Harold Pinter.

Il fait partie de ces grands acteurs à avoir de nombreuses fois été nommé aux César (sept fois au total) sans jamais remporter le prix. Lui-même revendique de ne jamais avoir assisté à la cérémonie et déclare :

« Les César ? J'en ai rien à foutre, je ne suis pas un acteur de tombola. L'important, c'est devant la caméra. C'est servir un auteur, en découvrir un nouveau[5]. »

En 2014, il est membre du comité de soutien à la candidature d'Anne Hidalgo à la mairie de Paris[6].

Famille et vie privée

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Jean-Pierre Marielle en 2013.

Jean-Pierre Marielle a été marié quatre fois.

Son premier mariage a lieu le , dans le 6e arrondissement de Paris, avec Noëlle Wolff, comédienne sous le nom de Noëlle Leiris[7]. Ils divorcent en 1967.

Son deuxième mariage est célébré dans le 7e arrondissement de Paris[8] le avec Michelle Charlotte Bompart. Le divorce est prononcé en 1973.

De sa troisième union, le à Boulogne-Billancourt[8] avec Catherine-Françoise Burette naît un fils en 1980, son seul enfant : François-Arthur. Ils divorcent en 1983.

En quatrièmes noces, il épouse à Florence (Italie) l’actrice Agathe Natanson le [9]. Cette dernière annonce sa mort à la presse.

Jean-Pierre Marielle a la réputation d'être difficile à interviewer. En 2019, le journaliste Jean-Mathieu Pernin rappelle que la profession dit de lui : « Jean-Pierre Marielle ? Pas un client facile[10] ». Le Monde confirme ce trait de caractère : « Le paradoxe de ce comédien-là, c'est qu'il a l'épanchement parcimonieux, l'anecdote réticente[11] ». Le , son interview par un journaliste de France 3 - Île-de-France très embarrassé, est qualifiée de « surréaliste » par Le Médiascope[12].

La fin de sa vie est assombrie par la maladie d'Alzheimer[13].

Il est un grand amateur de vélo, de jazz et de New York[réf. nécessaire].

Tombe de Jean-Pierre Marielle cimetière de Précy-le-Sec.

Atteint de la maladie d'Alzheimer, il meurt le à Saint-Cloud[14] à l’hôpital des Quatre Villes, des suites d'une septicémie[15]. Il est inhumé à Précy-le-Sec, dans l'Yonne, dans le caveau familial[16].

Décorations

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Filmographie

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Années 1950

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Années 1960

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Années 1970

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Années 1980

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Années 1990

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Années 2000

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Années 2010

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Télévision

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Film Années Réalisateurs Entrées
Da Vinci Code 2006 Ron Howard 4 189 814 entrées
Week-end à Zuydcoote 1964 Henri Verneuil 3 154 140 entrées
Tenue de soirée 1986 Bertrand Blier 3 144 799 entrées
Les Seigneurs 2012 Olivier Dahan 2 729 000 entrées
Uranus 1990 Claude Berri 2 542 412 entrées
Hold-up 1985 Alexandre Arcady 2 367 294 entrées
Coup de torchon 1981 Bertrand Tavernier 2 199 309 entrées
Les Galettes de Pont-Aven 1975 Joël Séria 1 085 622 entrées

Films d'animations

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Distinctions

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Récompenses

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Nominations

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Publications

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En 2024, Agathe Natanson publie aux éditions du Seuil un livre consacré au comédien dont elle était la dernière épouse, Chantons sous les larmes - Lettres à Jean-Pierre Marielle.

Notes et références

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  1. Raphaël Juan, « Hommage à Jean-Pierre Marielle », L'inactuelle,‎ (lire en ligne).
  2. Who’s Who in France : dictionnaire biographique, Éditions Jacques Lafitte, .
  3. Émission Des mots de minuit du 21 juin 2012 sur France 2.
  4. a et b Piero Zanotto, Encyclopédie Alpha du cinéma, Alpha, , p. 145.
  5. « Avec Jean-Pierre Marielle, ‘‘ça vient du cœur ou du fusil’’ », Le Nouvel Observateur, 23 mars 2012.
  6. Bertrand Gréco et Gaspard Dhellemmes, L'Histoire secrète d'une élection capitale, éditions du Moment, 2014, page 154.
  7. Philippe Durant, La Bande à Bébel, L'Archipel, , 191 p. (ISBN 978-2-8098-2679-1, lire en ligne).
  8. a et b « Extrait de son acte de naissance », sur CinéArtistes (consulté le ).
  9. « Agathe Natanson », sur premiere.fr (consulté le ).
  10. Jean-Mathieu Pernin, « Vous en parlerez aujourd'hui. Jean-Pierre Marielle, la gouaille sensible », sur franceinfo, (consulté le )
  11. Robert Belleret, « Jean-Pierre Marielle, soliste intuitif », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  12. « Interview surréaliste de Jean-Pierre Marielle », sur lemediascope.fr
  13. Interview de Jean Rochefort le 15 août 2015 (au moment de la sortie du film Floride) dans La Tribune de Genève où il parle de son ami Jean-Pierre au milieu de l'interview.
  14. Armelle Héliot, « L’acteur Jean-Pierre Marielle est mort à l’âge de 87 ans », sur lefigaro.fr, .
  15. « "Il avait des hallucinations" : Agathe, la femme de Jean-Pierre Marielle, revient sur la violence de sa maladie » Accès libre, sur closermag.fr, Closer,
  16. Cimetières de France et d'ailleurs : MARIELLE Jean-Pierre (1932-2019).
  17. « Légion d'honneur : Jean-Paul Belmondo promu », sur ladepeche.fr.
  18. « Décret du 14 novembre 1997 portant nomination et promotion dans l'ordre national du Mérite », sur legimobile.fr.
  19. « Bulletin officiel des décorations, médailles et récompenses n°9 du 29 juillet 1995 - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  20. Palmarès des Coups de cœur, Parole enregistrée & documents sonores 2012.
  21. Le Grand N'importe quoi, médiathèque municipale de Bessines-sur-Gartempe.

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • Stéphane Koechlin, Jean-Pierre Marielle, le lyrique et le baroque, éditions du Rocher, 2019, 406 p. (ISBN 978-2-268-10273-3)
  • Stéphane Koechlin, Le livre qui montre la voix, Hugo image, 2023, 224 p. (ISBN 978-2-7556-6716-5)

Liens externes

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