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samedi 23 avril 2022

Rimbaud en chanson (7) : Patria dulcis est

Hommage à Michel Bouquet
 
Que dire de sensé ou de clairvoyant au sujet du naufrage électoral annoncé ?
Rien qui n'ait déjà été formulé ailleurs et en mieux.
Juste une pensée pour ce piètre pays où encore heureux qu'il y ait des poètes.
Car les rejetons de France furent remarquablement dessinés par le cher Arthur dans Une saison en enfer (1873) dont nous enverrons deux versions de son deuxième poème, Mauvais sang, en souhaitant, en passant, aux nationalistes de s'étouffer dans leur vomi.

D'abord par Franklin Hamon alias Papillon de mai 
 
 
Et par le camarade chevrotant

vendredi 3 septembre 2021

Rimbaud (6) vers sa fin

Arthur à gauche et à Aden (1880)

Il y a du romanesque pathétique dans la fin d'un brillant jeune homme en colère qui révolutionna l'art poétique et termina son existence dans la peau d'un trafiquant d'armes. 
Encore que certains anti-colonialistes pourront toujours se réjouir que le ci-devant poète, devenu trentenaire, ait eu comme client le Ras Ménélik, futur souverain éthiopien et grand vainqueur de l'armée italienne à Adoua. 
Mais selon certaines sources, certes discutables (Edmond Goncourt) notre Arthur aurait viré mystique (ce qui n'est pas si étonnant, vu l'exaltation du personnage) et décrit sa jeunesse comme "une vaste fumisterie".
Le reste est connu, l'homme aux semelles de vents n'en posséda finalement plus qu'une et mourra dévoré par le cancer, à peine rentré à Marseille.
Dans son album Météo für nada, de 1986, Hubert Félix Thiéfaine fut un des rares à magnifier une fin d'existence somme toute assez paradoxale
Ça s'appelle tout simplement L'affaire Rimbaud
 
 

Un petit retour aux origines avec la mère Patti Smith, éternelle admiratrice du poète, qui phantasme un Rimbaud en Allemagne lors d'un concert à Stuttgart en 2010. C'était l'année où des manifestants tentaient de protéger un parc contre la boulimie urbaine.  
 

mercredi 8 avril 2020

Tranche de vie (s'armer contre la justice)




Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
     Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. Et je l'ai trouvée amère. Et je l'ai injuriée.
     Je me suis armé contre la justice.
     Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!
     Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
     J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.

  Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.
     Or, tout dernièrement m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
     La charité est cette clef. − Cette inspiration prouve que j'ai rêvé !
     "Tu resteras hyène, etc...," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. "Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."
     Ah ! j'en ai trop pris :  − Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.


Arthur Rimbaud
Une saison en enfer

 

Et à propos de haine et de justice, on lira avec profit les arguments légaux d'un avocat connu dans une célèbre revue hebdomadaire.
On ne vous dira jamais assez de ne pas raquer les amendes reçues pour la simple cause d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment mais de les contester. Enfin, en général...

dimanche 22 mars 2020

Je hais les dimanches et les délateurs

Irresponsables ne respectant pas la distanciation sociale
Comme s'il ne suffisait pas d'être gouvernés par des salauds incompétents et un tantinet criminels*, voilà t'il pas qu'après nous avoir réinventé des ausweiss (façon servitude volontaire) et un état d'urgence (en projet) qui nous renvoie à l'époque du "maintien de l'ordre" en Algérie, Radio France s'est métamorphosée en Radio Paris se dotant d'un authentique propagandastaffel. Cette successions de ministres, députés, médicastres et patrons, on s'y attendait mais on en vient à être surpris de cette diarrhée, cette vomissure qu'est la réaction des bons citoyens qui se défoulent au micro, au téléphone, pour dénoncer les comportements irresponsables, criminels asociaux de leurs congénères.... La délation redevient le sport national !
Défoulez-vous connards, bande de lâches même plus foutus d'écrire une lettre anonyme dûment timbrées à la préfecture, défoulez-vous sur les plus faibles ou plus petits ou même plus cons, ce sera toujours plus confortable que d'appeler un chat un chat, de se souvenir que ces ordures qui tenaient plus que tout à leurs élections n'ont RIEN fait, RIEN prévu, RIEN préparé (et surtout pas de tests ou de protections) et qu'ils continuent à nous mentir à longueur de journée. Qu'ils ont joué à une propagation à l'anglaise avant de nous jouer l'union sacrée. Qu'ils n'en ont rien à foutre de nos vies et que l'équilibre des comptes de la retraite va peut-être se résoudre tragiquement.
Je vous dégueule.
* J'exagére ? Lisez donc.

Pour rester dans le ton de cette saine bonne humeur, indispensable en temps de crise pour entretenir le moral des troupes,  Je hais les dimanches écrit par Aznavour pour Piaf qui n'en avait pas voulu. Charles l'avait alors refilé à Juliette Gréco qui enregistra l'original en 1950. Consciente de sa boulette, la Môme en fit aussi sec une autre version, à notre entendement supérieure.


Bien entendu, il y avait eu le précédent de la chanson déprimante de Reszö Seress, Sombre dimanche, devenu Gloomy Sunday, ici par Marianne Faithfull.



Pour finir, honneur à mon voisin qui vers 20h se mit à déclamer du Rimbaud depuis sa fenêtre. Il s'agissait de Sensation, par Félix Leclerc en 1953.


 

Et illustré par Pratt dans Corto Maltese en Sibérie.


mercredi 18 janvier 2017

Rimbaud (5) par Mouloudji et toujours par Ferré




Le jeune Arthur Rimbaud s'est fait paysagiste dans ce poème publié en 1872 dans la revue La Renaissance littéraire et artistique.
Au vu des massacres perpétrés dans la région de Charleville, on se représente plus une scène d'après la bataille de la guerre franco-prussienne de 1870 qu'une image la Commune de Paris qui se déroula fort loin des hameaux et des chemins borgnes.

Mouloudji l'a chanté en 1957 sur une musique de Charles Trenet
Voici sa version
Curieusement, il a supprimé les deux premières strophes :

Seigneur, quand froide est la patrie,
Quand, dans les hameaux abattus,
Les longs angélus se sont tus…
Sur la nature défleurie
Faites s’abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.

Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous

Léo Ferré en refit une adaptation, cette fois intégrale, en 1964, sur l'album Verlaine et Rimbaud.

samedi 3 septembre 2016

Rimbaud (4) par Komintern

Recto (de Diego Rivera) et verso du LP
Comme son nom ne l'indique pas, Komintern fut un groupe de rock "progressif" né en 1971 d'une scission de Red Noise et de la rencontre de Francis Lemonnier avec une bande joyeusement hétéroclite. 
Ils étaient donc :  Francis Lemonnier (Saxophone et Chant, ex Red Noise), Serge Catalano (Batterie, ex Red Noise), Olivier Zdrzalik-Kowalski (Basse, chant et futur Malicorne), Michel Muzac (Guitare) et Pascal Chassin (Guitare)
Leur genre musical empruntait au free-jazz et au rock de l’École de Canterbury (une bande de dadaïstes). Ils étaient par ailleurs assez proches du groupe Gong. Provocateurs et contestataires, ils ont utilisé la parodie, la dérision et une mise en scène théâtrale dans leur musique comme dans leurs concerts. Avec d’autres groupes (Lard Free, Barricade), ils avaient créé le Front de Libération de la Rock-Music (après le FLIP, Front de Libération International de la Pop) mouvement totalement éphémère.

Leurs deux seuls enregistrements sont de 1971 : le LP "Le bal du rat mort" et le 45 tour "Fou, roi, pantin". 
Ce morceau, qui conclue le 33 tour est une version du poème de Rimbaud "Paris se repeuple" dans lequel le poète dégueulait sur la bourgeoisie parisienne en réponse aux massacres de la Semaine Sanglante.  


Après avoir accompagné la pièce de Fernando Arrabal Bella ciao La guerre de 1000 ans en 1972, le groupe sera petit à petit déserté par ses membres.
En 74, Francis Lemonnier écrira deux chansons pour le disque Pour en finir avec le travail, produit par Jacques Le Glou et les Éditions Musicales du Grand Soir (FPL1 0054, distribué par RCA). Il s'agit de La Java des Bons-Enfants (paroles G. Debord) et de La vie s'écoule, la vie s'enfuit (paroles R. Vaneigem). Mais ça, on vous en a déjà causé ailleurs...

mercredi 22 juin 2016

Rimbaud en émeute et en chanson (3)


Mars, avril, mai, juin...
Comme à chaque fois qu'une partie de la jeunesse se déverse dans les rues, elle renoue avec les vers ou images d'une vieille connaissance, Arthur Rimbaud.
Témoin la banderole ci-dessus, aperçue dans les dernières manifs et dont le "slogan" est extrait de la Chanson de la plus haute Tour (Les Illuminations,1872).
Ce poème en chanson a été mis en musique par Léo Ferré en 1964.


Or, Arthur a prolongé son texte par une variante, plus abrégée, dans ‘Une Saison en Enfer’. Partant là du refrain du poème original, il l'a réécrit lors d'un retour à Charleville (censé, paraît-il, permettre à Verlaine de se réconcilier avec son épouse).
Cette seconde version, remarquablement sobre, surtout si on la compare à la précédente, est interprétée la même année que Ferré par Colette Magny sur l'album "Melocoton", son premier disque, sorti en 1965.
Mais peut-être que ça vous fait une belle jambe...


vendredi 8 janvier 2016

Rimbaud en chanson (2) Léo Ferré

Après sa "série" sur Aragon, Léo Ferré s'est attaqué à la mise en musique de Rimbaud en 1964.
Il avait d'abord abordé Verlaine, avec lequel il semblait nettement plus à l'aise.
Il aura en effet, réalisé 24 poèmes de ce dernier pour 13 de Rimbaud.
Le disque sortit en 1964.
Il s'est ensuite attelé à "Une saison en enfer" qu'il n’achèvera qu'en 1991.
En 1985, Ferré avait tenté un album entier sur Rimbaud avec Le sonnet du trou du cul, Voyelles, On n'est pas sérieux quand on a 17 ans et La Maline.
Ce projet ne se concrétisera qu'en concert, lors de tournée de 1986, "Léo Ferré chante les poètes".
Le matériel studio sera tout de même utilisé, mêlé à du Baudelaire, Appolinaire, Verlaine sur les disques "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans" (1986) et "Les vieux copains" (1990)

Un beau titre de l'album de 1964 : Les poètes de sept ans.


Et une étude à l'état de maquette, à la limite du juste, des Mains de Jeanne-Marie


Les références de cet article sont en grande partie tirées des notes de pochette du disque "Maudits soient-ils!" (la Mémoire et la Mer 10 016/17)

mercredi 18 novembre 2015

Rimbaud en chanson ( 1 ) : Sensation


Rimbaud, vieilli, à Harar (1883 ?)
Le jeune Arthur ne pouvait qu'attirer et fasciner moult  musiciens. Ferré, Montand, Morelli, Reggiani entre autres s'y sont frottés. Et on n'ose compter le nombre de rockers ayant emboîté le pas de Patti Smith.
Chacun, chacune, a son Rimbaud, archétype du jeune homme révolté, échevelé, transgresseur, sympathisant de la Commune.
Bien entendu, le commerçant africain préfigurant les apprentis businessmen qui allaient revendre des bagnoles plus ou moins pourries au sud du Sahara a beaucoup moins la faveur de la chanson, ne serait-ce que parce que le petit gars de Charleville-Mézières avait alors rompu avec l'écriture.
Il existe toutefois des chansons traitant de cette dernière période, on y reviendra...

Dans l'immédiat, on va se contenter de ressortir un classique, Sensation (paru en mars 1870 dans Le cahier de Douai), qui fut d'abord mis en musique par Félix Leclerc, puis repris, avec une autre mélodie, par Robert Charlebois en 1969.
Cette dernière version resta la plus populaire.
Elle est ici interprétée en duo dans une émission des Carpentier des années 70, en duo avec Jacques Higelin qui cabotine. Mais la beauté de ce texte...


Duo Higelin et Robert Charlebois par alainpau


Le poète par Hugo Pratt
Hugo Pratt a, pour sa part, pas mal cité Rimbaud.
Toutefois, il convient de rendre ici hommage à ses traducteurs.
Dans les Éthiopiques (forcément) la première page d'un Fortin en Dancalie cite Le Bateau ivre dans une planche hallucinée de chameaux, drapeaux, mitrailleuse, scorpion... lu par une baderne de l'armée britannique, traître à la cause irlandaise.
Dans les planches numéros 91 et 92 de Corto en Sibérie, on retrouve Sensation comme moyen d'évasion au cours d'une violente rencontre avec la Division Sauvage du baron Ungern-Sternberg.
Dans la version originale de la BD, le poème de ces deux pages ne sont pas de Rimbaud mais d' Eugenio Genero, poète vénitien et grand-père paternel de Pratt.
Fut-ce un coup de génie des traducteurs ou une idée de Pratt lui-même que d'aller remplacer son grand-père par Arthur Rimbaud pour la version française ? Nous n'avons pas la réponse à cette question.
Le même poème sera recyclé dans le médiocre dessin animé tiré de l’œuvre de Pratt, La cour secrète des arcanes (2002).

La première version mise en musique par Félix Leclerc

Félix Leclerc - Sensation par BnFCollection

Aux images nous sommes condamnés (pêché chez La crevaison !)