Trencadis est un mot catalan qui désigne « un type de mosaïque à base d'éclats de céramique, typique de l'architecture moderniste catalane. (…) Les architectes catalans Antoni Gaudí et Josep Maria Jujol utilisèrent le trencadis dans de nombreux projets, dont le parc Güell est sans doute le plus célèbre » (oui, quand je ne connais pas quelque chose, je fais comme beaucoup de gens : je regarde Wikipédia). C’est là – dans le parc Güell – que Niki de Saint-Phalle retient ce mot que Caroline Deyns retient à son tour pour en faire le titre du roman qu’elle consacre à sa vie. Et ce titre de roman n’est pas simplement un titre de roman : c’est un titre d’œuvre plastique, évoquant le genre et la technique employée. Un titre programmatique. Autrement dit, bien sûr qu’on peut dire que Trencadis est indiscutablement un roman de Caroline Deyns sur la vie de Niki de Saint-Phalle mais, ce qui me touche particulièrement, c’est que c’est aussi un trencadis sur la vie de Niki de Saint-Phalle. Celle qui écrit a adapté sa façon d’écrire à son sujet, la vie de celle qui crée, qui érige, qui compose les œuvres que nous connaissons. C’est une écriture en mosaïque qui nous retrace, mais par fragments brisés, une vie, un destin de femme et d’artiste, en multipliant les points de vue, en convoquant aussi bien des témoignages directs que des fictions révélatrices, et nous donne ce roman émouvant et beau qui vient tout juste de paraître chez Quidam.