J’ai pris mon temps à lire le sens du
calendrier. C’est le nouveau livre de Nathalie Léger-Cresson,
il vient de paraître aux éditions Des Femmes Antoinette Fouque ;
il y en a comme ça quelques-uns, des livres qui choisissent un drôle
de moment pour paraître. Celui-ci a pourtant le sens du temps, le
sens du calendrier, le temps y est matière, matière à se refaire
soi-même. Car le sens du calendrier est un livre d’amour, et
l’amour a à voir avec le temps. La durée d’une vie en couple,
vingt ans. Combien de temps pour que la plaie se referme, après la
déchirure qui y met un terme ? Le sens du calendrier y
répond, en douceur. Car c’est un livre très doux. Une
conversation (avec parfois même une très jolie sous-conversation –
je sais, je donne à ce mot un sens un peu différent de celui de
Sarraute, pas grave). Tiens, je l’ouvre au hasard :
À force de regarder les toits sans toi, on
voit glisser une tête de monstre de l’autre côté d’un faîte,
des mains sortir d’un conduit de cheminée en terre cuite – là
justement, elles s’agitent.
J’ai froid.
C’est le défaut du hamac, dès qu’il fait
frisquet tu dois t’emmitoufler parce que le froid s’insinue par
tous les côtés.
Il faut du bois pour la cheminée.
Au Mexique, une seule fois en quatre ans j’ai
eu froid. Parce que j’avais de la fièvre, la dengue. Un
plaisir d’avoir froid, un luxe de sortir un pull de l’armoire.
Toutes les nuits le ventilateur de plafond tournait au-dessus du lit,
sauf en février où il fallait déplier une légère couverture
multicolore et fermer la fenêtre.
J’aimais voir les fleurs rouges du
bougainvillier dans la nuit noire, éclairées par les lumières de
la chambre.
Des années comme ça.