Paris Mai (chanson)
Sortie | 1968 |
---|---|
Enregistré |
1968 Paris |
Durée | 5:59 |
Genre | chanson française |
Format | 45 tours |
Auteur | Claude Nougaro |
Compositeur | Eddy Louiss |
Producteur | |
Label | Philips |
Paris Mai est une chanson de l'auteur-compositeur-interprète français Claude Nougaro sortie initialement en 1968 sur un 45 tours édité par le label Philips, puis la même année sur l'album éponyme, qui évoque les importantes manifestations et grèves qui ont lieu au printemps 1968 en France.
C'est une des œuvres les plus connues du chanteur, mais aussi une des plus controversées : la chanson fut censurée et interdite de diffusion à sa sortie[1],[2].
Contexte
[modifier | modifier le code]Nougaro, qui vivait à Paris à cette époque, a été profondément marqué par les événements de Mai 68 dans la capitale française et a rapidement écrit un texte, encore sous le coup de l'émotion.
Mis à part le très engagé Les Anarchistes de Ferré, les célébrités de l'époque laisseront un peu de distance avant d'écrire sur les évènements (Ferrat en 1969, Le Forestier en 1971)[3]. Seul Nougaro réagit dans l'immédiateté, sans pour autant tomber dans le militantisme politique qu'il n'aime pas[4]. Sa chanson n'est pas une incitation à la révolte, mais simplement un cri du cœur dans lequel il pose ses mots de poète sur le malaise de la jeunesse.
Paroles et musique
[modifier | modifier le code]Nougaro veut avant tout apporter son regard d'artiste sur les événements dont il vient d'être témoin. Son texte, parfois lyrique, toujours poétique, transmet ses émotions. Il est tour à tour choqué, résigné, amer, mais aussi enthousiaste, utopique et plein d'espoir. Mais par-dessus tout, il veut exprimer les questionnements et le mal être de la jeunesse de l'époque, à la recherche de liberté mais toujours enfermée dans le carcan d'une société qui peine à évoluer[4] :
« Je voudrais savoir si l'homme a raison ou pas »
« Si je dois endosser cette guérite étroite / Avec sa manche gauche, avec sa manche droite »
Les arrangements sont l'œuvre d'un de ses complices habituels, Eddy Louiss. Ce qui frappe tout d'abord c'est le contraste entre les couplets, calmes, qui ne sont pas chantés mais scandés, et le refrain, très énergique et chanté à pleins poumons en allant crescendo.
Le refrain, constitué de seulement deux mots répétés à l'envi, fait l'effet d'un flot torrentiel inarrêtable[5] :
« Mai mai mai Paris mai / Mai mai Paris… »
Cet effet est accentué par la durée inhabituellement longue de la chanson (plus de 6 minutes).
Par son format et son chant scandé, la chanson présente un côté avant-gardiste qui n'est pas sans rappeler le slam, genre musical qui connaîtra son essor 30 ans plus tard[2].
Accueil et censure
[modifier | modifier le code]Dès sa sortie, la chanson est censurée et interdite de diffusion tant à la radio qu'à la télévision. Les raisons n'en sont pas données explicitement, elle est simplement « jugée subversive »[6]. Les événements de Mai 1968 sont encore très récents et les autorités craignent de nouveaux troubles. Le texte de Nougaro n'incite à aucun moment à continuer la lutte, mais la simple évocation du sujet est suspecte d'attiser la flamme[7].
Les milieux conservateurs et nationalistes sont choqués par certains vers, notamment l'évocation des « hymnes cramoisis » , interprétée comme une critique de La Marseillaise, sujet tabou à l'époque.
Avec le temps, Paris Mai devient un classique incontournable du chanteur, présent sur la plupart de ses compilations[5],[8].
Reprises
[modifier | modifier le code]- En 2008, le slameur Abd al Malik écrit et interprète Paris mais... qui s'inspire de, et sample, la chanson de Claude Nougaro.
- En 2014, la chanteuse Luciole reprend Paris Mai de Claude Nougaro, en duo avec Gaël Faye[9].
- En 2016, la chanson est reprise lors des manifestations parisiennes de Nuit debout[10].
- En 2021, la chanson est reprise par le groupe aurillacois Foolbazard dans leur album La fin du monde est proche.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Sylvie Coulomb et Didier Varrod, 1968-1988 Histoires de chansons, Balland, , 383 p. (ISBN 2266022768).
- Alain Wodrascka, Claude Nougaro : une vie qui rime à quelque chose, L'Archipel, , 610 p. (ISBN 978-2-8098-0199-6).
- Laurent Balandras, L'Intégrale Nougaro. L'histoire de toutes ses chansons, La Martinière, , 448 p. (ISBN 2732461814).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
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Articles connexes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Paris Mai - Claude Nougaro - Rock Fever », sur clashdohertyrock.canalblog.com, (consulté le )
- « Nougaro, Arcade Fire, Fleet Foxes… Le mois de mai en chansons », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Claude Hudelot, « Mai, Mai, Mai, Paris, Mai / Tranche de vie : Mes années 68, récit », sur Club de Mediapart (consulté le )
- « Nougaroscopie », sur www.franceinter.fr (consulté le )
- « Biographie Claude Nougaro, âge et discographie | Culture TV5Monde », sur TV5MONDE Culture (consulté le )
- Wodrascka, Alain., Claude Nougaro : une vie qui rime à quelque chose, Archipel, , 610 p. (ISBN 978-2-8098-0199-6 et 2-8098-0199-1, OCLC 436245027, lire en ligne)
- Laurent Balandras, L'Intégrale Nougaro. L'histoire de toutes ses chansons., La Martinière,
- Claude Nougaro, Les Plus belles chansons de Claude Nougaro : Piano, chant, grilles guitare / Claude Nougaro, Musicom, (ISMN 9790231100204, lire en ligne)
- Sophie Riche | 27 mai 2014 | 2 commentaires, « Luciole reprend « Paris Mai » de Claude Nougaro avec Gaël Faye », sur madmoiZelle.com, (consulté le )
- « Opéra Debout - Paris Mai » (consulté le )