Visite du Pape en Belgique

Dans l’avion du Pape : les coulisses avec notre correspondante, Valérie Dupont

Illustration : le pape François en briefing avec la presse – 13 septembre 2024.

© AFP

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InfoPar Nathalie Guilmin avec Valérie Dupont

Quelques journalistes, triés sur le volet, ont pu accompagner le souverain pontife et son équipe dans ses déplacements, notamment dans l’avion qui l’a emmené en Belgique. Notre correspondante en Italie, Valérie Dupont, nous raconte les coulisses de cette visite.

Valérie Dupont, qui a pu accompagner le pape dans l’avion depuis Rome ?

"Nous sommes une soixantaine de journalistes partis de Rome jeudi matin. La plupart sont ce que l’on appelle des vaticanistes, c’est-à-dire des journalistes qui sont spécialisés à 100% dans la couverture du Vatican ou alors quelques-uns, qui sont comme moi des correspondants en Italie mais qui suivent aussi l’information du Vatican" précise notre correspondante.

Pour Valérie Dupont, "recevoir le précieux sésame de l’admission au vol papal, c’est entrer dans un monde plutôt étonnant, celui de l’incroyable efficacité de la machine organisatrice du Saint-Siège. Outre les journalistes, le pape voyage toujours avec des conseillers personnels, des cardinaux, notamment le cardinal Gallagher qui est le ministre des Affaires étrangères du Vatican".

Valérie Dupont ajoute à cette liste le personnel de sécurité, notamment. "Il y a bien sûr des gardes suisses, des gendarmes qui assurent sa sécurité et toute une équipe de communication, une secrétaire, un médecin, un infirmier. Bref, c’est une petite partie du Vatican qui se déplace avec lui. Sans oublier aussi, bien sûr, ses véhicules, son chauffeur et la fameuse Fiat blanche qu’ils utilisent à Rome qui est arrivée jusqu’à Bruxelles. Car le pape a horreur des voitures de luxe" note la journaliste.

Quel est l’intérêt d’être sur le vol du pape pour un journaliste ?

Disposer des discours est le premier avantage relevé par la journaliste. "Quand vous êtes dans ses bagages, vous recevez d’abord toutes les informations logistiques qui permettent de suivre cette visite au mieux. Nous recevons les discours avant qu’ils ne soient prononcés sur place, par exemple. On peut donc préparer en partie notre travail. En partie seulement, car il sort souvent de son texte" précise-t-elle.

Ceci dit, une fois sur place, il s’agit de garder le rythme, avance Valérie Dupont. "Il faut être attentif car ils ont vraiment une horloge suisse dans le ventre. Les textes, les chants, tout est minuté. On sent la grande tradition des célébrations sur la place Saint-Pierre au Vatican, où tout est réglé comme du papier à musique. Il n’y a pas de place pour l’imprévu".

Les voyages du pape ont une longue tradition ?

Valérie Dupont le rappelle : "c’est Paul VI qui a fait le premier voyage à l’étranger. Il en fera neuf au total dans tous les continents. On l’appelait d’ailleurs le pape pèlerin".

"Mais le champion des voyages, c’est sans aucun doute Jean-Paul II" ajoute la correspondante. "Jean-Paul II en a fait plus de 100. Vient ensuite le pape François qui a déjà visité 65 pays, lors de 45 voyages".

Ces voyages sont donc une tradition, à laquelle participent désormais les journalistes. "Depuis Jean-Paul II, les journalistes font partie du voyage. On a aussi un canal Telegram avec la salle de presse du Vatican qui nous informe des sorties de programme du pape, comme au Luxembourg où il s’est arrêté dans un café pour discuter avec les gens et boire un café" explique Valérie Dupont.

Est-ce que dans l’avion, vous pouvez parler au Pape ?

Valérie Dupont partage son expérience du vol aller. "On ne peut pas aller le trouver là où il est assis. Mais jeudi matin, juste après le décollage de l’aéroport de Rome, il est venu nous voir. La tradition, est qu’il salue un à un tous les passagers du vol, équipage compris".

La journaliste a toutefois constaté que le Pape était moins mobile qu’auparavant. "Ses problèmes de hanche et de genou le handicapent quand même fortement. Il nous a remerciés pour notre présence depuis le fond de l’avion. Il a ajouté qu’il était à notre disposition mais qu’il ne se sentait pas capable de nous saluer tous".

Valérie Dupont s’attend par contre à une conférence de presse organisée sur le vol retour dimanche. "Et là, ce sera assez libre. Autant Jean-Paul II et Benoît XVI tentaient de limiter les questions, autant François accepte de parler de tout sans tabou".

Au point que cela rend compliqué le contrôle de la communication du Vatican car le Pape parle parfois un peu trop, ajoute-t-elle. "On l’a encore vu il y a dix jours, lorsqu’il est rentré de son voyage en Indonésie. Il s’est exprimé sur le scandale lié à l’abbé Pierre. Il a aussi dit ce qu’il pensait des candidats à l’élection américaine. Bref, il n’a pas vraiment sa langue en poche" souligne la correspondante.

Valérie Dupont compte bien profiter de l’occasion. "Dimanche, dans l’avion, nous lui poserons des questions. En sachant que les journalistes des pays visités, dans ce cas-ci le Luxembourg et la Belgique, seront les premiers à s’adresser à lui".

Est-ce que le Pape connaît déjà la Belgique ?

"Le Pape connaît la Belgique parce qu’il a un ami belge. Dries Swinnen est un jésuite comme lui. Il l’a connu en Argentine dans sa jeunesse et il sera d’ailleurs à Bruxelles ce week-end. Le Pape François l’a invité personnellement à suivre le voyage apostolique et c’est l’occasion pour ce jésuite qui vit toujours en Argentine de venir voir sa famille en Flandre" note Valérie Dupont.

La journaliste rappelle que "le pape François a fait plusieurs séjours en Belgique. Il a d’ailleurs affirmé que la plus belle ville belge, selon lui, c’était Bruges. Pour le pape François, la Belgique est une destination de jeunesse et de souvenirs".

Valérie Dupont précise toutefois que ce n’est sans doute pas uniquement pour cette raison qu’il a décidé de venir dans le plat pays. "Bien sûr, le 600ᵉ anniversaire de l’Université de Louvain est une occasion d’inviter le pape. Mais il faut toujours deux invitations. Et l’une doit venir du chef de l’État, donc ici du Roi et l’autre de la Conférence épiscopale, puisque je vous rappelle que le pape a deux casquettes : c’est d’abord un chef d’État, celui du Vatican, et puis le chef de l’Église catholique" précise-t-elle.

Pouvez-vous lever un coin du voile sur les discours ?

Valérie Dupont explique qu’elle ne peut révéler les discours avant l’heure. "Nous avons les discours avant tout le monde, mais sous embargo. Nous saurons avant tout le monde ce que le Pape va dire, avec les autres journalistes qui sont sur le vol papal. Mais comme il est sous embargo, on ne peut pas en parler avant la lecture qui sera faite par le Pape".

La correspondante devra donc attendre que les discours soient prononcés par le Pape pour les commenter, ce qui sera plus rapide que pour d’autres visites protocolaires.

"En ce qui concerne le discours à la Nation, il fait partie du protocole normal pour toute visite d’un chef d’État invité par le roi. Mais généralement, ce discours se fait lors d’un dîner de gala, le soir. Or, François refuse les dîners de gala car il dort vers 20 heures en général. Voilà pourquoi le discours à la nation est lu dans la matinée au château de Laeken", sourit Valérie Dupont.

Les coulisses de la visite papale avec Valérie Dupont

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