mardi 24 septembre 2024

Des ministères pour femmes

Qu’ont en commun les ministères de l’Education Nationale, de la Culture, de la Santé, de la Transition écologique (pour faire court) ? Dans le nouveau gouvernement, ils ont des femmes à leur tête. Est-ce leur seul point commun ? Cherchez un peu.

Alors ?

Non ?

C’est pourtant simple : ce sont des ministères QU’ON S’EN FOUT. Et comme on s’en fout des femmes mais qu’il en faut quand même pour la photo, on en met là, en les choisissant parmi celles qui s’en foutent qu’on s’en foute des femmes.




lundi 23 septembre 2024

Le Contrat, par Franz Franquin et André Kafka, épisode 37

Pour d’obscures raisons, ce fut à ce moment-là que Messerschmied en arriva à la conclusion que, si la signature du contrat faisait l’objet d’un atermoiement illimité, la faute en revenait forcément à Monsieur Witz. Il décida de ne plus avoir affaire à lui et réclama à traiter avec un autre interlocuteur. Chez Brunnen, on pensa apparemment qu’un dénommé Abakus pourrait faire l’affaire. C’était un petit homme à lunettes, dégarni, plus âgé que Monsieur Witz, au maintien rigide, à l’air sérieux, quoique peut-être un peu satisfait de sa personne. Toute fantaisie semblait lui être étrangère, et cela en tout cas était rassurant. Entre de telles mains, se disait Messerschmied, la signature du contrat était assurée. Le bureau de Monsieur Witz, où il était arrivé tant de déboires à Messerschmied, lui paraissait loin – de fait, il était à l’étage supérieur. Confortablement assis dans le bureau de Monsieur Abakus, Messerschmied se saisit du stylo que celui-ci lui tendait. Au moment de signer, il ressentit une douleur soudaine et inexplicable juste au sommet de son crâne.

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dimanche 22 septembre 2024

Abécédaire du dimanche (forestier)

Au bois charmant d’Ermenonville, forêt grande, haute, intéressante joliment, kalopanax, lataniers, micocouliers n’osent pousser. Que rouvres, saules, tilleuls… Un vallon wonderful : xylophiles yeuses, zelkovas…


samedi 21 septembre 2024

Souvenirs de mon père, 6

Puis ta mère en a eu assez et elle est venue reprendre « de force » ses deux enfants. Ce devait être vers la fin de 1932. Vous êtes retournés au 201, Rue de la Convention, dans le XVe (où tu étais né). Vous n’y êtes pas restés longtemps. C’était grand, le loyer était cher. Vous êtes partis et vous avez emménagé 5, rue Dombasle dans un deux pièces : vous dormiez tous les trois dans la même chambre.

Tu es rentré à l’école, pour la première fois vraiment, à ta demande, au début de 1933. C’était le deuxième trimestre. Tu avais huit ans. Tu te rappelles parfaitement n’avoir pas su lire.

Ta sœur a manqué un an d’école ou presque après son départ d’Arras. C’est Tonton Léon, votre oncle, qui a fait inscrire les enfants de sa sœur à l’école.

Tit Père, votre grand-père maternel, à cette époque, habitait avenue de Versailles. Il y est resté de 1931 à 1936. Avant, il habitait à Amiens, avec huit domestiques, dont l’intendante, qui était aussi la garde-malade de Tit Mé, et un valet de chambre qui s’appelait Gontran. Il n’est resté qu’un an, ce valet de chambre ; il était honteux de servir dans un milieu aussi ordinaire. Il s’en plaignait souvent à ta mère ; il trouvait que les manières de Tit Père n’étaient pas convenables. Tit Père était très familier. Même ton parrain, Odon Devaux, l’évêque d’Amiens, manquait de retenue : ils riaient aux éclats à table, tous les deux.

vendredi 20 septembre 2024

court toujours (280)

Les champignons, c’est comme les écrivains : beaucoup sont méconnus du grand public.



jeudi 19 septembre 2024

mercredi 18 septembre 2024

court toujours (278)

Regarde bien ; il suffit au lapin de tordre son initiale pour changer le chasseur en bûcheron : encore un sapin abattu !




mardi 17 septembre 2024

Relecture de Kafka : Naufrage de l’Obèse

Tout fut soudain la proie d’une vitesse folle et sombra dans l’infini. Entraînées dans une cascade, les eaux du fleuve parurent d’abord hésiter sur l’arête effritée avant de s’écrouler finalement en paquets et en fumées.

Force fut à l’Obèse d’interrompre son récit ! Il se retourna… et disparut dans le fracas de la cataracte.

Du rivage, je ne perdis rien de la fin de l’intermède. « Que peuvent nos poumons ? m’écriais-je. Respirent-ils vite, ils étouffent d’eux-mêmes dans leurs propres poisons ! Respirent-ils lentement, ils étouffent aussi sûrement dans l’atmosphère irrespirable des éléments en fureur ! Et s’ils tentent de trouver leur rythme propre, il leur faut périr de cette tentative ! »

Cependant, les rives du fleuve s’étiraient démesurément, et je pouvais, nonobstant, toucher du plat de la main la barre de fer d’un poteau indicateur, minuscule à distance – ce qui ne laissa pas de m’apparaître mystérieux ! N’étais-je point de petite taille en effet – et bien plus encore que d’habitude ? Un arbuste à baies blanches, furieusement secoué, ne dépassait-il pas ma hauteur, comme, l’instant d’avant, je l’avais remarqué au passage ?

Erreur ! Mes bras étaient en effet aussi longs, mais beaucoup plus agiles que les nuages de grande pluie. Pour quelle raison avaient-ils décidé d’aplatir ma pauvre tête ?

Celle-ci n’était pas plus grosse qu’un œuf de fourmi, mais quelque accident lui avait fait perdre de sa rondeur. Je la faisais tourner sur elle-même en suppliante, car mes yeux étaient si petits qu’on n’en pouvait voir l’expression.

Mes jambes, par contre, mes jambes impossibles s’étendaient sur les forêts des montagnes, dont elles ombrageaient vallées et villages. Elles grandissaient et grandissaient encore ! Déjà elles se dressaient dans l’espace infini, là où il n’est plus de paysage ; depuis longtemps leur longueur avait dépassé la portée de mes yeux !

Mais non, ce n’est pas ça… Je suis pour le moment un petit, un tout petit homme… Je roule…, je roule, avalanche dans la montagne ! De grâce, passants, ayez la bonté de me dire quelle est ma taille, il vous suffit de mesurer ces bras, ces jambes…, de grâce !



C’est donc un extrait de Description de combat, le premier récit connu de Kafka, traduit par Jean Carrive, que je viens de relire, dans la même édition que la première fois, en 1981 – c’était alors la première fois que je lisais Kafka. Un Kafka bien différent de celui de la Métamorphose ou du Procès, trouvera-t-on – mais Recherches d’un chien ou le Terrier sont bien différents encore. J’ai retrouvé une une brève annotation en fin de volume (c’est en Folio, avec la Muraille de Chine) dont je me souvenais : « une forme toute jean-paulienne ». Plus de quarante ans plus tard, je n’ai toujours pas lu Jean-Paul, qu’on connaît mal en France (on connaît toujours mal quelque chose quelque part). Je me souviens juste qu’à l’époque, je découvrais aussi (et avec émerveillement aussi) Aurélia, de Nerval, et que ce jeune Kafka ne me paraissait pas si éloigné de Nerval ; j’en étais surpris. La dimension onirique, qui a beaucoup compté pour moi, y était très forte aussi.

lundi 16 septembre 2024

Le Contrat, par Franz Franquin et André Kafka, épisode 36

La visite suivante de Messerschmied chez Brunnen se passa comme dans un rêve. Ou plutôt, elle se passa comme dans un conte de fées. Un conte de fées très connu, d’ailleurs : Dornröschen. Messerschmied entra dans le bâtiment, où il régnait un calme inhabituel. Il ne put pas prendre l’ascenseur, sans doute parce qu’il n’y a pas d’ascenseurs dans les contes de fées. Il fit donc son ascension par les escaliers, et son inquiétude montait les étages avec lui : angoisse, anxiété, panique, terreur… Enfin, au terme de cette ascension qui lui parut interminable, il parvint au bureau de Monsieur Witz. C’est là que Messerschmied se trouva dans l’incapacité de comprendre qu’il n’était pas le prince des contes : il tomba lui aussi, comme tous les employés de Brunnen, dans un profond sommeil.

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dimanche 15 septembre 2024

Abécédaire du dimanche (armé presque jusqu’aux dents)

Arsenal : bouclier, carquois d’excellentes flèches, glaive, hallebardes incendiaires, jambières, kalachnikov, lance-grenades, mitrailleuses, nautilus, obus perforants, quarante revolvers, soixante-trois uzi, vingt winchester. Xiphoïde yatagan ? Zéro.


(Abécédaires commissionnairemixologiquealphabébêtiqueabécédarophileconversationnelprésidentielonomatopéiquefaunophoniqueproverbialbibliomaniaqueaquoibonistemeurtriertouristiqueculinaireguerrierfloralzoologique.) 

samedi 14 septembre 2024

Souvenirs de mon père, 5

Si tu es arrivé là (à Arras, chez ta grand-mère paternelle), c’est qu’avec ta mère, tu vivais une vie de patachon (tu souris à ce souvenir). Le soir, elle t’emmenait au cinéma, au théâtre. A cinq ans, tu avais vu Cyrano, L’Aiglon. Tu avais trouvé ça passionnant !

Le jour de ton arrivée à Arras, Milou avait des petits sujets en chocolat, qui représentaient les animaux de la ferme. C’était joli, à tes yeux d’enfant. Les pattes étaient faites en allumettes recouvertes de chocolat. Elle te les a tout de suite montrés, elle a voulu t’en donner. Grand-Mère le lui a interdit. « On te les a donnés à toi, ils sont à toi ! Tu ne dois pas en donner à ton frère ! »

Ensuite ta sœur t’en a donné en cachette.

Quand elle parlait de toi à Tata (ta tante, qui vivait avec sa mère), Grand-Mère disait « Ton sale morpion ». Tu ne savais pas ce qu’était un morpion mais tu étais ulcéré de l’insulte devinée. (Tit Mé (ta grand-mère maternelle), elle, t’appelait son « Jésus ». Plus tard tu as cherché dans le dictionnaire la définition du mot « morpion ». Et tu l’aimais quand même. Il est probable que, à travers toi, c’était ta mère qu’elle visait. Grand-Mère détestait sa belle-fille. Pourtant c’était elle qui était allée la chercher pour la marier avec son fils.

Grand-Mère était une femme très active, très organisée. Elle était capable de beaucoup de mépris, mais elle n’hésitait pas à aller astiquer le parquet avec la bonne.

jeudi 12 septembre 2024

court toujours (276)

– La bêtise, qu’est-ce que c’est, au fond ?

N’attendre d’autrui que des propos intelligents, par exemple. Ou l’inverse.




mercredi 11 septembre 2024

Stach – Kafka : fin

Voilà : j’ai fini la lecture du troisième tome de la biographie de Kafka par Reiner Stach, qui est aussi la première, puisqu’elle correspond aux années de jeunesse. Elle s’arrête en 1911, et je suis bien content qu’il reste encore à Kafka quelques années à vivre ; la fin du tome II était vraiment dure. Je préfère garder l’image de Franz face à l’emplacement vide de la Joconde – Max et lui étaient à Paris au mois d’août – à regarder tous ces visiteurs du Louvre arrêtés face à un mur vide, d’où la Joconde a disparu, volée peut-être par Picasso, qui sait, histoire de faire vraiment de ce tableau davantage que ce qu’il n’est.

J’aurais pu faire la même chose avec bien d’autres passages de ce tome comme des deux précédents-suivants : il y a dans cette biographie de Kafka la tentation d’un autre auteur, Reiner Stach, de souligner quelque chose que j’écrivais aussi dans les Singes rouges : chaque page d’un livre est en même temps la page d’un autre livre.


mardi 10 septembre 2024

un enfant spirituel, encore que pauvre et empoté, de cet écrivain

C’était un livre (l’Éducation sentimentale de Flaubert), avoua plus tard Kafka, « dont j’ai été proche pendant bien des années comme de peut-être deux ou trois personnes ; chaque fois que je l’ai ouvert, peu importe où et quand, il m’a réveillé en sursaut et saisi tout entier, et je me suis toujours senti un enfant spirituel, encore que pauvre et empoté, de cet écrivain. »


C’est dans une lettre à Felice Bauer, citée par Reiner Stach dans Kafka tome 3, les années de jeunesse. Je continue ma lecture pour savoir comment faire quand on se sent l’enfant encore plus pauvre et plus empoté non seulement de l’auteur de l’Éducation sentimentale mais aussi de celui de Description d’un combat – seul texte que Kafka ait à peu près achevé à la page 532 de ce tome 3 de sa biographie, et qui se trouve aussi – par un hasard que j’aime – le premier récit de Kafka qu’un tout jeune lycéen a découvert, alors qu’il était encore en pleine Croissance. (La lecture de Kafka et celle de Flaubert m’ont été personnellement recommandées par mon cher professeur de français de 1ère, Danielle Auby.)



lundi 9 septembre 2024

Le Contrat, par Franz Franquin et André Kafka, épisode 35

On revit Messerschmied. Était-ce chez Brunnen ? Messerschmied pensait bien être chez Brunnen, ou tout du moins Messerschmied pensait bien s’être rendu chez Brunnen. Mais il n’y voyait rien. On n’y voyait rien. Messerschmied n’était plus sûr de rien. Était-ce bien Messerschmied, que l’on revit, peut-être chez Brunnen, en train de déchirer, dans sa rage de ne plus savoir où il était, en train de déchirer une liasse de papier dont nul n’aurait pu certifier qu’il s’agît bien du contrat, de quel contrat, d’ailleurs, comment savoir si c’était bien le contrat en question ?

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dimanche 8 septembre 2024

Abécédaire du dimanche (commissionnaire)

Acheter : biscottes, cacao, deux éclairs. Fruits : goyaves haïtiennes, icaques, jujubes, kiwis. Légumes : manioc, navets, oignons, panais. Quatre rognons. Six truites. Un vin (Wolfberger). Ximénia, yuzu (zest).


(Abécédaires mixologiquealphabébêtiqueabécédarophileconversationnelprésidentielonomatopéiquefaunophoniqueproverbialbibliomaniaqueaquoibonistemeurtriertouristiqueculinaireguerrierfloralzoologique.) 

samedi 7 septembre 2024

Souvenirs de mon père, 4

A Arras, on t’a mis un petit lit à côté du lit de Tata. Milou, elle, avait le sien à côté de celui de Grand-mère. Les chambres étaient au premier étage. Je m’étonne. La maison était très grande. Combien au juste pouvait-il y avoir de pièces ?

En effet, la maison d’Arras comportait un grand salon, un petit salon, une grande salle à manger, une petite salle à manger, une grande cuisine avec arrière-cuisine, une salle de lessivage, un jardin avec poulailler, une petite cour avec toilettes dans la cour. Au premier étage, il y avait trois chambres dont deux avec cabinet de toilette, une grande grande salle de bain, des WC, de grands placards. Au deuxième, il y avait quatre chambres dont deux avec cabinets de toilettes, des WC, deux grands placards. Au dessus, il y avait un grenier qui faisait toute la surface de la maison avec deux chambres dites « de bonnes ». Le toit du grenier était en partie vitré. En dessous de la partie vitrée, il y avait un grand carré entouré d’une balustrade avec des ferrures soutenant des grandes plaques de verre très épais, dit « verre cathédrale ». A chaque étage, il y avait un couloir circulaire qui encadrait un grand vide laissant passer la lumière du jour venant du grenier. Le hall était ainsi très bien éclairé. Il y avait une cave qui faisait toute la surface de la maison avec deux entrées différentes, plus une donnant directement dans la rue pour le passage des charbonniers. En plus, il existait une seconde cave en dessous de la première, accessible par un escalier. On appelait ce type de cave dans le nord une bove. La bove était plus petite que la cave mais il y avait une grande ouverture fermée par une grille. Derrière apparaissait un mur plus récent qui bouchait, paraît-il, un souterrain qui menait dans le sous-sol du beffroi de l’hôtel de ville.

Sans doute préféraient-elles que vous dormiez à côté d’elles.

mercredi 4 septembre 2024

Hemlock de Wittkop

J’ai aussi profité de l’été pour lire l’énorme, le monstrueux, le magnifique Hemlock de Gabrielle Wittkop, dont je n’avais encore jamais rien lu jusqu’à présent. J’avais l’impression de tenir dans les mains un chef-d’œuvre de l’art baroque, mais complètement contemporain.

Désirer la mort de celui qu’on aime parce que sa vie, à lui, n’est plus une vie, la désirer parce que c’est le seul moyen de continuer soi-même à vivre, et savoir à quel point on souffrira de cette perte irrémédiable et désirée, c’est ce que vit Hemlock, une femme de notre temps, qui est le protagoniste du roman éponyme, sans en être du tout le personnage principal. Car elles sont trois, trois à n’avoir pas seulement désiré la mort, mais à l’avoir donné, trois, l’amour en moins. Trois femmes dont les destins (vraiment) tragiques sont évoqués successivement, dans un ordre qui n’est pas seulement chronologique. La première est une célébrité : Béatrice Cenci – qui m’a notamment donné envie de relire les Cenci, ma lecture des Chroniques italiennes de Stendhal commence vraiment à dater. C’est comme un roman dans le roman, qu’enclenche la présence d’un tableau qui traverse tout le livre, Judith et Holopherne, comme de juste, devant lequel passe Hemlock puis, quatre siècles plus tôt, la petite Beatrice Cenci, au début de sa courte vie. Le même tableau, d’autres motifs récurrents pavent le chemin qui nous amène en France un siècle plus tard. J’avoue m’être tant attaché au sort tragique de Beatrice – évoqué sur plus de deux cents pages, je crois bien ; j’ai craint que la suite ne puisse tenir la note. Mais la Marie-Madeleine d’Aubray, future Marquise de Brinvilliers, dépeinte par Gabrielle Wittkop est tout simplement fascinante. Deux-cents pages encore, proprement hypnotiques, d’une extrême précision encore dans la documentation, où l’on suit cette femme que rien n’arrête – un gros vase quand elle est enfant, jusqu’au pire – écrites comme un poème, avec de multiples échos, aussi bien à l’intérieur de l’histoire de la Brinvilliers qu’avec Hemlock et ses souvenirs, laquelle revient régulièrement, avec des échos aussi aux deux autres : Beatrice Cenci et Mrs Fulham, dont le destin termine le livre dans une concurrence étonnante entre l’atroce et le dérisoire.

Un gros livre, sans doute (plus de six cents pages), mais surtout un grand livre, que Quidam éditeur a ressorti cette année dans sa collection de poche Les Nomades.