En cinéma, les produits dérivés ne datent pas d'hier.
Prenons le conte cruel "
Cria cuervos", dixième long-métrage de Carlos Saura, non seulement cette étouffante histoire de fantôme dans le cadre de la bourgeoisie du franquisme agonisant rapporta un beau succès à son réalisateur en 1976, mais elle (re)mit en selle une bluette cul-cul la praline sortie deux auparavant et passée à peu près inaperçue.
Le 45 tour,
Porque te vas ? que la jeune Ana Torrent s'envoie de manière obsessionnelle avait été écrit par José Luis Perales et chanté par
Jeanette (Jeanette Dimech, de son vrai nom) réalisant ainsi un splendide bide.
Et le film en fera LA chanson de l'été 1976.
À tel point que je soupçonne bon nombre de ceux qui s'en souviennent d'avoir bêtement rêvé la résurrection de l'infâme BPS (Brigade politico-sociale) afin qu'elle saisisse tous les disques et mette fin à cette rengaine.
Mais trêve de mauvais esprit.
Née en 1951 d'une mère canarienne et d'un père belgo-maltais, Jeanette avait entamé une modeste carrière de chanteuse folk itinérante avant de se fixer en territoire ibérique et connaître quelques succès mineurs. Et puis ce faux reggae lancinant, digne des grandes heures de l'Eurovision, et le film qui s'ensuivit, lui assurèrent une gloire qu'elle ne connaîtra plus jamais après.
Comme le show-biz est d'une gloutonnerie sans pareille, Jeanette a aussi interprété une traduction en français de la
chanson, pour les besoins de la version française du film sous le titre
Pourquoi tu vis ? (rien à voir avec les paroles espagnoles, donc).
Toutefois c'est la
version originale qui sera assez vite utilisée pour les diffusions en cinéma ou à la télévision.
On tente tout de même le coup en français, y'a pas de raison qu'on ait été les seuls à avoir été gavés à l'époque.
Pendant ce temps les groupes "d'ici" reprenaient résolument la version espagnole.
Un exemple honorable, les
Chihuahua, menés par Napo Romero. Les lignes défilant sur cette VHS authentifient la date d'enregistrement : 1991.
Il doit exister, par ailleurs, plus d'une quarantaine de reprises qui vont des punks argentins d
'Attaque 77 à l'insupportable
Arielle Dombasle.
On vous laisse creuser pour exhumer vos préférées.