Un
recueil de nouvelles d’Emmanuelle Pagano aperçu l’autre jour me
rappelle qu’entre deux paquets de copies j’avais griffonné
ceci sur l’un de ses précédents romans, c’était encore une fois peu
de temps avant l’ouverture de ces Hublots. Et c’était bien. (Le livre,
hein ; parce que pour le billet déjà le temps
manquait aux mots.)
Sa façon de ne pas dire
N’ayant pas lu les Adolescents troglodytes ni ses romans précédents, c’est avec les Mains
gamines que je découvre l’univers et l’écriture d’Emmanuelle
Pagano. Un sujet fort (il est bon peut-être de préciser qu’à mes yeux,
ce pourrait facilement être une réserve) heureusement
servi par une écriture authentique. Un traumatisme, comme on dit.
Victime et bourreaux sont des enfants, de la même classe, CM2. Une année
entière, peut-être ; plusieurs mois en tout cas, ça
a duré. Etaient des enfants, plutôt, les bourreaux ; aujourd’hui ce
sont des hommes faits, car cela appartient au passé. Au passé, mais
toujours présent dans la mémoire collective. Le roman
compte quatre parties, on change de narrateur – de narratrice – à
chacune. Ce sont des proches des bourreaux, proches d’une manière ou
d’une autre, qui parlent. Mais de tous les âges. Qui savent,
sans savoir, comme on sait de l’extérieur ; qui n’en sont pas moins
habitées, rongées. La victime est là aussi, présente, omniprésente et
pourtant si discrète, « aux petits soins »
même, mais opaque, ou presque – j’aime cette façon de
traiter ce personnage. J’aime aussi le suspens du récit, dans le temps,
un temps d’automne (Emmanuelle Pagano ancre son récit dans
un terroir, dans un tissu social où les plus riches le sont grâce à
la vigne, tandis que d’autres vivent des châtaignes). Et sa façon de ne
pas dire.
2008
Emmanuelle Pagano vient de faire paraître Un
Renard à mains nues, toujours aux éditions POL.
Commentaires
Oui, c'est un très bon texte.
Commentaire n°1
posté par
Anna de Sandre
le 27/05/2012 à 19h01
Nous sommes d'accord.
Réponse de
PhA
le 28/05/2012 à 20h44