Au début j’ai cru que ce livre avec son titre pluriel était un recueil de nouvelles et je n’avais rien contre et puis je me suis
rendu compte que non et qu’au lieu de n’avoir rien contre j’avais tout pour. Car ces Complications
horlogères me font lire plusieurs réalités contradictoires sans qu’une
ait la primauté
sur l’autre et c’est quelque chose que j’aime comme une vérité
cachée. Par exemple Dora est la sœur morte de Martin le narrateur qui
l’aime d’un amour trop absolu et Dora est devenue la collègue
et l’amie de Martin le narrateur qui a fait sa connaissance quand il
lui a vendu son appartement puisque Martin est agent immobilier et
aurait bien une aventure avec Dora s’il n’était déjà mariée
avec Miranda. A moins que Martin n’exerce un tout autre métier, par
exemple représentant pour le compte d’un éditeur de carte de vœux. A
moins que Miranda ne soit depuis vingt ans que la collègue
de Martin qui n’est plus narrateur et que leur histoire d’amour
n’ait pas eu lieu ou pas encore, si j’en crois Sylvester John. Tout
dépend peut-être d’Andrew Owen – à moins que ce ne soit Owen
Andrews. On ne demandera pas à Nina Allan, puisque c’est Sylvester
John et non Lovecraft qui est l’auteur véritable de ces récits ; mais on
ne lui demandera pas non plus, à Sylvester
John : il est mort, comme Lovecraft, en plus d’être fictif, tout
comme Malcolm, son principal exégète ; à moins que la fiction ne soit
qu’un autre possible ? Après tout rien de
tout cela n’aurait été écrit sans le tourbillon de Breguet, l’homme
qui abolit la pesanteur et fait quand même partie de l’Histoire, au
moins celle du temps.
On pourrait croire que je vous en ai déjà trop dit en si peu de mots mais non, je ne crois pas, si je me fie à ce que je ressens
en écrivant ces quelques lignes : l’envie de relire ces Complications qui viennent de paraître aux éditions Tristram dans une traduction de Bernard Sigaud.
Commentaires
Quelle façon rafraîchissante de parler de l'attente d'un livre, de la lecture d'un livre, du mystère d'un livre...
Commentaire n°1
posté par
christiane
le 31/10/2013 à 11h04
Merci ; je me demande toujours comment donner envie de lire un livre
alors qu'en même temps je n'ai pas souvent l'envie ni le temps ni les
mots pour écrire une vraie critique qui serait forcément
assez longue - et du coup pas forcément lue.
Réponse de
PhA
le 31/10/2013 à 17h48
Vous avez raison. Il faut ouvrir le cercle fermé des auteurs et des
critiques littéraires qui finissent par être dépendants les uns des
autres.
Commentaire n°2
posté par
christiane
le 31/10/2013 à 17h50