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vendredi 22 mars 2019

Mado

Il ne faut pas se fier au nom de l'auteur : Marc Villemain est une jeune fille amoureuse. J'ai lu Mado, ce très beau roman sur la découverte des sentiments et des sens, et c'est comme ça que je le ressens. (La découverte des sentiments et des sens : la découverte de soi-même.)

dimanche 14 avril 2013

un vieux c’est la mort


Toujours est-il que, à les entendre, un vieux, c’était d’abord un papi ou une mamie. Son identité, qu’ils appelaient ça. Jusque là tout va bien : des siècles et des siècles que ça contentait tout le monde aux quatre coins de la planète. Mais soudainement ça a déplu à nos sommités. Qui se sont mises à expliquer qu’un papi ou une mamie, pour un gosse, ça avait tout d’une tragédie, rapport que ça tourmentait les générations et qu’on ne devait pas laisser un gamin faire gouzi-gouzi avec un ancêtre. Que c’était de mauvaise influence et qu’on ne pouvait pas faire un grand d’un petit s’il s’attachait à des vétérans tout ridés. Que le pays avait bien à perdre à regarder le passé. En un mot comme en cent, ce qui était beau était devant, pas derrière. A la fin de l’envoi, en vérité, ce qu’ils disaient, c’est qu’un vieux c’est la mort, et que la chose ne se montre point à un mioche. Qu’il vaut mieux lui faire des menteries dès le début de la vie et jouer à cache-cache avec ce qui nous attend tous, et eux avec.
 
Marc Villemain,  Ils marchent le regard fier, éditions du Sonneur, 2013, p. 28-29.
http://www.editionsdusonneur.com/wp-content/uploads/2013/03/220_____Couv-Ils-marchent-le-regard-fier1re_103.jpg

 

Commentaires

C'est un livre que je lirai.
J'avais lu le précédent, de Marc Villemain, "Et que morts s'ensuivent".
Commentaire n°1 posté par Michèle P le 14/04/2013 à 18h53
Et il y en a eu un autre entre les deux, sur un autre ton, drôle et grinçant : le Pourceau, le diable et la putain.
Réponse de PhA le 14/04/2013 à 21h32
Ah oui c'est vrai, comme je ne l'ai pas lu j'avais oublié mais je sentais bien que quelque chose n'allait pas. J'ai eu la flemme de vérifier :)
Commentaire n°2 posté par Michèle P le 14/04/2013 à 22h49
Il vaut le coup aussi.
Réponse de PhA le 14/04/2013 à 22h56
L'extrait proposé donne l'impression d'une sorte de littérature landaise, montée sur des échasses. Il est aussi possible que je sois victime d'un effet d'optique : le hublot ferait loupe et agrandirait l'écriture du berger ? 
Commentaire n°3 posté par David Marsac le 15/04/2013 à 02h55
Un des 2 livres les plus bouleversants lus cette annee.
Commentaire n°4 posté par chris le 14/12/2013 à 04h01
Oui, et juste en poussant à peine le réel.
Réponse de PhA le 16/12/2013 à 20h59
Oh!Oui, helas et c'est bien la raison d'un si intense bouleversement: un vrai ko-chaos.
Il faut beaucoup, beaucoup de temps avant de pouvoir s'en relever pour continuer.
Au-dela du talent.
Commentaire n°5 posté par chris le 03/01/2014 à 07h47
Et il vaut mieux se relever sans sa canne-épée.
Réponse de PhA le 04/01/2014 à 19h13

dimanche 8 mai 2011

Je comprends mieux pourquoi je suis gentil.

http://www.quidamediteur.com/imagenes/portadas/LePourceauG.jpg 
Quoi qu’il y paraisse, les exigences éthiques propres à l’existence du misanthrope de haut niveau m’ont bien des fois semblé insurmontables – après coup, c’est d’ailleurs la seule excuse que mes vieux jours magnanimes pourraient trouver à l’existence profondément débile de mon pourceau de fils. Plus jeune, donc, je confesse avoir songé à rendre les armes, en vue de ne plus présenter au monde que la figure béate, humaniste, et pour tout dire spontanément crétine, dont, au même titre que quiconque, la nature m’a affublé. J’aurais été un imbécile heureux parmi d’autres, et il m’arrivait de jouir par anticipation de cette perspective, tant la solitude inhérente au métier de misanthrope exige de lui persévérance, abnégation et moralité. Je le dis par souci d’honnêteté et parce que je ne souhaite en aucun cas passer pour un prosélyte inconséquent : le misanthropisme est ingrat. Que ceux qui voudraient en adopter les préceptes soient donc informés de ce qui les attend.
 
 
Villemain sort le vilain qu’il cache en lui. Qu’est-ce qu’on l'aime, Papy Léandre !



Commentaires

Ce Villemain a un faux air de Depluloin (c'est même stupéfiant dans ce passage). A moins que ce soit l'inverse ?
Commentaire n°1 posté par Souricette le 09/05/2011 à 20h18
Oui, c'est à se demander lequel est le plus vilain.
Réponse de PhA le 09/05/2011 à 20h30
Je me suis souvent demandée à quoi ressemblait un misanthrope coupé en deux.
Commentaire n°2 posté par Moons le 09/05/2011 à 22h49
A Médard de Terralba ?
Réponse de PhA le 10/05/2011 à 13h46
Coïncidence : évoquant l'avilissement par la vieillesse, j'avais écrit, en début d'après-midi, ceci : 
...Quand, lasse de guerroyer envers et contre tout, vous décidez qu'il est temps de faire cesser le feu des combats qui vous brûle et que vous témoignez d'une bonté peut-être intolérable.....
Je ne sais pas s'il y a un quelconque rapport avec le livre, je le saurai plus tard.
Commentaire n°3 posté par Anonyme le 12/12/2012 à 21h3