Jean Marc Turine a été violé par plusieurs Pères jésuites du Collège Saint-Michel d’Etterbeek lorsqu’il était adolescent. Pour lui, cette rencontre avec le Pape n’a rien changé : "Je suis convaincu qu’on n’a pas eu de réponse". À sa question sur la responsabilité de l’Église, le Pape a répondu : "C’est qui l’Église ?". "Puis il a tourné autour du pot en disant 'Ce n’est pas le Pape, ni les évêques, c’est tout le monde, c’est toi, c’est toi aussi'", déplore l’écrivain. "Il ne se sent responsable de rien. Il demande pardon, il dit qu’il a honte et que ça lui fait mal au cœur. Ça nous fait une belle jambe…"
Comme d’autres victimes, il a pourtant demandé des actes concrets, comme par exemple une compensation financière, "qui au moins permettrait aux gens d’aller se faire soigner chez les psychiatres". "Il y avait aussi une demande qu’il y ait dans les évêchés une cellule d’écoute permanente tenue par des professionnels et que, s’il y a compensation financière, la gestion des biens soit gérée de manière indépendante en dehors de l’Église", explique l’homme de 78 ans.
Il n’est pas déçu pour autant par cette rencontre puisqu’il n’avait pas d’attentes particulières. Il se "doutait bien qu’il n’allait rien se passer". Mais alors pourquoi avoir fait le déplacement ? "Je ne suis pas chrétien", répond Jean Marc Turine. "Mais c’est plus important pour moi de rencontrer le Pape, qui est à la tête d’un peuple d’1,378 milliard de croyants, qu’un président de la République."
Car cet homme, selon lui, représente l’espoir pour les croyants, et encore plus pour toutes les victimes de violences sexuelles commises par le clergé. "J’ai l’impression que si on n’a pas quelque chose à la messe de dimanche, cela va être assez désespérant pour tout le monde, mais peut-être encore plus pour quelques personnes qui étaient là et qui vraiment mettent tout leur espoir dans cet homme. Comme elles n’ont pas été écoutées par des curés, par des évêques, par des archevêques, elles se disent 'il n’y a que le Pape'."
C’est pourquoi Jean Marc Turine lui a lu un texte qu’il a écrit, "où je le tutoie d’homme à homme, en le regardant dans les yeux, en lui disant : 'Tu es homme avant d’être Pape'." "Je lui ai dit : 'Tu vas trouver les mots au fond de tes tripes. Ces mots, tu vas les sortir de toi, de ton cœur, de ton âme'", ajoute-t-il.