Case obus
La case obus (tòlék) est un art architectural typique du peuple Mousgoum. Elle est présente dans les localités de l'Extrême Nord Cameroun et du Tchad où vivent les Mousgoum.
Histoire
[modifier | modifier le code]Curiosité artistique, ces cases ont été diversement décrites comme étant des « poteries cuites par le soleil ardent », des « pains de sucre » ou des « coquilles d'œufs ». La métaphore militaire de « case obus » a été retenue[1]. Lors de son voyage en Afrique, André Gide avait été marqué par ces cases[2].
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Chef mousgoum (ill. du récit de voyage de Heinrich Barth, 1857[3])
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Intérieur d'une habitation mousgoum (d'après H. Barth)
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Maisons « banana »[5] (1912)
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Reconstitution à l'Exposition coloniale internationale de Paris (1931)
Description
[modifier | modifier le code]D'une hauteur pouvant atteindre vingt mètres, les cases obus épousent un plan circulaire en superposant des assises successives d’un mélange de terre et d'herbe[1]. Les stries aux formes diverses qui les ornent servent à la fois de renforts de la structure et d'échafaudage pendant le temps de la construction. Une habitation traditionnelle comporte 5 de ces cases, reliées entre elles par des murs, et disposant au centre du cercle ainsi formé d'une réserve pour les récoltes de millet[6].
Transmission du savoir-faire
[modifier | modifier le code]La réappropriation et la transmission de ces savoirs traditionnels sont au cœur de la réflexion sur la mémoire collective du peuple mousgoum. Dans cette dynamique, un chantier-école organisé par Patrimoine sans frontières a permis de construire cinq cases obus à Mourla tandis qu'USAID en reconstruisait à Pouss, où elles avaient disparu dans les années 1970 en raison du coût élevé de leur construction[6].
Philatélie
[modifier | modifier le code]En 1965, la République fédérale du Cameroun émet un timbre intitulé « Cases mousgoum de Pouss », dans la série « Folklore et tourisme[7] ».
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Christian Seignobos et Fabien Jamin, La Case obus : Histoire et reconstitution, Marseille, Éditions Parenthèses, , 216 p.
- « A la redécouverte de "la case obus" », sur batiactu.com, (consulté le )
- (de) Reisen und Entdeckungen in Nord- und Central-Afrika, in den Jahren 1849 bis 1855, lire en ligne sur Gallica [1]
- Hans Busse (1867-1914) [2]
- Selon les sources, « Banana » désigne les Mousgoum ou les Massa
- « Cases obus Mousgoums de Mourla », sur cameroun.unblog.fr (consulté le ).
- Catalogue Yvert&Tellier, no 409
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean Boutrais (et al.), Le Nord du Cameroun. Des hommes. Une région, ORSTOM, Paris, 1984, 539 p. [lire en ligne]
- Clément Dili Palaï et Kolyang Dina Taïwé (dir.), Culture et identité au Nord-Cameroun, L'Harmattan, 2008, 264 p. (ISBN 9782296060654)
- Bertrand Lembezat, Les populations païennes du Nord-Cameroun et de l'Adamaoua, Presses universitaires de France, Paris, 1961, 252 p.
- Alain Marliac, Archéologie du Diamaré au Cameroun septentrional : milieux et peuplements entre Mandara, Logone, Bénoué et Tchad pendant les deux derniers millénaires, Archaeopress, Oxford (England), 2006, 182 p. (ISBN 1-84171-978-1)
- (en) Steven Nelson, « Writing Architecture: The Mousgoum Tolek and Cultural Self-Fashioning at the New Fin de Siècle », in African Arts, 34, no 3, Autumn 2001, p. 38-49
- (en) Steven Nelson, From Cameroon to Paris: Mousgoum Architecture In and Out of Africa, University Of Chicago Press, Chicago, 2007, 304 p. (ISBN 978-0226571836)
- Christian Seignobos et Henry Tourneux, « Case-obus », in Le Nord-Cameroun à travers ses mots : dictionnaire de termes anciens et modernes : province de l'extrême nord, Karthala, Paris, 2002, p. 55-56, (ISBN 2845862458), [lire en ligne]
- Christian Seignobos et Fabien Jamin, La case obus. Histoire et reconstitution, Éditions Parenthèses, 2003, 216 p. (ISBN 2-86364-119-0)